[Rétro] OutKast – Stankonia

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Sur Aquemini, entre la deuxième et la troisième piste, on pouvait entendre une interlude durant laquelle un individu se plaignait des changements opérés par OutKast à chaque album. Alors que ce troisième disque venait de sortir, il s’indignait qu’André 3000 et Big Boi étaient passés du statut de pimps, à celui d’ATLiens et suggérait qu’ils parleraient ensuite d’un « espace noir vertueux », afin de mieux souligner leurs diverses mutations. Ainsi, il est aisé d’imaginer la réaction de cette même personne après l’écoute de Stankonia, quatrième album qui, par l’influence d’une multitude de genres, tentait des expérimentations encore plus poussées.

En effet, le duo touchait à tout sur cet album. Après une introduction aérienne, on retrouvait du rock sur Gasoline Dreams, des inspirations funk et soul sur l’incroyable So Fresh So Clean ou le grandiose Ms. Jackson, puis des sonorités drum’n’bass sur l’explosif B.O.B. Alors que certains titres comme Spaghetti Junction ou We Luv Deez Hoez nous rappelaient des sentiers familiers, d’autres morceaux s’inspiraient de courants musicaux sans toutefois s’inscrire dans un créneau précis. Ainsi, on retrouvait sur le violent Snappin’ & Trappin’ un couplet ragga mais l’instrumentale n’appartenait à aucun genre connu. Humble & Mumble commençait avec un beat up-tempo minimaliste qui lorgnait vers la salsa mais terminait sur une instrumentale ponctuée de scratch qui se rapprochait plus du rap. Il en était de même de cet indescriptible Stanklove et des autres titres qui formaient ainsi un ensemble très dense, un puzzle d’influences et d’expérimentations.

« That music was starting to sound real comfortable. There wasn’t any adventure to it » ¹

Stankonia était le nom du studio que venait d’acheter le duo une année auparavant, studio qui appartenait à l’époque à Bobby Brown. Place sentimentale, c’est ici qu’ils avaient enregistré leurs premiers essais sur une instrumentales des TLC, en 1992. Huit ans plus tard, fatigués par la monotonie du rap de l’époque, André et Big Boi avaient alors arrêté d’en écouter lors de la conception de Stankonia. Libéré des contraintes temporelles liées à l’utilisation d’un studio privé, OutKast pouvait ainsi expérimenter et s’écarter des sentiers classiques du rap mais également des paroles démagogues du Dirty South. Car, en effet, Stankonia n’innovait pas que par son audace musicale mais également car il touchait une multitude de sujets. Sur Gasoline Dreams, le ton était conscient tandis que, sur Ms. Jackson, le duo revenait sur leur mariage raté en s’adressant à leur belle-mère. De la fausse galanterie de I’ll Call Before I Come au discours encourageant du très beau Humble Mumble, le duo touchait à divers sujets, souvent à vocation sociale, mais avec le décalage suffisant pour ne pas être ennuyeux.

Quinze ans, deux Grammys Awards et des millions d’exemplaires vendus plus tard, Stankonia continue de vivre. C’est en tout cas ce qu’on ressent à l’écoute de To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar. Comme OutKast, Kendrick puise dans des influences diverses en créant un album dense, à vocation sociale et à contre courant du rap d’aujourd’hui. Au delà de sa perfection, Stankonia montre également l’audace d’un groupe et d’un album qui ont traversé le temps.

¹: André 3000 dans un entretien avec Tom Moon: http://goo.gl/v2ayw8

Par Dimitri. 

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[Rétro] OutKast – Southernplayalisticadillacmuzik

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OutKast a définitivement joué un rôle prédominant dans l’explosion du Dirty South, notamment avec cet album au nom interminable. Avant eux, et la Dugeon Family dont ils faisaient partie, le Sud ne s’était pas vraiment affranchi des deux grandes scènes majeures de l’époque, New York et Los Angeles, du moins à un large niveau. Les Geto Boys, par exemple, n’avaient pas un son sensiblement différent de celui de la Grosse Pomme, et furent, un temps, sous la tutelle de Rick Rubin. Eightball & MJG, des pionniers eux aussi, n’ont jamais bénéficié du même succès qu’OutKast pour que leur univers explose vraiment auprès du grand public. Southernplayalisticadillacmuzik marquait, pourtant, un premier pas d’émancipation de par son titre, résolument régional, ses paroles et son univers sonore. De plus, c’était pour cet album que Big Boi et Andre 3000 se virent attribuer la récompense du « Best New Artist (Group) », durant les Source Awards de 1995. Symbole d’affranchissement, sous les railleries d’un public provenant majoritairement des Côtes Est et Ouest, Andre 3000 déclara ce soir-là: « the south got something to say ».

