Chill Bump, Ego Trip en terres inconnues

Le 15 décembre dernier se tenait au Pont Rouge de Monthey la soirée I ❤ Hip Hop, qui a vu notamment Nemir mettre l’ambiance avec son énergie habituelle. Mais avant de voir débarquer sur scène le rappeur de Perpignan, c’est au duo de Tours Chill Bump qu’est revenu l’honneur de chauffer la salle. Chill Bump, ça ne vous dit peut-être rien, mais il serait dommage pour vous de passer à côté d’un groupe aussi talentueux. Bref, alors que l’effervescence de la salle était retombée, et que le personnel s’activait à ranger le matériel de concert, nous avons eu la chance d’échanger quelques mots avec ces deux ovnis du rap français. Focus sur un groupe qui n’a rien de commun dans l’Hexagone.

Photo5 HD ©BenoitDogniez

La forme au service du fond

Si le groupe de Tours n’a rien de commun en France, c’est tout bonnement et simplement que leur rap se fait en Anglais. Etrange? Pas tant que ça, lorsqu’on sait que le duo est composé du rappeur Miscellaneous, arrivé à Tours après avoir grandi dans le Kent, au sud-est de Londres, et du producteur Bankal, dont les productions aériennes et hyper mélodieuses sont universelles. Ainsi, après s’être rencontrés au collège, les deux compères d’aujourd’hui ont commencé leur parcours chacun de leur côté (Bankal a notamment été champion de France IDA et vice champion DMC en 2010), et c’est tout naturellement que, lorsqu’ils se sont retrouvés quelques années plus tard presque par hasard, ils ont commencé à travailler ensemble, pour finir par former un duo sous le nom de Chill Bump.

Et si la notion de duo est essentielle, c’est parce qu’aucun des deux ne veut se mettre en avant. Les productions sont pour eux tout autant importantes que le rap qui va avec, et cela se ressent en live, où les passages de Bankal au scratch et au pad sont impressionnants. Les live sont ainsi travaillés en équipe, recherchés, tant sur la forme que sur le fond, et les performances s’en retrouvent bluffantes, que ce soit au micro ou aux platines. Ce travail de mise en scène rend leurs concerts dynamiques, où la forme retranscrit au mieux la qualité du fond.

Ego Trip

Mais si le duo a actuellement l’occasion de travailler leur live tout au long d’une tournée qui les a vus parcourir la France sur une vingtaine de dates, c’est qu’ils viennent tout juste de sortir leur premier album, Ego Trip, paru début novembre. Et là encore, le travail se fait ressentir, tant sur le fond que sur la forme. En effet, Ego Trip, c’est un voyage dans l’histoire d’un mec qui voit sa vie défiler en 11 titres, entre joies et déceptions, entre expériences et ressentiments. La première partie est ainsi plutôt lumineuse, éclairée, alors que la seconde devient de plus en plus sombre tant au niveau des productions que des paroles. Mais ce qui transparaît surtout, c’est le côté hyper cohérent de l’opus, tant au niveau des morceaux que du rendu final. On ne retrouve donc pas quelques gros singles reliés par du remplissage mais bien 11 sons tous autant travaillés les uns que les autres. Le rendu final de l’album est ainsi à l’image du groupe lui-même: décontracté, intéressant, bourré de talent et surtout très réfléchi.

Le lien pour acheter l’album: ici

Chill Bump - Ego Trip

Chill Bump – Ego Trip

 

Déjà tournés vers l’avenir

Pour la suite, le duo n’est pas encore fixé sur ce qu’il va faire, même s’il a déjà quelques idées en tête. Rendre le live encore meilleur par exemple, en faisant un maximum de concerts en 2015 afin de travailler cet aspect de leur musique, mais aussi continuer à travailler sur de nouveaux morceaux, pour nous livrer au plus vite un EP ou une autre forme de projet gratuit. Et même si le programme n’est pas fixé, le groupe reste très serein par rapport à leur futur, comme en atteste, par exemple, leur refus de travailler avec des maisons de disque pour le moment. Cette intention de rester indépendant, pour l’instant, c’est aussi la volonté de garder la main mise sur leur travail, sur leurs performances et sur la direction que va prendre leur association. En tous cas, vous devriez entendre parler à nouveau de Chill Bump, ce duo talentueux et pour le moins hors du commun en France, et peut-être aurez vous même l’occasion d’aller les voir près de chez vous.

Par Manu.

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Boosie Badazz sur le chemin de la rédemption

Comment un artiste, fraîchement sorti de prison (10 mars 2014), peut-il avoir conservé autant de buzz après cinq ans d’incarcération ? C’est la question que l’on se pose au sujet de Boosie Badazz. Alors que tout le monde le donnait « mort » lors de son retour dans un milieu qui se renouvelle de plus en plus vite, le rappeur, qui se faisait appeler anciennement Lil’ Boosie, n’a pas perdu ne serait-ce qu’une once de notoriété. Pire, c’est à se demander si l’artiste sudiste a engrangé plus de buzz qu’il en avait auparavant durant son long séjour derrière les barreaux. Enchaînant des featurings avec des artistes de renom, des interviews ou encore en étant actif sur les réseaux sociaux, Badazz est omniprésent. Retour sur une carrière prometteuse qui aurait pu (dû) tomber aux oubliettes.

Il y a maintenant une décennie, Lil’ Boosie venait de signer sur Trill Entertainment, label fondé par le regretté Pimp C. Son compère de longue date, Bun B voyait en Boosie l’un des dignes successeurs du groupe UGK. Certains osaient même le comparer à un certain Tupac pour ses textes entreprenants et narratifs qui transpiraient et illustraient à la perfection les vrais faits de la rue. Une cote de popularité qui ne cessait d’augmenter pour le natif de Bâton-Rouge en Louisiane. Il aurait pu devenir un mastodonte de l’univers rap si ses infractions ou problèmes avec la justice n’existaient pas.

