[Chronique] Future – Dirty Sprite 2

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Généralement, une rupture peut engendrer une période de post-dépression pour la majorité des individus mais Future a connu le contraire. Depuis sa séparation avec la chanteuse Ciara au milieu de l’année passée, le rappeur d’Atlanta a enchaîné trois mixtapes entre fin 2014 et durant le premier semestre 2015. Le plus impressionnant c’est que ces projets gratuits sont tous de bonne qualité et ont placé l’emcee parmi les artistes les plus courtisés du rap game avec Drake, Kendrick Lamar ou encore Meek Mill. Honest, sorti début 2014, contient son lot de hits et a été un succès commercial, mais il n’était pas vraiment à la hauteur des attentes de sa fan base pour un projet officiel. A croire que la rupture quelques mois après avec Ciara ait réveillé le monstre qui sommeillait en lui. S’en est donc suivi trois immenses opus gratuits : Monster, Beast Mode et 56 Nights. Tous de bonne qualité mais contenant des ambiances et styles différents les uns des autres. Il y a maintenant deux semaines, le natif d’Atlanta a annoncé la sortie de Dirty Sprite 2, la suite de l’une de ses premières mixtapes, mais cette fois-ci en tant qu’album officiel. Est-ce que Fewtch a atteint son apogée ?

Mariant parfaitement son flow mélodieux avec les instrumentales qui lui sont servies sur un plateau. C’est le point fort de Future. Il a cette impressionnante capacité de combler les vides que pourraient laisser une production trop sobre en ajoutant des sonorités ou des syllabes supplémentaires mi-chantées mi-rappées à chaque fin de couplet. La preuve étant qu’il est (très) difficile de reprendre ses morceaux en essayant de faire ressortir les mêmes émotions. Une ambiance propre à Future Hendrix que seul ce dernier arriverait à reproduire. Et c’est ce que l’on retrouve dès le début de l’album avec Thought It Was A Drought et I Serve The Base l’une s’appuyant sur son texte et son refrain accrocheur et l’autre, plus sauvage et plus sombre, où l’on reçoit une claque à chaque coup de basse délivré par Elijah Sacci et Metro Boomin.

I just fucked your bitch in some Gucci flip flops
I just had some bitches and I made ’em lip lock
I just took a piss and I seen codeine coming out
We got purple Actavis, I thought it was a drought

Avec des punchlines tenaces qui font déjà le tour du web, l’artiste excelle dans ce domaine et nous laisse régulièrement une ou deux phrases accrocheuses à chaque fin de morceau comme dans les énergiques Stick Talk et Freak Hoes. Contrairement à son précédent projet qui était inondé de featurings, Dirty Sprite 2 n’en contient qu’un seul. Un point fort du projet qui permet à Future de s’exprimer plus librement. C’est ce qui nous permet d’immerger plus facilement dans son univers à la fois mielleux mais aussi brutal. Ce seul invité n’est nul autre que Drake ce qui nous donne une collaboration de luxe sur l’excellent Where Ya At où les deux artistes déballent leurs problèmes sur une instrumentale produite par Metro Boomin de nouveau.

L’atmosphère de DS2 s’appuie aussi fortement sur les productions laissées par Metro Boomin, Southside, Sonny Digital et Zaytoven. En effet, l’équipe de producteurs travaillent régulièrement ensemble et proviennent tous d’Atlanta. Et Future a fait appel à ses derniers pour l’élaboration de ses trois derniers projets gratuits. Grâce à cette alchimie et cohésion positive, l’album contient une certaine homogénéité. Que ça soit sur Colossal, où l’on retrouve les boucles de piano typées Zaytoven ou encore sur le paisible Rich $ex qui cible ses conquêtes féminines, Fewtch arrive facilement à s’adapter aux mélodies livrées par ses compères ou c’est plutôt l’instrumentale qui s’adapte au flow mélodieux de l’artiste. Mais c’est sur Blow A Bag, single de l’album, que l’artiste démontre tout son talent. Un refrain acharné mais énergique, des couplets assurés mais surtout un timbre de voix harmonieux que le rappeur n’hésite pas à varier tout au long du morceau selon les synthétiseurs utilisés par les producteurs.