Avant d’être de véritables a(t)liens à la musique et au style excentrique, Big Boi et Andre 3000 se considéraient comme de vrais gangsters. Même s’ils ne l’étaient pas, et ils nous prouveraient en abandonnant cette posture par après, c’est ce qu’ils nous faisaient croire sur cet album, notamment lors de cet excellent Ain’t No Thang. Ainsi, ils se comportaient comme de vrais pimps, dont ils perpétuaient la thématique et l’imagerie. Par la suite, ce sujet deviendra une tradition dans le Dirty South, Eightball & MJG ayant également fait du proxénétisme leur fond de commerce. Cadillads, blunts (Hootie Hoo) et l’attitude du player étaient glorifiés par le duo d’Atlanta. Pourtant, cela ne les empêchait pas d’être moralisateur, en compagnie de leurs compères Goodie Mob, le temps d’un Git Up, Git Out qui conseillait aux jeunes d’emprunter une alternative à la vie de défonce.

En écho à cette thématique, le trio Organized Noize, membre également de la Dugeon Family, qui produisait l’entier de l’album, créait une atmosphère festive (Player’s Ball ou le morceau éponyme), flamboyante et décontractée (Funky Ride, Crumblin’ Erb). D’ailleurs, c’était au niveau du son que s’effectuait l’émancipation principale, par rapport aux deux scènes majeures de l’époque. En effet, Organized Noize apportait une empreinte très soul/funk, organique par certains samples issus même du rock (Peaches (Intro)Hootie Hoo), qui, par la suite, a défini une partie du son sudiste. Des chants suaves étaient omniprésents, sur la quasi totalité des titres, ils  poussaient encore plus loin cette atmosphère détendue et festive constituant la réelle force de cet album.

En 2014, à l’occasion des 20 ans de Southernplayalisticadillacmuzik, Big Boi et Andre 3000 se sont reformés pour une tournée mondiale événement. Ô combien influent, ce disque aura introduit un des plus grands duos, couronné de succès critiques et commerciaux, mais également tout une scène. Malgré un D.E.E.P. un peu faiblard, ce disque, impeccablement produit et rappé, mérite amplement d’être célébré, une vingtaine d’années plus tard, par plus de 40 dates.

Par Dimitri.

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[Chronique] Killer Mike & El-P – Run The Jewels

Run The Jewels

Run The Jewels, tel est le nom qu’ont adopté Killer Mike et El-P pour leur groupe et projet, reprenant ainsi une expression utilisée par LL Cool J dans Cheesy Rat Blues et qui démontre leur volonté de dominer le monde du hip-hop. Si les deux compères ont bâti leur notoriété respectivement derrière un micro et à la production, ils apparaissent ensemble sur chacun des morceaux de ce projet, scellant par la même occasion leur collaboration de longue date, caractérisée par le génial R.A.P. Music paru l’année dernière, où El-P avait produit de main de maître les tracks que Killer Mike s’était chargé de démolir à coup de lyrics profondes et d’un flow tranchant.

Si le titre du projet peut ironiquement rappeler un certain Watch The Throne, la collaboration de Killer Mike et El-P au micro n’a rien à voir avec une réunion de milliardaires à l’ego surdimensionné vantant leur richesse et leur bien-vivre. Les deux amis nourrissent également l’ambition de dominer le rap game, à juste titre, mais le font sans aucune prétention comme l’attestent la gratuité du projet et la compétition amicale que se livrent Mike et Jaime sur chaque morceau. Tant mieux, dirons-nous, étant donné la qualité de la musique proposée.