Ainsi, c’est le 22 septembre 2009 que sa descente aux enfers commence, alors qu’il est condamné à deux ans de prison pour trafic de drogue et possession d’armes. Mais quelques mois plus tard, le juge décide de doubler sa sentence car il a violé sa probation. Pendant cette période-là, il était en maison d’arrêt avec un bracelet électronique. Mais le pire reste à venir. En juin 2010, il est présumé coupable du meurtre de Terry Boyd, 35 ans. Cet ancien prisonnier se fait tirer six fois dessus par un certain Marlo Mike, un soir d’octobre 2009 dans les rues de Bâton-Rouge. Ce Marlo Mike a affirmé avoir été payé par un certain Torrence Hatch pour commettre ce meurtre. Et le vrai nom de Lil’ Boosie est bel et bien Torrence Hatch. Par ailleurs, il se trouve également que ce Terry Boyd était un ancien rival de rue de l’artiste: plusieurs preuves lient Boosie Badazz à ce meurtre au premier degré. Cependant, il sera acquitté de cette charge en 2012.

C’est à ce moment-là que Boosie commence à connaître un gros regain de notoriété (même s’il ne l’a jamais réellement perdue). En effet, son entourage et son quartier commencent à fabriquer des affiches et des vêtements imprimés du slogan Free Boosie afin de les distribuer. Le slogan devient alors une mode et ne tarde pas à se répercuter sur les réseaux sociaux avec le hashtag #freeboosie. Il ne reste plus qu’aux artistes de participer au jeu et de le citer dans leurs propres morceaux. Des rappeurs comme Meek Mill, Lil Wayne, Gucci Mane, Game, Yo Gotti ou encore 2 Chainz n’hésitent pas à relancer la cause avec des « Free My Nigga Boosie » placés dans leurs textes. Le phénomène prend tellement d’ampleur que chaque actualité concernant Torrence Hatch se retrouve sur Internet quelques secondes plus tard. Influent ou pas, le rappeur est libéré de prison le 5 mars 2014 pour bonne conduite même s’il reste sous liberté conditionnelle jusqu’en 2018.

« The best things in life are free, free my nigga Boosie, gone » Lil Wayne dans Bitches and Bottles.

Dès sa sortie, Badazz est demandé de toutes parts pour poser quelques couplets. On le retrouve notamment sur l’EP de 2 Chainz où le rappeur de la Louisiane prouve qu’il n’a pas perdu une once de son agressivité. En effet, sur Wuda Cuda Shuda, Boosie ne se fait pas prier et délivre une prestation de choix en crachant toutes ses tripes sur le beat de Mike Will Made It. C’est ensuite sur le clip du remix de Cut Her Off, banger de l’été, que le « Realest Rapper » ramène ses chaînes dorées afin d’effectuer le premier couplet du morceau. Reléguant au second plan ses collègues, Boosie effectue un seize-mesures à la fois tonitruant et charismatique. Il confirme alors qu’il n’a rien perdu de son flow et de sa voix criarde tant excentrique qui lui permet de se démarquer des autres. A ce moment-là, on apprend alors que l’enfant des rues n’en est plus un car il décide de changer son pseudo en Boosie Badazz. Il participe, entre autres, à Face Down (de l’album de DJ Mustard) en effectuant un refrain accrocheur et un dernier couplet de bonne qualité. Mais c’est aussi sur le mielleux Beez Like (de Jeezy) ou l’énergique Nickel Rock (de Rick Ross) que Boosie a forgé sa réputation actuelle.

Enfin, pour couronner le tout, le natif de Bâton-Rouge sort sa première mixtape officielle depuis sa libération de prison le 30 octobre de cette année. Life After Deathrow en est le titre, ce qui pimente la comparaison avec 2Pac, notamment à cause des sujets traités dans leurs titres à propos de la rue et de leurs séjours passés en prison. Une mixtape de très bonne qualité qui ne fait que confirmer le retour au premier plan de l’idole de Bâton-Rouge (sorry Kevin Gates). Les productions sont excellentes et loin d’être dépassées (O Lord). Boosie, lui, est remarquable au micro et livre des prestations de qualité tout au long de l’opus. On ressent également ses années passées en cellules dans ses textes et cela en devient émotionnel (Streets On Fire).

Pour finir, Boosie Badazz a sorti plusieurs singles ces derniers temps (On That Level, Heart Of A Lion ou Walk Like A Man) pour promouvoir son prochain album studio intitulé Touchdown 2 Cause Hell. De plus, un trailer assez fort en émotion est également sorti où l’on voit des images de l’artiste avant de se faire emprisonner. On ne doute donc pas de la grosse attente placée sur l’album si on sait que le rappeur est considéré comme une idole dans les rues des Etats-Unis. Une idole qui est passée par plusieurs épreuves sans qu’aucune n’ait pu empêcher son retour. Alors, come-back de l’année ou pas ?

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Omerta Muzik, Toulouse rappe

Melan

Officiant dans les rues de Toulouse, Omerta Muzik est un collectif regroupant plusieurs rappeurs et beatmakers toulousains. On peut citer Melan, Fadah, Selas, Capdem ou Rilcy pour les emcees et Diaz, Dje, Toxine, Enro ou Bast pour les beatmakers. Depuis quelques années, ils se profilent comme le groupe toulousain à suivre. Qu’il s’agisse de l’entité Omerta Muzik ou de Melan et Fadah en solo, le groupe a été très prolifique avec deux projets collectifs, deux projets solos pour Melan et un album solo pour Fadah, le tout en un peu plus de 2 ans. Le moment pour nous de revenir sur ce groupe toulousain qui s’inscrit de plus en plus visiblement dans le paysage rap français.