S’affichant comme la suite de Dirty Sprite, DS2 confirme que le rappeur est au sommet de son art et s’installe incontestablement comme l’artiste le plus en forme et le plus courtisé sur la scène d’Atlanta. N’ayant probablement pas la technique et le flow de Kendrick ou la voix et le génie de Drake, Future se démarque par ce qu’il sait faire de mieux ; des paroles inarticulées, un flow syrupeux, sûrement aidé par quelques gorgées de codéine et une adaptation impressionnante à des instrumentales trap ou plus paisibles. Un tout qui le rend authentique dans une ambiance et atmosphère que nul autre arriverait à reproduire jusqu’à maintenant. Son premier album intitulé Pluto, l’a révelé aux yeux du public. Le suivant, Honestlui a permis de côtoyer les plus grands du rap game et d’effectuer des gros hits. Mais Dirty Sprite 2 englobe tout ce que Future sait faire de mieux et s’impose comme son album le plus réussi et surtout le plus honnête.

Kevin

[Chronique] Vince Staples – Summertime 06′

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Vince Staples n’a que 22 ans et fait déjà partie de la cour des grands. Impressionnant par sa maturité et sa direction artistique, le gamin de Long Beach a sorti cette semaine Summertime 06′, un EP à double disque (20 titres) qui nous plonge dans les endroits délabrés et mal-fréquentés de Long Beach, plus précisément le quartier nord. Lieu qui a vu grandir cet artiste promis à un joli avenir. Ce projet est aussi un retour en-arrière en 2006, année où Vince ne comptait que treize printemps mais se débrouillait déjà en ramassant de l’argent illégalement. 2006 était aussi pour lui une année où nombre de ses proches ont été tués. Année de transition qui lui a fait prendre conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Un album calibré du début à la fin où le passé du jeune artiste est dévoilé avec brio dans une ambiance sombre qui colle toujours aussi bien au style du rappeur.

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Long Beach est connu pour ses plages balnéaires mais aussi pour ses nombreux homicides et c’est avec ce paradoxe que le premier disque commence. Une instrumentale grave et sombre accompagnée d’un fond sonore de vagues qui échouent sur les côtes ainsi que le cri de quelques mouettes, le tout est violemment stoppé par un coup de feu qui enchaîne avec Lift Me Up et ses lourdes basses agrémentées des couplets lourds et tranchants de Staples. Ici, le thème de l’album est vite annoncé comme un contraste. D’un côté, l’été semble chaud bouillant et festif mais de l’autre, LBC est vite bercé par la violence et ses crimes.

Toujours illustré dans une ambiance morbide que l’on pourrait s’imaginer qu’en noir et blanc, la suite de l’histoire est racontée dans Norf Norf. Le quartier nord de Long Beach est présenté comme un endroit risqué où tout le monde se connaît. Les policiers, eux, essaient tant bien que mal d’imposer leur loi mais, en vain, le refrain du morceau démontre le contraire. Le tout est suivi par une mélodie agrémentée d’une sirène angoissante suivie de quelques percussions aiguës.

Mais Vince Staples est aussi attiré par les femmes qui lui permettent de rester un peu en-dehors de ce cercle vicieux. Il apprécie en particulier une latino-américaine qui réside vers son voisinage. Dans Loca (ambiance latine) l’emcee avoue que cette femme le rend fou. D’ailleurs on peut apprécier la jolie prestation de Jhene Aiko qui vient prêter main forte dans Lemme Know qui est une suite de la relation citée dans le morceau précédent.

Retournons dans des faits plus marquants. La drogue et le traffic qui arpentent les rues (Dopeman). L’addiction, la perte de contrôle et toutes les conséquences qui s’en suivent (Jump Off The Roof). Tous des faits impregnés dans une société comme celle d’où est originaire Vince.

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Dans la deuxième partie du projet, le rappeur relate des cas plus personnels comme la rue où il habitait (3230) ou la mort de ses proches dans le majestueux Surf et son impressionnante instrumentale qui nous plonge directement au cœur des rues. Cependant, on retrouve aussi des morceaux plus paisibles et émotionnels comme Might Be Wrong où le rappeur va creuser plus loin et essaie de chercher l’origine de tout ces délits et crimes perpétués. Un morceau à donner la chair de poule qui est parfaitement géré par les chants vocaux de James Fauntleroy ainsi que Cocaine 80’s.