En effet, s’il a affirmé avoir crée le projet pour le plaisir retiré de la collaboration, notre supergroupe n’a pas fait les choses à moitié. Derrière les productions de cet opus se cache un El-P fidèle à lui-même et au style qu’il a développé de Fantastic Damage à Cancer 4 Cure. Des productions agressives, caractérisées par des basses violentes déjà entendues sur R.A.P. Music, des drums bien présents et surtout des éléments retirés de divers monde musicaux, notamment le rock ou l’electro, avec des bruits digitaux sortis directement de l’espace (36 » Chain, Sea Legs) ou des mélodies marquées par un clavier en fond (Get It), voire carrément de somptueux riffs de guitare sur A Christmas Fucking Miracle. Le génie d’El-Producto n’a pas de limites et il rappelle à ceux qui l’avait oublié que Mr. West n’a rien inventé avec son Yeezus. Alors que ce dernier se fait encenser par toutes les critiques pour son avant-gardisme, le CEO de Definitive Jux préfère, quant à lui, répondre par un projet gratuit où il fait étalage de ses talents et reprend son dû, à l’image de cette pochette illustrant une main tendue cherchant à récupérer sa chaine en or. Rendons à Jaime ce qui est à Jaime.

Contrairement à R.A.P. Music, Killer Mike n’est pas seul au micro, El-P se joignant à lui et le complétant à merveille. Si la différence de niveau entre les deux est bien entendu perceptible, le rappeur d’Atlanta n’ayant rien perdu de sa verve et de son flow énervé qui rappelle un boxeur faisant pleuvoir les coups sur son ennemi, notre producteur de profession n’a pas à rougir. Son flow décalé, sans prise de tête, directement inspiré du style de ses productions, colle parfaitement à sa musique et se marie remarquablement avec celui de son compère. De plus, pour mieux correspondre à leur idée de collaboration fun et simple, le duo a abandonné ses convictions et ses paroles engagées caractéristiques du magnifique Reagan, par exemple, pour mieux manier l’humour noir et certaines métaphores rappelant parfois des battles comme sur Banana Clipper où les deux MC’s posent tour à tour leurs couplets, faisant oublier celui du pauvre Big Boi qui conclut le morceau. Eclipser Big Boi sur un morceau, gage de qualité? Certainement. Twin Hype Back est un autre bon exemple de cette complémentarité sans prise de tête qui a construit la qualité du projet, les deux amis rimant à propos de drogues et de sexe avec humour et violence :

[Killer Mike]
This is dope as that hard white you stuff in a crack pipe
A hit of this, a kid with Tourette’s will chill out and act right
I’m fat but I dress nice and bitches finesse Mike
They suck the dick and squeeze on my belly like bagpipes

[El-P]
I slap and I suck clits, I fuck in my church shoes
Humblest guy in the room and I am in the room too (get it?)
I’ll bend you over on the roof while whistling Audio Two
They say that once a girl go Brooklyn no more soft dick’ll do

Si Jay-Z et Kanye West contemplent leur trône et leurs millions, acquis grâce à leurs anciens classiques, et se permettent désormais tout et n’importe quoi, Killer Mike et El-P travaillent dans l’ombre, à l’abri de toute crise d’ego, et excellent dans leur domaine respectif. Ainsi, notre duo met, pour une deuxième année consécutive, la barre très très haut pour la concurrence au titre d’album de l’année; concurrence emmenée par…Jay-Z et Kanye en personne. Tout ça avec un projet gratuit de 33 minutes construit pour le fun. La classe.

17/20

Par Patrik

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[Rétro] OutKast – Speakerboxxx/The Love Below

Speakerboxxx/The Love Below. Il s’agit non seulement de l’intitulé d’un album aussi compliqué qu’énigmatique. Mais cet album a eu le privilège d’avoir été couronné l’album de l’année 2004 (sorti en fin d’année 2003) aux Grammy Awards. Simple consécration? Non, car nous parlons du premier album rap à avoir reçu cet honneur dans tous les genres de musiques confondus et existants sur cette terre! Mais ce n’est pas tout car OutKast a aussi révolutionné le monde Hip-Hop avec cet album comme lorsque Quentin Tarantino a bouleversé le monde cinématographique avec Pulp Fiction. En effet, il s’agit d’un album scindé en deux parties, en deux mondes différents ou en deux genres musicaux distincts. La première partie se nomme Speakerboxxx et elle comporte la prestation solo de Big Boi. Alors que la deuxième est connue sous le nom de The Love Below et contient l’autre moitié du groupe agissant aussi en solo ; Andre 3000.