Omerta Muzik opère clairement dans un genre alliant fond et forme sur de grosses instrumentales. Un style de rap à l’ancienne qui s’inscrit dans la tradition de la grande époque du rap français. Un rap cru, qui rappelle le style d’un autre rappeur toulousain que l’on apprécie beaucoup, Furax Barbarossa qui fait d’ailleurs une apparition dans le clip de Melan, La Vingtaine. Un rap dur, donc, qui cantonne quelque peu le collectif au milieu underground.

Venons en maintenant aux différents projets du groupe toulousain. En 2013, ils sortent coup sur coup deux projets; tout d’abord Simple et Efficace, une mixtape regroupant inédits et morceaux déjà sortis. Un peu bordélique, le projet est en effet très long et un grand nombre de rappeurs défilent devant le micro. Ceci n’aide pas vraiment à construire une réelle cohérence. Toutefois, on peut y trouver de très bons morceaux comme Bête D’Epoque ou Le Cout De Lame. Au final,  on retrouve un bon projet introductif pour entrer dans le monde d’Omerta Muzik.

Toujours en 2013, sort l’album A Contre Temps. On retrouve cette fois le collectif toulousain pour un projet beaucoup plus court que le précédent. Dans cette galette, on peut ressentir une identité plus marquée que dans la précédente. Les jeunes toulousains s’inscrivent clairement dans un rap sombre, agressif, on sent la hargne qui sort des tripes des emcees. Les instrumentales sont très sombres ce qui appuie cet atmosphère noire qui rythme l’album. Un projet qui met une claque aux amateurs du genre avec comme apogée les titres Ego Sans Trip et Néfaste.

Pour passer aux individualités du collectif, commençons par Melan. En 2012, il sort son premier projet gratuit: Vagabond D’la Rime. Une galette composée d’inédits ou d’anciens morceaux, qui nous confirme tout le bien que l’on pensait du rappeur toulousain. Avec comme meilleurs morceaux Ca Fait Du Bien D’le Lâcher, Elle Le Mérite, La Plume ou J’assume, Melan s’inscrit dans un rap mélancolique, qui met le fond et la forme en avant. On sent son amour de la forme dans Alphabet, où il reprend une activité bien connue des rappeurs en déclinant les lettres de l’alphabet en vers. Début 2014 il sort, également gratuitement, Vagabond D’la Rime 2. Là encore, on a droit à un genre de mixtape qui regroupe inédits et anciens sons. Un bon projet également, toutefois un ton en dessous du premier volume. Au niveau du style, il est assez semblable au précédent. tandis que les meilleurs titres sont En Guise De Point D’suture et Ma Religion. Il a d’ores et déjà annoncé la sortie de son premier album. Pas de date, mais une sortie à côté de laquelle on vous conseille de ne pas passer.

Fadah est l’autre membre le plus connu du collectif. En 2013, il sort son premier album solo, Les Loges De La Folie. Un album de très haute qualité en considérant le fait qu’il s’agit là de son premier. Un album homogène qui décrit son quotidien de manière froide et sombre comme on le voit sur Le Bal Des Camés où il critique vivement notre société. Il nous explique en partie la condition de rappeur underground sur Anti-Héros ou J’irai Pas Chercher L’or en collaboration avec Melan. Un magnifique album qui prouve un peu plus le talent présent dans les rangs d’Omerta Muzik.

On peut donc raisonnablement se dire qu’Omerta Muzik sera un collectif sur qui compter dans les années à venir. Avec en tête de liste Fadah, dont le talent nous a été prouvé avec son album, et Melan dont les deux premiers projets nous ont fait saliver. On attend impatiemment son album prévu pour fin 2014 début 2015, si tout va bien, et dont les extraits, parmi lesquels un en catalan, nous rassurent sur la force du MC derrière le micro.

Pour télécharger les projets gratuits rendez-vous ICI

Par Bastien

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Aladin 135, le futur de Paris

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Après Aladhyde, Approchez Vous et la sortie le 27 octobre de A Peine Majeur, Aladin 135 en est à son 3ème EP solo en un peu plus d’un an. Le temps pour nous de revenir sur ce jeune rappeur parisien, bourré de talent et poussé par beaucoup de rappeurs ou producteurs, comme Nekfeu, Georgio ou encore Mani Deïz. Il fait partie de cette génération internet, ce qui lui a permis de balancer des projets gratuits et ainsi de se faire une réputation à 19 ans seulement, grâce à ses morceaux toujours très travaillés et bien maitrisés.

Il sort donc son premier EP, Aladhyde, gratuitement en 2013. Un premier projet plutôt bien maitrisé pour un jeune de 18 ans. 6 titres qui décrivent son quotidien, sa vie dans les rues parisiennes; le tout sur des instrumentales mélancoliques. On y retrouve quelques très bons morceaux (Je Pense, J’Partirais Pas) mais également des titres un peu en-dessous (Je Gratte). Globalement, pour un premier projet, l’ensemble sonne tout de même comme un bon mélange pour annoncer son arrivée dans nos oreilles.

Une arrivée qu’il confirma début 2014 avec la sortie de son deuxième projet, Approchez Vous. Un EP là aussi gratuit mais qu’on sent plus travaillé, peut-être aussi plus mature. On y retrouve à nouveau des morceaux mélancoliques comme A Quoi Ca Sert ou Laisse Toi Porter mais aussi des sons plus agressifs avec C’est Du Vrai Rap ou Panama Bende, qui est le blase de son groupe parisien. Ce deuxième projet se situe donc un niveau en-dessus d’Aladhyde, et annonce un peu plus les belles perspectives qui semblent s’offrir à Aladin.

Je vous parlais de son groupe Panama Bende, avec lequel il sort également en début d’année un EP, Paris-Genève, en collaboration avec la 75ème Session et les Genevois du 13 Sarkastick. Un projet sans réelle identité, étant donné le grand nombre d’emcees, mais dans lequel on peut tout de même entendre de très bons couplets d’Aladin 135, notamment sur Gueule le nom de mon crew, où il ressort comme le meilleur rappeur du morceau. On attend le Paris-Genève 2 qui devrait arriver à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine, une occasion de retrouver de nouvelles perles du jeune parisien.