Ensuite, plus on s’approche de la fin de l’album, plus Vince Staples aborde des problèmes sociaux et complexes comme dans C.N.B. (Coldest Nigga Breathing) où il n’hésite pas à divulguer les soucis actuels qui résident dans sa communauté comme le racisme, la pauvreté, la violence ou encore la gentrification. L’EP se finit par un morceau qui sample Outkast. Intitulé Like It Is, il aborde, contrairement aux autres, une once d’espoir et de réussite pour les résidents des quartiers pauvres.

I been through hell and back, I seen my momma cry
Seen my father hit the crack then hit the set to flip a sack
I done seen my homies die then went on rides to kill ’em back
So how you say you feel me when you never had to get through that?
We live for they amusement like they view us from behind the glass
No matter what we grow into, we never gonna escape our past
So in this cage they made for me, exactly where you find me at
Whether it’s my time to leave or not, I never turn my back

Summertime 06′ s’impose sans aucun doute comme l’album qui pourrait concurrencer celui de Kendrick en fin d’année. Ironie du sort, le sujet et le thème qui gravite autour du projet nous rappelle aussi un certain Good Kid, M.A.A.D City sorti il y a trois ans par… Kendrick Lamar qui lui, s’occupait de raconter son histoire d’enfance vécue dans les quartiers de Compton. Long Beach ou Compton, la question va plus loin et ces deux artistes nous l’on bien fait comprendre. Avec un projet qui s’apparente plus à un documentaire que l’on pourrait visionner à la télévision, Vince Staples nous fait prendre conscience (encore une fois) des problèmes économiques, sociaux et politiques que traverse les Etats-Unis. Par ailleurs, il nous fait prendre conscience également qu’il fait désormais partie de la cour des grands. En effet, après un Hell Can Wait qui avait fait la quasi-unanimité dans les critiques l’année passée, le jeune californien place la barre encore plus haute avec Summertime 06′. Un projet géré de main de maître avec l’aide de No I.D., le producteur exécutif qui a su instaurer une ambiance terne et morose qui convient parfaitement à Vince afin qu’il puisse exploiter à merveille ses couplets tranchants qui respirent l’honnêteté et la souffrance endurée.

Kevin

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US : Les albums à ne pas rater pendant la période d’examens

Chaque année c’est la même chose, le fait d’être étudiant est un inconvénient pendant les examens estivaux. En effet, une majeure partie des sorties rap se passe pendant cette période-là. Alors oui, on a quand même bien pu écouter les projets de quelques artistes en révisant la comptabilité ou le marketing, mais rien n’a vraiment été rapporté sur le site. Alors Hip Hop State Of Mind a pensé à toi et te dresse une liste des meilleurs albums studios US sortis dans le courant avril-juin. Et oui, il y a eu de jolies pépites qu’il ne fallait en aucun cas rater.

Boosie Badazz – Touchdown 2 Cause Hellhttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/8/84/TD2CH_album_cover.jpg

Il n’y a pas longtemps, nous avions déjà effectué un article sur le mauvais garçon de Baton Rouge dès sa sortie de prison. Nous lui avons prédit du succès et un album studio réussi courant 2015 et c’est chose faite. Cinq ans après, Incarcerated, son dernier projet officiel datant de 2010, l’homme qui se fait désormais appeler Boosie Badazz (anciennement Lil’ Boosie), nous délivre sur son nouvel album toutes ses souffrances endurées ces dernières années derrière les barreaux. Un projet transpirant le coin des rues de A à Z bien aidé par des productions très bien menées par des experts de la trap comme Mouse On Tha Track, J Reid et le très courtisé London On Da Track. Fidèle à sa street-credibility et à sa voix extravagante, Boosie nous offre des morceaux énergiques et souvent accompagnés de boucles de piano comme les puissants RetaliationHip Hop Hooray (avec son fidèle lieutenant Webbie) ou encore On Deck accompagné de Young Thug. Cependant, le rappeur de la Louisiane pense toujours à sa gente féminine, et sur la deuxième moitié de Touchdown 2 Cause Hell, l’ambiance descend d’un cran et les productions s’avèrent être plus soft et paisibles. Mention spéciale à Spoil You ou encore Black Heaven (où J.Cole figure comme invité surprise). Par contre, avec 19 morceaux à son actif, l’album aurait été de meilleure qualité si quelques titres avaient été dispensés de la tracklist finale. Mais après un retour tonitruant avec sa mixtape Life After Deathrow et maintenant ce projet officiel, le rappeur de la Louisiane a déjà bien reconquis son public, même s’il ne l’avait réellement jamais perdu.