Alors que des rumeurs de séparation du groupe étaient divulguées avant la réalisation de ce projet, le sujet créait encore plus de polémiques lorsque le concept de l’album fut divulgué. Pour un groupe aussi réputé par son délire musical et pour sa capacité à s’être émergé d’une vague hip-hop devenu trop monotone pendant cette période-là, personne n’osait espérait une scission du groupe. Alors coup de marketing ou pas, l’idée d’avoir démembré le groupe pour ce projet mi-solo/mi-collectif allait s’avérer être une grande réussite. Oui car même si les critiques s’amplifiaient avant même la sortie de l’album, les ATLiens semblaient être plus que sûrs de ce qu’ils faisaient. On parle quand même d’un groupe ayant déjà sorti quatre albums auparavant qui ont tous été AU MOINS disque platinum (Stankonia a été 4 fois platinum) ! On parle d’un duo sublime qui a réussi à se créer un univers unique et original autour d’eux! On parle du groupe OutKast qui avait quand même sorti jusque-là Players Ball, ATLiens, So Fresh, So Clean, The Whole World et, bien évidemment, l’inévitable Ms. Jackson.

Mais alors pourquoi partir sur l’idée de ce projet qui risquait d’être la catacombe susceptible de ruiner la carrière des deux sudistes ? Parce que tout simplement OutKast aspire à cette excentricité dès la fondation du groupe. ‘Dre et ‘Drew cherchaient à ce moment-là une nouvelle façon de se distinguer de ses concurrents, scrutant une nouvelle sorte d’expérimentation musicale qui bouillonnait au cœur du groupe mais qui n’avait jamais été exploré auparavant. Mais en 2003, ce fût l’année de l’éruption du volcan d’Aquemini.

Dix années plus tard, le résultat est frappant : l’album est certifié diamond (11x platinum) qui équivaut à un chiffre impressionnant de onze millions de copies vendues! En plus de cela, le groupe a été nominé à six reprises aux Grammy Awards et a glané 3 trophées (Album de l’année, Album rap de l’année et meilleure performance en direct). Pour conclure les honneurs, le magazine Complex a récemment nommé l’album comme étant l’un des 25 meilleurs classiques de la dernière décennie.

Assez parlé de chiffres, explorons maintenant les diverses facettes surprenantes que nous cache ce bijou. Commençons par la première partie, autrement dit l’album de Big Boi :

Speakerboxxx

Les deux parties ont clairement leur propre atmosphère, leur propre style, leurs propres collaborations et leurs propres façons indépendantes de montrer la réelle face de chaque personnage du groupe. Pour cela, ils ont décidé d’effectuer une introduction pour chaque disque afin d’illustrer et de présenter dans quel monde nous sommes atterris. Alors voici l’introduction du monde Speakerboxx qui a plutôt l’air de plus s’apparenter à l’univers d’OutKast :

On reconnaît l’empreinte OutKast dans le défilement de quelques morceaux comme Unhappy, Bowtie, The Rooster ou encore Church – Main. Des choeurs, des hooks, des instrumentaux un peu funky mais aussi du bon rap avec un flow et une voix grave qui collent parfaitement aux beats. Ces beats sont soit produits par Big Boi lui-même soit par Mr. DJ ou par son compère Andre 3000. Andrew Patton peut aussi jouer les séducteurs et frôler l’orgasme de mesdames avec le sensuel et délicieux The Way You Move qui a fait un carton comme single. Le refrain de Sleepy Brown est autant maitrisé que le flow fignolé du rappeur. Attention moins de 18 ans s’abstenir :

Now that’s for anyone asking, give me one pass ’em
Drip drip drop, there goes an eargasm
Now you cumming out the side of your face