Enfin, le 27 octobre 2014 sort le premier EP payant de sa jeune et prometteuse carrière, A Peine Majeur. Forcément, une certaine attente s’est créée autour de ce projet, qui se devait de confirmer le potentiel du jeune parisien. Avec un très bon premier single, Génération 2014, il a en tous les cas su nous faire saliver. Et une fois le grand jour arrivé, le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet ne déçoit pas. Il nous livre un beau panel de style avec des parties sombres auxquelles il nous avait habituées, mais avec une prise de risque certaine sur des sonorités presque « trap » avec Jeunesse Parisienne ou Génération 2014, facette qu’il n’avait pas encore vraiment exploitée jusqu’ici. Mais comme souvent avec le jeune parisien, il a parfaitement maîtrise ce nouveau défi, donnant ainsi deux temps forts du projet. Enfin, il s’est entouré de son pote Georgio sur un magnifique morceau, qui confirme la complémentarité déjà soupçonnée entre les deux rappeurs aux styles si proches.

En conclusion, avec le talent et les différents styles qu’il a exploités jusqu’ici, il est quasiment certain que, dans les prochaines années, Aladin 135 fera partie intégrante du paysage rap français. Que cela soit en solo ou en groupe avec son Panama Bende, on se réjouit d’entendre les nouvelles prestations microphoniques du parisien.

Télécharger gratuitement Aladhyde ICI

Télécharger gratuitement Approchez Vous ICI

Télécharger gratuitement Paris-Genève ICI

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La face cachée du rap francophone: Le rap belge (2)

lorducommun

Aujourd’hui, deuxième volet de notre présentation d’artistes peu connus nous venant de Belgique. L’année passée, vous avez déjà pu faire connaissance avec certains rappeurs issus du Plat Pays (Ici), en voilà une série d’autres qui sont tout autant prometteurs.

 

L’Or du Commun

Fondé en 2012 dans les rues de Bruxelles, L’Or du Commun est un groupe composé de quatres rappeurs, Loxley, Primero, Swing et Félé Flingue, d’un DJ, Junior Goodfellaz et d’un ingé son, L’Oeil Ecoute Laboratoire. Ils sortent leur premier projet, L’Origine, en septembre 2013. Mais rassurez-vous, lorsque l’on écoute leur projet on comprend vite que les 4 emcees rappaient déjà avant la formation du groupe. Un projet aux influences Old school mais concocté à leur sauce par les jeunes bruxellois. On y retrouve des morceaux délires comme Rouge Mississipi, et son clip, où les rappeurs sont déguisés en indiens. Un très bon projet offert par le groupe. En outre, L’Or du Commun s’est également illustré par sa Poignée de Punchlines. Au menu: rap Old school et ambiance new-yorkaise, training, métro, groupe de potes et le tout en noir et blanc, le cocktail est détonnant! Un groupe sur lequel il faudra compter dans les années à venir.

L’Origine disponible gratuitement ICI

 

Just Cracking Records

Composé des emcees Seven, Nem et Sima (également ingé-son) et de Julius.P pour le côté visuel, JCR est également un groupe bruxellois. Ils sont membres du collectif Black Syndicat et on également participé à la tournée À notre tour, avec La Smala et Caballero, notamment. En 2012, Seven sort son premier projet gratuit: Le Prologue. Sur cet EP, on peut facilement se rendre compte des influences diverses du emcee. Un bon premier jet qui nous permet de se rendre compte du haut niveau de Seven au mic. La même année, NEM y va également de son premier projet solo, A Emporter. Un EP 11 titre alliant sonorités new school et beat old school pour un bon mélange, bien équilibré et plaisant à l’écoute, le tout encore une fois gratuitement. Enfin, début 2014, les 2 emcees reviennent avec un projet commun, Rudimentaire. Le projet nous montre la complémentarité des deux rappeurs du groupe, qui s’accordent parfaitement. On ressent bien les influences éclectiques de JCR, du jazz au hip hop old school en passant par le new school; probablement leur projet le plus abouti! On attend pour novembre le projet de Nem Lignes de Fuite, dont le premier extrait laisse saliver les amateurs!

Les trois projet disponibles gratuitement ICI

Swatt’s

Jeune rappeur de Tournai, Swatt’s se démarque par sa maturité. En 2013 et à seulement 14 ans, ils nous balançait un texte d’une très grande qualité pour le 1er épisode de la Poignée de Punchlines de Give Me 5. Il sortira d’ailleurs une autre poignée de punchlines tant sa première était impressionnante. Début 2014, le jeune tournaisien sort son premier projet gratuit, L’Amorce. Un bon premier jet, mélangeant à la fois chansons mélancoliques comme sur ce magnifique A Fleur de Peau ou Le Blues, et titres ego trip comme Tout Simplement. Il s’entoure de ses compères Béni Luzio et P-Pito sur La Trilogique, nom de leur trio. Alors, malgré le fait que le projet laisse apparaître quelques imperfections, le résultat impressionne tout de même lorsqu’on connait l’âge du emcee. Bien sûr, on ne peut pas prédire l’avenir, mais les chances d’entendre à nouveau parler du jeune tournaisien sont grandes. On se réjouit déjà d’entendre un nouveau projet en solo ou avec ses collègues de La Trilogique.

L’Amorce disponible gratuitement ICI

Béni Luzio

Je vous en parlais tout à l’heure, Béni Luzio est, tout comme Swatt’s, un jeune rappeur de Tournai, membre de La Trilogique. Pas encore de réel projet à son actif, mais de nombreux freestyles dans lesquels on descelle déjà pas mal de talent. En 2014, il a sorti un nouveau clip, Quoi que tu dises, sur une production de Mani Déiz, et c’est probablement sur ce morceau que le MC tournaisien démontre le mieux son talent. On attend donc impatiemment le premier projet qui viendra certainement confirmer le potentiel exhibé dans ses différents clips ou freestyles.