Dom Kennedy – By Dom Kennedyhttps://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/0/08/By_Dom_Kennedy.jpeg

Ah sacré Dom, qu’est-ce que tu nous avais manqué. Get Home Safely paraissait déjà bien loin alors qu’il ne date que de 2013. Mais bon, quand on a un flow aussi flegmatique que le tien et qu’on est aussi attaché aux mélodies de la côte Ouest, il est difficile de te trouver un remplaçant, voire un rappeur officiant d’intérim. Mais voilà, tu es revenu avec By Dom Kennedy. Certes, tu aurais pu trouver mieux comme titre d’album, mais ce problème est vite résolu lorsque l’on commence l’écoute de ton nouveau projet. Des ambiances comme toujours très estivales, une gestion de l’album toujours aussi simple mais compacte et grandement menée. Tous ces ingrédients qui donnent au final un opus que l’on pourra écouter sans soucis et sans prise de tête pendant tout cet été au bord de la plage ou dans sa voiture. Bien qu’il ait produit un des projets de l’année, Kendrick a un peu oublié ses racines californiennes, mais toi non. Et on te remercie. D’ailleurs, il faudra toujours nous expliquer comment tu fais pour sortir des hits estivaux comme Fried Lobster, parce que là… ça frise le ridicule pour tes autres concurrents. Ah, j’allais oublier, bien que fervent de la côte est, Biggie aura sûrement apprécié le petit hommage sur Thank You Biggie. Reviens vite Dom. Reviens vite.

Dizzy Wright – The Growing Process

Passé inaperçu et ayant un peu déçu depuis sa nomination dans la liste XXL Magazine des Freshman Class 2013, Dizzy Wright a enfin démontré qu’il méritait cette place avec son deuxième album solo intitulé The Growing Process. Plus mature et plus impliqué, le natif de Las Vegas n’a pourtant pas trop changé son style. Fidèle à une vibe toujours aussi paisible et décontractée, le rappeur à réussi à nous imprégner dans l’ambiance de son album qui, il faut le dire, ne contient aucun déchet. Il est accompagné par son mentor et « oncle » de toujours qu’est nul autre que Layzie Bone, éternel membre du groupe légendaire des Bone-Thugs-n-Harmony mais aussi par Krayzie Bone qui vient prêter sa plume sur le très planant Don’t Ever Forget, hymne à la fumette. Que ça soit sur la poignante dédicace qu’il fait à sa fille (Daddy Daughter Relationship), sur le magnifique morceau où il est accompagné de Big K.R.I.T et Tech N9ne (God Bless America) ou encore sur l’hommage qu’il fait à Me Against The World (2Pac) et à In A Major Way (E-40) sur Train Your Mind, on ne s’ennuie pas lors de l’écoute entière de l’album. Mais l’homme qui a les mêmes yeux que Wiz Khalifa démontre aussi qu’il est à l’aise dans d’autres domaines avec des morceaux plus « turnt-up » comme le très réussi Floyd Money Mayweather. Son point fort, sans aucun doute sa capacité à bien choisir des hooks accrocheurs mais surtout son habilité à aborder des sujets d’actualité tout en restant technique et polyvalent derrière le micro.