Ce qu’on retrouve dans cette première partie du projet, c’est la vibe funky rap d’un rappeur machiste alignant couplet par couplet d’une voix sombre et virulente qui pourrait faire la fierté de chaque maquereau qui écouteraient cet opus. Mais attention, ce climat viril est plus calculé qu’autre chose car il est le parfait antipode de son autre moitié ; Andre 3000 que l’on verra plus tard dans la seconde partie. En parlant de couplets virils, en voici un qui vaut la peine sur le morceau Bust. C’est celui de l’affilié de longue date du groupe : Killer Mike, qui, sous une pluie de coup de boutoirs électriques, il enchaîne rimes sur rimes et rien ne l’arrête dans son verset. Ensuite, nous retrouvons une des chansons les plus complètes lyricalement ; War. Avec deux mélodies différentes, la première assez calme se retrouve au début de la piste où survient tout d’un coup une explosion qui va faire détonner le rythme du morceau sous une mélodie plus impulsive. Big Boi profite pour laisser échapper tout ce qui lui démangeait jusque-là : il vise Bush (président des Etats-Unis à ce moment-là), le gouvernement et ses méthodes corrompues. L’analyse de cette première moitié se conclut avec des morceaux plus « boom-bap » comme Flip Flop Rock. Jigga et Killer Mike sont de la partie et livrent une performance plus que réussie sous une instru sinistre accompagnée de magnifiques boucles de piano, de bruits de graffitis et de scratchs. Reset et Last Call sont également des sons indispensables pour une écoute saine.

Passons à la deuxième partie :

The Love Below

Je vous propose d’écouter directement l’introduction de The Love Below afin de vous plonger directement dans ce monde fantasque et rêveur :

Surpris ? Vous pouvez l’être. Car la suite de ce deuxième volet vire totalement dans cette ambiance jazzy qu’on pourrait qualifier de « stretching » après l’effort fourni lors de l’écoute sportive de Speakerboxxx. Mais il ne faut à aucun moment tomber dans les préjugés du R’n’B de première zone et de ses refrains à gogo. Ici, 3 Stacks a voulu s’éloigner d’un monde plutôt rempli de grosses brutes (le rap/Speakerboxxx) en dégageant des sons plutôt relaxants et charnels. C’est un tout autre personnage qui chante dans la plupart des morceaux présents ici. Un alter-égo de 3000 connu sous le nom de Cupid Valentino dans le morceau romantique Happy Valentine’s Day :

My name is Cupid Valentino, the modern day Cupid
And I just want to say one thing : Happy Valentine’s Day
Every day the 14th!
I don’t think y’all heard me!

Maintenant que le concept de The Love Below a été compris, rentrant dans le vif du sujet. Ce deuxième album retrace l’histoire de deux jeunes amoureux qui passent par toutes les étapes d’un couple : le flirt dans Love Hater, la séduction dans Happy Valentine’s Day, les premières relations dans Spread, la confession dans She Lives In My Laps et la possible séparation dans l’illustre et inoubliable Hey Ya!. Vous l’avez compris, il s’agit d’une chronologie d’événements qui retracent une histoire d’amour entre les deux amants où les prestations au chant de Andre 3000 sont à saluer. Des moments humoristiques sont également au rendez-vous avec Where Are My Panties? qui est en fait la suite de Spread où les deux amoureux se réveillent le lendemain après une nuit torride et se posent des questions sur la suite des événements :

La fille:

What time is it? 7:48! Where, where are my where, where, where are my panties?
Oh my god where are my panties?
Damn where,
I don’t,
He gon think I’m a ho.
Fuck that I liked it,
I was drunk and it was my birthday anyway.
Maybe I should just lay here and let him touch my booty.
Mmmmm but he dont even know my name.

Cupid Valentino:

I know she think that I just think she some kind of ho,
I don’t give a shit bout give in it up on the first night,
That just lettin’ me know.
She know what she want outta life.
What a hell a way to god damn wake up,
Oh that shit was good oh maybe.
She’d get me some breakfast she so goddamn sweet, sweet as she wanna be,
Oh I just oh I wanna lay in her hair.
You can’t fall for it, don’t fall for it Ice Cold (ice cold)!
Maybe I just roll over and lay on her booty yeah!
Nah no no no,
Just lay and be cool be cool (ice cold)!
But what if she,
What if she, what if she, what if she’s the one…

Tout comme Speakerboxxx, ce deuxième projet regorge d’une multitude de morceaux élégants. Je cite les She’s Alive, Dracula’s Wedding, Take Off Your Control et Roses. Ce dernier titre est plus qu’envoutant car Andre 3000 s’emporte dans son monde antiRAP mais Big Boi se retrouve en feat lors du troisième couplet en rappant. Ce qui nous amène directement à une confrontation avec un monde partagé entre machistes et gentlemans que nous retrouvons tout au long de ce double album. Mais ce n’est pas tout, car le thème de la chanson raconte l’histoire de Caroline une fille se sentant supérieure aux autres grâce à son sex-appeal plutôt attirant mais la beauté ne fait pas tout. Là où veut en venir Dre, c’est que les roses ne sentent pas nécessairement bon. Ici, Caroline est comparée donc à une rose:

I know you’d like to thank your shit don’t stank
But lean a little bit closer
See that roses really smell like ooo-ooo-oooo
Yeah, roses really smell like ooo-ooo-oooo

L’analyse de ce double-album étant fini, une seule question se pose… Lequel des deux acolytes était sorti gagnant de cette « bataille » ? Ou est-ce que cette « bataille » existait-elle vraiment ? Si c’était le cas, bien que l’opus de Big Boi s’approche plus du style d’OutKast, c’est bel est bien The Love Below qui avait étonné le plus de personnes en ce début du 21ème siècle, mais en bien. Même pour les non-amateurs de chants, cette expérience musicale peut vous convaincre autant au niveau des productions (toutes produites par ‘Dre) que des paroles. La cerise sur le gâteau étant cette storyline retracée tout au long de la mélodie jazzy du deuxième opus. Andre 3000 a parcouru ici un univers qui lui était inconnu jusque-là. Mais il a fait preuve d’une grande maturité et de maîtrise lorsque l’on commence à s’acclimater dans un genre musical différent. Le moment de perfection est atteint dans My Favorite Things. Morceau sans paroles contrôlé au 808 par Stacks qui mérite de susciter une grande attention tant par sa vibe que par la multitude d’instruments utilisés. Cependant, la première partie de cet album frise également la perfection même si elle ne comporte pas ce côté fantastique que Andre 3000 avait apporté. Speakerboxxx/The Love Below a été une grande révélation dans le monde rap en 2003 et les deux compères ont créé pendant cette période-là un album qui est désormais catalogué comme un classique par une armada de chroniqueurs…

Ma Note: 18/20

par Kevin

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[Chronique] Big Boi – Vicious Lies and Dangerous Rumors

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« Heeeey ya ». Voilà l’air, connu de tous, qui nous vient à l’esprit lorsque l’on évoque Big Boi, l’acolyte d’ André 3000 dans le groupe Outkast. Mais, après tout, la musique de Big Boi ne peut se résumer à Outkast, car le rappeur d’Atlanta sait aussi faire de la musique seul. Après un premier opus solo sorti en 2010 et intitulé Sir Lucious Left Foot: The Son of Chico Dusty, Big Boi revient sur le devant de la scène avec son nouvel album, Vicious Lies and Dangerous Rumors.

L’album commence avec une introduction toute en douceur, suivie de la première song, The Thickets, en featuring avec Sleepy Brown. Cette chanson donne le ton de l’album, où des beats expressifs et parfois même expérimentaux combinent avec un style bien propre à Big Boi. La chanson suivante, Apple of My Eye, met aussi en avant le style bien particulier de l’album. Sur un beat motivant, Big Boi nous parle des femmes et du pêché, tout en faisant le parallèle avec le mythe d’Adam et Eve.

La prochaine chanson qui marque est In The A, où collaborent aussi T.I. et Ludacris. Au vu des artistes présents sur ce titre, on s’attend à un son lourd et bien dans le style South, et on ne peut pas dire qu’on soit déçu à ce niveau là. Sur une instru très lourde, les trois rappeurs du sud se démarquent, et notamment T.I. qui lâche un premier couplet de grande qualité, où le thème du business risqué de la drogue et sa consommation sont les sujets principaux, comme dans le reste de la chanson d’ailleurs.

« I keep it playa while some choose to play it safe

Boy check the resume, it’s risky business in the A»

Big Boi enchaîne ensuite avec une chanson d’amour, She hates me, où Kid Cudi réalise le refrain et laisse une empreinte avec son style bien particulier sur l’instru. Les deux titres suivants, CPU et Thom Pettie, relèvent plus de la chanson expérimentale que du titre phare, et cela est dû notamment à leurs instrus électroniques. Vient ensuite un des singles de l’album, Mama Told Me, en featuring avec Kelly Rowland. Cette chanson s’inscrit dans une logique un peu plus commerciale, mais n’en reste pas moins plaisante à écouter.