Par Bastien

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[Découverte] Gradur

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Vous avez sûrement aperçu son bob sur les fonds d’écran de votre sœur ou de votre copine. Le hashtag « Sheguey » s’est infiltré sur tous les réseaux sociaux. Il arrive dans le game en treillis et s’impose comme la nouvelle sensation du rap français, le tout sans aucun projet officiel. Avec ses freestyles et les vidéos de ses lives, seulement, Gradur cumule plus de 13 millions de vues sur YouTube, le tout en à peine un an. Paradoxalement, il ne fait rien de profondément différent de ses collègues. Comme d’autres, Gradur rappe sur de la trap, à mi-chemin entre l’entertainment et les chroniques du ghetto. Ce qui fait son succès donc, c’est une énergie folle, des flows variés mais maîtrisés et un rap dans lequel baignent des références au milieu du football et à celui de l’armée.

Après une blessure qui le laisse absent des terrains de football, Gradur, militaire de métier, se met à rapper, juste pour passer le temps, activité qu’il avait pratiquée étant jeune comme beaucoup. S’en suivent quelques freestyles lâchés sur sa chaîne YouTube, dont la série Sheguey. C’est ainsi que le rappeur du 59 se fait connaître, notamment par son remix de La Mort Leur Va Si Bien (Sheguey Nº 2) qui sera retweeté par Booba. De ce parcours entre football et armée, Gradur en gardera l’univers, ponctuant ses textes de références à ces deux milieux. De Marco Verratti, à Paul-Georges Ntep, en passant par Alexandre Lacazette et Adrien Rabiot, la Ligue 1 le lui rendra bien, participant à la notoriété grandissante du MC de Hem.

Gradur Ligue 1

De son activité militaire, Gradur en garde l’attitude guerrière, énervée qui transpire de ses freestyles. Sur cette trap menaçante, le MC du 59 nous transporte dans les tranchées, où les basses sonnent comme des explosions lointaines. Avec son bob comme casque, il lâche des obus et rafale sur la concurrence, avec une énergie dingue et des flows divers mais maîtrisés. C’est brutal, bête et méchant mais terriblement divertissant. Si l’on remarque l’influence de Migos dans les flows, on ressent également celle de DMX dans ce style crié qui lui est caractéristique. En effet, à sa manière, Gradur joue également avec sa voix pour mieux renforcer l’énergie dans ses raps.

En 15 jours, le neuvième Sheguey cumule plus de 900’000 vues sur YouTube. En tout juste une année, sa chaîne YouTube a atteint plus de 13 millions de vues. Un exploit surprenant quand on sait que le rappeur n’a sorti que 15 sons/freestyles et seulement quelques featurings. Pour autant, il manque encore un projet officiel au rappeur de Hem pour que ce succès s’inscrive dans la durée. S’il continue à s’améliorer comme il l’a fait en cette courte année et que, bien entendu, ce premier projet est une réussite, nul doute que Gradur pourra arrêter son activité militaire afin de se consacrer exclusivement au rap. Pour autant, en vue de l’énergie et de la détermination dont il fait preuve, on sait qu’il ne lâchera ni le treillis, ni le fusil d’assaut.

Par Dimitri.

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Young Thug, l’électron libre du rap game

 

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Définitivement devenu une raillerie pour quelques uns et un vrai phénomène pour d’autres, Young Thug, de son vrai nom Jeffrey Williams, 21 ans, est devenu en l’espace de quelques temps un artiste attisant le maximum de curiosité et de discussions dans le milieu du rap. En effet, si vous suivez régulièrement le rap outre Atlantique, il est impossible que vous l’ayez raté. Aux côtés des Migos, Rich Homie Quan et Young Scooter, il incarne cette nouvelle génération de rappeurs qui émergent des quartiers d’Atlanta, représentant le renouveau d’une Trap Music lancée il y a désormais plus d’une décennie par des mastodontes du genre comme T.I. ou Young Jeezy. Lumière sur un artiste aussi excentrique que taré.

Comme l’atteste la trilogie de ses premières mixtapes intitulées I Came From Nothing, Young Thug attache beaucoup d’importance à ses origines et n’oublie pas le fait qu’il est parti de rien. Après avoir grandi dans le Jonesboro South d’Atlanta, sa jeune carrière est assez similaire à celle de ses camarades ; il se découvre une passion pour le hip-hop et apprend à écrire des rimes dès son plus jeune âge. S’ensuivent ses trois premières mixtapes citées ci-dessus. Déjà, sa personnalité et son style se font ressentir. Ses influences venant de Lil Wayne également. Déjà euphorique et expressif à cette période-là, le flow et le style de Thug se développeront avec le temps. En accentuant ses marmonnements et gémissements, il prend un malin plaisir à rendre son flow encore moins prévisible qu’il ne l’était auparavant.

Vient alors 2013, l’année de son explosion au sein du rap game. Après avoir signé sous le label de Gucci Mane, Jeffrey Williams décide de sortir la mixtape qui va changer sa vie ; 1017 Thug. S’ensuit un immense buzz autour de ce projet qui reçoit généralement des critiques positives. Que ça soit Pitchfork, Complex, Rolling Stones ou The Guardian, la plupart des journaux spécialisés la citent parmi les meilleurs mixtapes de l’année. Mais pourquoi un rappeur aussi excentrique que Thug, ayant une technique au micro assez faible et des paroles peu recherchées, se retrouve au centre de toutes les attentions ? Il se trouve que les qualités primordiales que l’on recherchait auparavant chez un emcee ont été complètement modifiées. Actuellement, des artistes comme Future, Migos ou Rich Homie Quan se retrouvent sur le devant de la scène d’Atlanta. Des artistes qui ne possèdent pas beaucoup de qualités au micro mais qui savent divertir les auditeurs par d’autres moyens.