Denzel Curry – 32 Zel/Planet Shrooms32 Zel - Planet Shrooms.jpg

Avec ce double EP à quatorze titres, Denzel Curry fait suite à Nostalgic 64, album qui lui avait permis de se faire connaître auprès du grand public. Dans ce nouveau projet, Denzel reprend les mêmes recettes qui ont fait croître sa notoriété. C’est-à-dire un rap funèbre, très sombre, des paroles morbides et une ambiance lugubre voire menaçante qui nous accompagne chaleureusement du début à la fin de l’album. Comme à son habitude, le meilleur ami de Dark Vador fait souvent référence à des films dans ses textes en n’hésitant pas à jouer avec des métaphores comme par exemple sur Envy Me :

Take down the empire bruh / In the hood just robin like William’s / Lets hope that they’ll never doubtfire

On retrouve cependant quelques morceaux moins obscurs sur cet opus comme le superbe Delusional Shone où le natif de Carol City (Floride), offre une prestation énergique sur une production remplie de synthés qui s’apparente à un style plus trap et sudiste. Hors de son domaine, Curry prouve qu’il peut aussi se divertir dans d’autres milieux avec un refrain plus joyeux et chanté. La fin du morceau est une instrumentale différente à celle du début qui nous fait partir sur un trip assez schizophrénique. Schizophrénique, tel est aussi l’adjectif qui pourrait qualifier ce projet. Comme le précédent de Curry d’ailleurs. Les productions ne sont pas seulement sombre et glauques, mais on ne serait pas surpris que le producteur aurait été sous l’emprise de stupéfiants lors de la réalisation des instrumentales qui, par ailleurs, réussissent très bien au style du rappeur. Un projet complet de bout en bout qui, comme son précédent, n’est pas accessible à tout le monde. Cependant, Curry reste fidèle à son style et devrait ravir ses fans avec ce double EP.

A$AP Rocky – At.Long.Last.A$APAtLongLastASAPCover.jpg

Ben oui, il fait partie de cette mini-cuvée pré-estivale et ne nous a en aucun cas échappé. Malheureusement, sorti pendant la période intensive des examens, l’album sophomore d’A$AP Rocky n’a pas eu le droit à sa chronique complète. Alors pour nous pardonner, il figure dans cette liste. Un album qui suit apparemment la même lignée que son précédent, mais pas complètement. En effet, Lord Pretty Flacko apparaît plus sérieux et introspectif dans A.L.L.A. en majeure partie dû à la perte d’A$AP Yams son ami de toujours et le créateur d’A$AP Mob. Plus réussi, plus mature et plus innovant que son premier opus, on retrouve des morceaux diversifiés mais qui sont homogènes les uns par rapport aux autres. Un projet qui passe par plusieurs ambiances, l’originalité d’un L$D mi-rappé et mi-chanté qui nous amène dans un énième univers créé par Flacko. Ou encore l’ode dédiée à Max B dans le morceau avec le titre éponyme qui est magnifiquement géré par A$AP et le surprenant Joe Fox au refrain, inconnu au bataillon jusqu’ici. Plusieurs atmosphères différentes qui permettent au natif de Harlem de livrer cette année un album géré de bout en bout, à sa sauce avec aucun déchet. Mention spéciale au come-back du toujours tant attendu Mos Def sur Back Home concluant un album qui pourrait prétendre être l’un des meilleurs de cette année 2015 très prolifique.

Kevin

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[Top du mois FR] Mai 2015

 

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Le mois de mai à continué à nous apporter de bonnes surprises en rap français cette année. Lomepal a sorti un EP au nom de Majesté dans la continuité de son Seigneur l’année passée, et c’est convaincant. Les membres de L’Entourage ont également fait parler d’eux: Deen Burbigo a offert un nouveau titre pour faire patienter avant le premier album. Et c’est le premier solo de Nekfeu qui sort lundi 8 juin et qui, avec ses extraits, a fait monté une très grande attente. On se réjouit de découvrir si, après ses nombreux projets de groupes, il saura convaincre en solo. Retrouvez aussi, entre autres, S.Pri-Noir, Aladin 135, Hyacinthe, Alkpote, ou Paco dans notre top. Il y en a pour tout les goûts.