Mais le vrai coup de coeur de cet album, c’est Lines. L’instru est faite par Phantogram, groupe américiain d’indie pop présent sur plusieurs titres, et A$AP Rocky participe également à cette grande réussite. Un refrain entraînant, un flow rapide et se calant à la perfection sur une instru magique, voilà le mélange nécessaire pour obtenir un des top morceaux de l’année.

Les musiques suivantes ne sont pas forcément autant marquantes que les précédentes. Shoes for Running, avec B.o.B et Wavves, ne laisse pas une trace indélébile, alors que la très spéciale Raspberries, sur un beat très calme, ne plaira pas automatiquement à tout le monde.

On peut dire que les dernières musiques de l’album passent quasiment inaperçues par rapport à la première partie, même si l’on peut noter le participation de Big K.R.I.T sur Gossip, qui n’est pas forcément une grande réussite à mon goût. Le dernier titre, She Said Ok, vient cependant clôturer l’album de belle manière avec une musique sensuelle, une instru prenante et bon flow.

On peut donc dire que ce second opus solo de Big Boi est en soi une réussite, même si les styles des chansons très variés ne fournissent pas un fil conducteur que suit l’album. Ces nombreuses différences n’offrent pas de réelle cohésion entre les chansons, mais l’album se laisse écouter avec plaisir, et on peut tout de même faire ressortir quelques morceaux qui ne nous laissent pas insensibles.

13/20

Par Manu.

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News de la semaine

Ce n’est pas avec une semaine très glaciale au niveau météorologique que le monde du rap va s’arrêter. Au contraire, nous avons affaire à beaucoup de mouvements dans le rap game. Au menu de ces derniers jours : Freddie Gibbs, Game, Public Enemy et bien plus encore.

Red Cafe sort sa nouvelle mixtape

En attendant son premier album studio, l’emcee de Brooklyn a sorti cette semaine sa nouvelle mixtape American Psycho. De gros featurings viennent poser leurs couplets comme Game, French Montana, Jeremih, T-Pain, Trey Songz, et 2 Chainz. Avec des productions de Young Chop, Reefa, Soundsmith et bien d’autres. Voici ci-dessous la cover de la mixtape et le lien de téléchargement est disponible en cliquant ici.

Freddie Gibbs et CTE c’est fini

Après avoir signé et s’être fait remarquer sous le label de Young Jeezy, Freddie Gibbs annonce cette semaine qu’il a résilié son contrat avec Corporate Thugz Entertainment. Les deux parties se sont quittées d’un commun accord et le jeune rappeur d’Indiana mentionne qu’il n’y aura pas de diss envers son ancien label à moins que les membres de CTE décident d’en faire un. Gibbs a justifié cette décision en mentionnant que c’était un bon choix pour sa famille ainsi que pour son avenir musical.

En parlant de son ancien mentor, Young Jeezy a sorti une mixtape It’s Tha World. Il s’agit de son premier projet après la sortie de son dernier album TM 103. Nous n’avons donc pas de collaboration avec Gangsta Gibbs mais on retrouve 2 Chainz, YG et bien plus. Le lien de téléchargement est disponible ici. Voici sa cover ci-dessous :

Public Enemy au HOF

Le légendaire groupe de hip-hop, Public Enemy sera intronisé au Rock and Roll Hall Of Fame en 2013. Il s’agira du troisième groupe de rap intronisé lors de cette cérémonie après le passage de Grandmaster Flash and The Furious Five et Run DMC. La cérémonie aura lieu le 18 avril 2013 au Nokia Theater.

Game, la paix après la guerre ?

Après sa récente interview donnée sur BET, Game a parlé de son passé concernant ses feuds avec 50 Cent et Jay-Z. Et d’après lui, une certaine réunion avec le G-Unit serait possible « si 50 Cent laissait tomber son égo ». De plus, il a mentionné qu’une possible collaboration avec Jay-Z serait possible dans l’avenir, bien que ceux-ci aient eu quelques différents dans le passé.

Résultats provisoires des ventes d’albums

En parlant de Game, le rappeur vient de sortir son tout dernier album intitulé Jesus Piece cette semaine et nous avons accès déjà à quelques chiffres de vente provisoires ; il semblerait que son album ait vendu 80’000 copies depuis mardi. De plus, l’album de Big Boi : Vicious Lies and Dangerous Rumours, aurait lui vendu quelques 30’000 copies pour sa première semaine.

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