On en revient donc à notre cher Thugga Thugga qui, avec des caractéristiques encore plus extravagantes que ses compères cités ci-dessus, pourrait exploser en tant que prochaine grande star du hip hop. Le tout est soigneusement mis au conditionnel car c’est un artiste qui possède des attributs peu stables. A la fois dépassant les fondamentaux du hip-hop, ce sont ses hurlements, ses jappements ou encore ses rafales de paroles, dans lesquelles les consonnes n’existent presque pas, qui feraient (ou font déjà) le succès de Young Thug. Utilisant régulièrement l’auto-tune, il prend un plaisir à disséquer des mots qui deviennent de simples signes de ponctuations pour les percussions. Comme l’attestent les Murder, Dead Fo Real, Keep In Touch ou Condo Music, l’artiste excelle dans ce domaine, à un point que tout ce qu’il dit se confond parfaitement avec l’ambiance du morceau.

« Ce que Young Thug apporte sur la table, alors, ce n’est pas seulement une étrange approche expérimentale pour rapper, mais aussi de la présence, de la personnalité, un côté mystique, et, éventuellement, un pouvoir de star.¹ »

Ces morceaux sont généralement produits pour toucher les clubs en gardant toujours des influences néo-Trap. Cependant, l’artiste étant polyvalent, il sait métamorphoser sa voix d’extraterrestre à un tout autre genre de production en passant par des humoristiques Picacho ou des pistes plus émotives comme Keep Going ou Miss U. Travaillant régulièrement sur des productions contenant des synthétiseurs, Young Thug sait s’entourer d’excellents producteurs, Metro Boomin’ par exemple, avec lequel un album collaboratif intitulé Metro Thuggin’ est prévu pour bientôt.

De plus, sa présence constante sur les réseaux sociaux lui permet de se distinguer également des autres artistes et de rester en contact continu avec ses fans. Mitraillant son compte Instagram de photos toujours aussi intrigantes les unes que les autres, l’artiste aime faire parler de lui. Arborant des piercings sur la bouche, des ongles vernis, une multitude de tatouages ainsi que des vêtements aux couleurs fluorescentes qui lui collent à la peau, le rappeur fait aussi parler beaucoup de gens sur sa sexualité.

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Alors que le clip humoristique de Stoner est en train de tourner sur le net, Jeffrey a déjà sorti deux mixtapes collaboratives en ce début d’année ; Black Portland et Young Thugga Mane La Flare. L’un avec Bloody Jay et l’autre avec son mentor Gucci Mane. Il prépare également cet album avec Metro Boomin, son premier single The BLanguage étant déjà disponible sur la toile. Du côté solo, le titre de son premier album studio est déjà connu, et il rend hommage à son idole de toujours : Tha Carter VI.

Pour finir, lorsque l’on a dans notre entourage un certain Birdman, qui a réussi à le faire signer sur Rich Gang en tant que partenaire de management et bien sûr Gucci Mane, Thug n’a pas de quoi rougir. Actuellement, l’artiste se donne à cœur joie en enchaînant des concerts privés à plus de 10’000 dollars la prestation. Plutôt fructueux pour quelqu’un qui n’a pas encore réellement percé. Mais quand on sait que des artistes comme Future veulent à tout prix le signer sur leur label ou que Kanye West et Drake se lâchent lorsque Danny Glover, son dernier gros single, passe en boîte, on est plutôt optimiste quant à son avenir. Alors, Young Thug, flop or not ?

¹Chronique de I Came From Nothing 3 par David Drake sur Pitchfork.
Source : Article « Why Everyone Is Talking About Young Thug » de David Drake sur Complex.

 

Kevin

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100s, le retour du Mac

icecoldperm100s n’est pas un rappeur comme les autres. Fils d’un père afro-américain et d’une mère juive, Kossisko Konan, de son vrai nom, est envoyé à l’âge de 16 ans dans un internat en Côte d’Ivoire. C’est là-bas qu’il commence à s’intéresser au hip-hop, à travers des sons de Mac Dre ou encore Lil Boosie. De retour aux États-Unis, 100s lâche sa première mixtape fin 2012, nommée Ice Cold Perm et dont la pochette reprend directement celle de Tha Doggfather de Snoop Dogg. Les choses s’enchainent rapidement : 100s contribue à la soundtrack du jeu GTA V courant 2013 avec ce Life Of A Mack tout en chillance, puis signe dans la foulée sur Fool’s Gold avant de se mettre à tourner dans tous les Etats-Unis aux côtés d’A$AP Ferg et sa clique. Le meilleur reste donc à venir pour celui qui s’impose déjà comme le rappeur le mieux coiffé du game.

A-Trak, le big boss de Fool’s Gold qui a vu exploser des phénomènes comme Kid Cudi ou plus récemment Danny Brown, a fait de 100s son favori pour être le prochain. Et le jeune minot de Berkeley a tout pour y parvenir. A l’image d’un A$AP Rocky, 100s excelle dans l’art de faire du neuf avec du vieux. Si Rocky s’inspire directement de l’atmosphère ensoleillée du rap de Houston et de la noirceur d’Harlem, 100s, lui, est fasciné par les pimps. Bien entendu, le hip-hop de la côte Ouest n’est pas en reste à ce niveau-là, Mac Dre ou Snoop Dogg ayant parfaitement représenté cet esprit qui régnait dans les années 90 le long des côtes du Pacifique. Mais 100s n’oublie pas le Dirty South, autre courant fidèle au proxénétisme, rendant explicitement hommage à Juvenile sur Bout That Life ou encore à Lil Boosie dans ses interviews.