 

1. Lomepal – Solo [Prod. VM the Don]

2. Deen Burbigo – Addictions [Prod. JustMusicBeats]

3. Nekfeu – On Verra [Prod. BLV]

4. Nekfeu – Nique les clones, Part. II [Prod. En’Zoo]

5. Lomepal – Avion Malaisien [Prod. Stwo]

6. S.Pri Noir – Cocaïne Flow [Prod. TWIGG]

7. M.O.D Gang – Orange Kush

8. Sneazzy – On S’en Tape (feat Nekfeu) [Prod. Hugz]

9. Youssoupha – Chanson Française [Prod. Nodey]

10. Aladin 135 – J’ai mal

11. Hyacinthe – Ankylosaure [Prod. AraabMusik]

12. Paco – On se laisse aller (feat. Tragik) [Prod. Greenfinch]

13. Bon Gamin (feat. Prince Waly & Jeune L.C.) [Prod. Myth Syzer]

14. AlKpote (feat. Infinit’) – Marianne [Prod. DJ Weedim]

15. Aladin 135 (feat. Zeurti) – Génération 2.0

 

– Loïck

[Top du mois FR] Avril 2015

Plus les mois passent, et plus l’année 2015 s’affirme comme une grande année pour le hip-hop. Du côté francophone, on retrouve notamment pour ce mois d’avril le TSR Crew avec deux extraits de Passage Flouté, leur nouvel album, mais également Booba avec le très bon LVMH ou Dosseh avec un nouvel hors-série intitulé Que d’la D. Lomepal, Nekfeu ou Aladin 135 sont également présents, tandis que Le Gouffre nous propose une réelle démonstration de maniement de mic’ de 13 minutes sur leur énorme Générique 2 Fin. Le rap français se porte très bien, merci pour lui.

  1. TSR Crew – Ici [prod. Art’Aknid]
  2. Booba – LVMH [prod. X-Plosive]
  3. TSR Crew – Sans sommation part. 3
  4. Dosseh – Que d’la D [prod. Lex Abraham]
  5. Le Gouffre – Générique 2 Fin [prod. I.N.C.H]
  6. Nekfeu – Egérie [prod. Hugz]
  7. Veerus x Caballero – Merveilles [prod. Just Music Beats]
  8. Deen Burbigo – Avertis [prod. Cookin’ Soul]
  9. Aladin 135 – T’endors pas feat. Nekfeu [prod. Juxebox]
  10. Lomepal – Majesté [prod. Stwo]
  11. Aladin 135 – Déjà
  12. Lomepal – La Marelle [prod. Hologram Lo]
  13. Makala – Big Daddy Mak [prod. Pink Flamingo]
  14. Mac Tyer – Je suis une légende [prod. GoFast Musik]
  15. Swift Guad – AmStramGram [prod. Blixx MacLeod]

Par Patrik.

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[Chronique] Young Thug – Barter 6

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En 2002, Lil Wayne intitulait son troisième album solo 500 Degreez, en réponse à la trahison de Juvenile qui venait de quitter Cash Money Records et pour déclarer qu’il était plus bouillant que son 400 Degreez sorti quatre ans plus tôt. Treize ans après, alors que Lil Wayne réclame des millions et menace de quitter ce même label, Young Thug, nouveau protégé de l’opportuniste Birdman, reprend de force le flambeau en sortant le sixième volet de la série Carter. Craignant une poursuite de Lil Wayne, il le renomme Barter 6 (aussi pour souligner son appartenance aux Bloods qui remplacent les lettres « C » par des « B »). Cet album, rapidement devenu mixtape, sonne autant comme un hommage que comme une attaque à Lil Wayne, impliquant peut-être un changement de dynastie. Barter 6 pourrait donc être un cap important. 

Barter 6 commence là où s’était arrêté Tha Tour Part. 1. En effet, on retrouve London’ On Tha Track, qui en était l’architecte principal, et Wheezy qui avait signé le seul Milk Marie. Sur cette nouvelle mixtape, les rôles s’échangent: London’ On Tha Track distille ses interventions, Wheezy prend les rênes mais cette ambiance de virée nocturne persiste. Dans cette atmosphère très classe tout en étant obscure, on retient quelques morceaux qui sortent du lot (l’entêtant Check, le magnifique Numbers ou le sombre Dome) et certains qui tirent le lot vers le bas (OD et son instrumentale qui s’efface devant la prestation de Young Thug, Amazing et son beat répugnant). La mixtape est bonne dans son ensemble mais peu de titres paraissent évidents au milieu de cette ambiance très travaillée. Malgré les bonnes apparitions de Duke, T.I. ou Yak Gotti, l’écoute de Barter 6 ressemble à la seule écoute d’un fou et de ses bizarreries, le tout sur de bonnes instrumentales qui peinent pourtant à marquer les esprits (la faute à Wheezy?).