100sArmé de ces influences diverses, auxquelles on peut rajouter certains éléments tirés du Hyphy de la Baie de San Francisco, 100s fait preuve d’une maturité et d’un charisme étonnant. S’il avoue volontiers ne pas être un vrai mac, 100s joue parfaitement ce rôle derrière un micro. Comme tout bon pimp qui se respecte, 100s ne parle que de lui, d’argent et de femmes. Ainsi, il raconte la journée classique d’un maquereau dans ce Life Of A Mack sorti tout droit des années 90 avec son instrumentale transpirant le G-Funk, il souhaite que les filles se trémoussent comme en 1999 et dédie Land Of The Laced à sa Californie natale. 100s va même jusqu’à consacrer une chanson (My Activator) au produit qui lui permet de lisser ses cheveux et ainsi de garder sa perm’ bien lisse et propre. Le mac dans toute sa splendeur.

Tell your bitch to ride my dick like I ride the beat

Mais 100s ne s’est pas seulement lancé dans le hip-hop pour nous rappeler les beaux jours de la côte Ouest. Parfaitement adapté aux productions de son compère Joe Wax qui l’accompagne sur la totalité d’Ice Cold Perm, le flow de 100s se démarque par un charisme impressionnant pour un MC de 20 ans. Que ça soit un hommage au Cash Money de la première heure sur Bout That Life, une fin de soirée enfumée sur Closer ou une ode plus sérieuse au pouvoir sur… Power, la personnalité de 100s s’impose et le ferait aisément passer pour un vétéran du game. Les beats sont variés mais le constat reste le même; 100s a tout pour s’imposer durablement: le charisme, la personnalité et la fraîcheur. La relégation actuelle au second plan de la street credibility ne peut d’ailleurs lui être que profitable.

Le savant mélange, entre influences marquées et personnalité propre, qui a propulsé A$AP Rocky au rang de star pourrait de nouveau faire mouche, cette fois-ci de l’autre côté des Etats-Unis. Bien ancré dans la tradition West Coast, mais se démarquant de la concurrence par sa polyvalence et son charisme, 100s pourrait bien exploser, et ce assez rapidement. En effet, IVRY, son premier projet sur Fool’s Gold devrait sortir courant 2014 et l’exposer encore un peu plus au grand public. S’il a promis plus de refrains chantés et une teinte globalement plus R’n’B, 100s n’oubliera certainement pas d’où il vient. De plus, l’inscription Fool’s Gold sur un projet étant la plupart du temps un gage de qualité, nul doute que 100s et sa permanente feront bientôt revenir le soleil du côté de la Baie.

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Patrik

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Compton, nous avons un Problem

problem

Beaucoup de familles essaient tant bien que mal de fuir les ghettos de l’Amérique pour vivre une vie meilleure. Ces ghettos sont généralement implantés aux périphéries des grandes villes où violences et crimes règnent dans la plupart des coins de rues. L’une des régions les plus connues pour sa criminalité est celle de Compton qui se distingue par son nombre de délits : environ 4’000 à l’année. Mais la famille de Jason Martin, décide de faire le chemin inverse. Alors que celui-ci naît à Würzburg en Allemagne, il débarque lorsqu’il a un an dans les rues de Compton. Apprenant alors les codes de la rue, il lui faut peu de temps pour tomber amoureux du rap qui est une tradition à Compton. Mais cette histoire d’amour ne commencera à devenir sérieuse que lorsqu’il se rendra compte qu’il est le père de cinq enfants avec, pour couronner le tout, quatre mères différentes.

Père précoce

« J’ai cinq enfants. L’aîné a déjà 13 ans. J’ai commencé très tôt. Ne faites pas ça chez vous ou du moins, mettez un préservatif et ne faites pas comme moi ! Le fait d’avoir des enfants t’incite à te bouger le cul et faire quelque chose de ta vie. »¹

Et c’est à partir de là que tout a commencé. Jason Martin devient alors Problem qui sera désormais le nom de scène du rappeur. Mais comme l’illustre bien son nom, avant de rencontrer la route du succès, le rappeur sera confronté à  des échecs comme ce contrat signé prématurément avec le label majeur Universal Republic. Contrat à deux singles qui ne verront jamais le jour.

« J’ai eu ce nom (Problem) lorsque je jouais au basketball. C’est un de mes frères qui me l’a attribué, il disait que je posais des problèmes sur le parquet et c’est en quelque sorte comme ça qu’on a commencé à m’appeler. [..] Quand j’ai commencé à rapper, j’ai pensé que ce serait pas mal de jouer avec ce surnom. En fait, les gens réclamaient mon nom de scène avant même que ma carrière ait commencé. »²

Major vs Indy

Inconcevable au début des années quatre-vingt dix, il est maintenant possible d’ériger son propre label indépendant au détriment des grosses cylindrées comme Def Jam. Même en ayant la vingtaine d’années et avec aucun album studio officiel à son actif, c’est possible (cf. Top Dawg Entertainment). C’est d’ailleurs le label de Kendrick Lamar et consorts qui donne de l’espérance à Problem. Déterminé et motivé, le rappeur décide de donner de l’ampleur à son label Diamond Lane Music Group qui a été fondé avant la déconvenue avec Universal. Depuis ce moment-là, il forge ses facettes de rappeur au bénéfice de sa maison de disque.

« Diamond Lane représente l’image actuelle de L.A. ; Profiter du temps, de soi-même et des personnes qui t’entourent. Nous privilégions la positivité et la progression. […]En ce qui concerne la musique, je suis libre. Un privilège que tu n’as pas chez les majeurs. Ils veulent que tu fasses ceci et cela. Je n’ai pas ce problème maintenant. […] TDE a montré à l’industrie que les indépendants peuvent construire quelque chose. Nous essayons de faire valoir notre label maintenant. »¹

Snoop Dogg comme mentor

Il faut savoir que l’artiste était entouré de gros calibres du rap game avant d’avoir fondé son label. Il a d’ailleurs écrit des textes pour des grands rappeurs comme E-40, Jim Jones et Snoop Dogg. Grâce à ce dernier, il avoue avoir engrangé beaucoup d’expérience en le côtoyant et c’est sans surprise qu’il le cite parmi ses influences :

« Snoop Dogg a été une grande influence parce qu’il a été l’un des premiers à croire en moi. Il m’a donné de l’argent pour ce que je faisais, et n’hésitait pas à me donner des conseils. […] Il en est de même pour E-40. J’enregistrais avec lui et il m’a dit que la prononciation est la clé. Vous savez, j’étais attentif sur tout ce qui était bon à prendre. »²

Racines West Coast

Au niveau des paroles, ce qui fait sa particularité, c’est qu’il a une tendance à s’enregistrer directement aux studios sans écrire ses rimes à l’avance. D’autant plus qu’il a cette force de parfaire ses couplets et punchlines avec une intonation et prononciation maitrisée du bout des doigts (merci E-40). Problem c’est le genre d’artiste qui ne dénigre pas les influences musicales de l’endroit d’où il vient. C’est d’ailleurs pour ça que l’on retrouve tous les styles différents du rap West Coast moderne dans ses morceaux, tous susceptibles de devenir des hits ou bangers. Quand on écoute ses projets, on peut s’attendre à écouter du Gangsta Rap à un genre de Post-G-Funk avec pour finir du Ratchet Music! Tous ces genres dérivés du rap de la côte Ouest (à pars le Ratchet) font de lui une nouvelle star montante de la région. Mais pour exploser, il lui manque plus qu’un album officiel.

Un peu de Gangsta Rap :

Agrémenté d’un G-Funk moderne :

Et pour finir avec du Ratchet:

IamSu! et The Separation

Mais avant de parler d’albums, il faut savoir que Problem a déjà huit mixtapes officielles à son actif. Deux des trois dernières mixtapes qui sont sorties cette année, sont, par ailleurs, les meilleures dans sa discographie. L’une s’intitulant Million Dollar Afro qui est en collaboration avec IamSu!, une autre star montante de la Californie. L’autre est sortie le 13 Juin et se nomme The Separation, le meilleur travail solo de Problem jusque-là. Alors que le premier projet domine grâce à la connexion et la cohésion entre les deux rappeurs, l’autre mixtape séduit grâce aux bangers, aux productions West Coast et aux refrains charismatiques du rappeur.

Étant donné que 2013 est l’année de son ascension, il s’est vu offrir l’opportunité de voir figurer Say That Then, un des ses meilleurs morceaux, sur la bande sonore du jeu vidéo GTA V. Toute personne possédant le jeu saura donc reconnaître et (sûrement) apprécier le titre. Et pour couronner le tout, il a décidé de sortir ce mardi même un EP regroupant ses meilleurs morceaux jusque-là. Pour tout amateur de l’artiste, il est désormais possible de posséder un projet en format CD du rappeur de Compton chez lui! Pour info, l’EP s’intitule Understand Me, titre éponyme de l’un de ses plus gros hits.

« Je suis un Problem de l’industrie. J’essaie de montrer quelque chose de nouveau. C’est tout. »²

Sa discographie complète :

¹Interview Problem pour The Fader, avril 2013.
²Interview Problem pour Vibe, mai 2012.

Kevin

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Mais qui es-tu, Isaiah Rashad?

Il y a quelques temps, lors d’une interview radio, Kendrick Lamar, fer de lance du label TDE et de Black Hippy, annonce qu’en plus de la chanteuse SZA, un nouveau rappeur vient d’être signé sur le label. Etonnant, un autre rappeur va donc venir faire ses armes directement sous la tutelle d’un des meilleurs crew du moment. Oui, faire ses armes, car j’apprends bien vite que l’heureux élu s’appelle Isaiah Rashad, un parfait inconnu venu de Chattanooga, Tennessee. Quelques jours plus tard, l’inconnu est devenu pour moi promesse. 

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21 ans au compteur donc, aucun projet sorti et une vingtaine de sons uniquement lâchés ça et là. Cette signature est donc un pari d’avenir pour Top Dawg Entertainment. Mais bon, je me dis que si il est là, c’est forcément qu’il y a une raison. Et justement, c’est en écoutant cette vingtaine de sons que tout prend sens. Le mec a du talent, mais pas seulement. Ces quelques titres laissent transparaître une forte ressemblance de style avec les autres membres de son nouveau label. Un peu comme si Isaiah Rashad avait toujours évolué auprès de ceux qui sont maintenant ses collègues. Il m’a suffit d’écouter son premier clip sur TDE pour le comprendre. Coup de coeur.

Du coup, je fouille un peu et trouve une réunion de tous ses sons, en téléchargement gratuit ici. Welcome To The Game, pour bien annoncer l’arrivée d’un emcee qui peut faire du bruit. Ma première impression se confirme tout au long des 17 titres. A l’aise sur beaucoup de productions différentes, allant du jazz aux grosses basses qui tabassent. Le timbre de voix change de chanson en chanson, le rythme aussi. Son flow également s’adapte à merveille, quel que soit le type de production. L’impression qu’il a ce style TDE dans le sang se renforce.

Sympa, cette impression d’avoir trouvé une perle. Un mec qui, si tout se passe bien, sera bientôt quelqu’un qui compte dans le rap game. Mais l’envie d’en voir plus me laisse quand même très amer. C’est que j’aurais pu m’enfermer et découvrir ses sons toute la journée. Obligé d’attendre donc la sortie d’un projet annoncé par Top Dawg, encore sans date et sans nom. Je vais faire un tour, ça me changera les idées. Merde, j’avais oublié la pluie, j’vais me refaire Section 80.

Par Manu

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