Si Barter 6, mixtape pensée comme un album, n’est pas tout à fait le cap qu’on voulait que Young Thug franchisse, il ne faut pas oublier qu’il a fallu à Lil Wayne plusieurs années avant de devenir cet artiste global. Il a fallu également que Lil Wayne s’affranchisse du son de Mannie Fresh, après que ce dernier ait quitté le label, en rappant sur les instrumentales des autres comme sur les mixtapes Dedication ou en allant chercher d’autres producteurs sur Tha Carter II. Bien qu’on attende toujours Metro Thuggin’, son album en collaboration avec Metro Boomin’, Young Thug gagnerait peut être à diversifier ses producteurs, à chercher ailleurs qu’à Atlanta, afin d’élargir ses horizons, et donc de toucher d’autres publics, et de re-créer la surprise.

Par Dimitri. 

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[Chronique] Yelawolf – Love Story

Épaulé par deux légendes, Eminem et DJ Paul, et bien qu’il ait collaboré avec les plus grands, de Gucci Mane à Raekwon en passant par Big Boi, Yelawolf semble pourtant courir constamment après la reconnaissance. Après une quatrième mixtape en 2010 qui attire la convoitise d’Interscope, il sort l’excellent Trunk Musik 0-60, signe dans la lignée sur Shady Records et apparaît parmi les Freshmen de 2011. Cette belle ascension fut stoppée nette après son premier album en major, un médiocre Radioactive sur lequel il n’a pas confirmé. Ensuite, Yelawolf s’est fait plus discret, malgré la sortie de projets avec Ed Sheeran, Travis Barker ou DJ Paul, et est revenu vers ses premiers amours, un rap baigné dans le rock et la country, comme le confirment les extraits de Love Story, son nouvel album qui pourrait bien lui permettre de s’imposer pour de bon.

En effet, Yelawolf est revenu dans un style plus personnel, premièrement en créant un univers entre rock et country, ses deux influences principales. Ainsi, on se retrouve, tout au long de Love Story, dans une atmosphère très sudiste, où les Chevrolets, le whisky et les bottes Lucchese sont à la mode, et où certaines instrumentales ne sont formées que par des guitares acoustiques (Ball and Chain (Interlude), Devil In My Veins, Have A Great Flight). La religion y est aussi importante, comme sur Best Friend ou Disappear dans lequel Yelawolf livre une longue prière en s’adressant à Jésus Christ comme si ce dernier était son père. Enfin, le tout est très mélodieux, Yelawolf poussant la chansonnette sur tous les titres. Au final, Love Story est un road trip à travers l’Alabama, une douce soirée d’été. A l’écoute de l’album, on est surpris de s’imaginer cheveux dans le vent parcourir cet Etat, en bonne compagnie (cet album est aussi une histoire d’amour), une guitare sur le siège arrière, un verre de whisky qui nous attend au bar.

Enfin, cet album est également plus personnel car Yelawolf n’y a pas invité n’importe qui comme sur son précédent disque. Love Story se résume à trois personnes : WillPower et Malay, qui produisent la majorité de l’album, créant cette homogénéité très plaisante, et Eminem, seul featuring, sur Best Friend. Toutefois, Marshall Mathers reste très présent sur ce disque, tant son influence est prédominante. Comme son mentor, Yelawolf possède cette propension à se livrer (le magnifique Till It’s Gone, Johnny Cash qui dépeint son rapport à la scène) et à flirter dangereusement avec la pop (American You, Heartbreak). Par instant, il rappe même avec une hargne et un flow incisif qui rappellent le Marshall Mathers des années 2000 (le premier couplet de Love Story ou le dernier d’Empty Bottles).

Alors qu’il signait en 2007 sur Columbia Records, Yelawolf quittait le label six mois plus tard, la queue entre les jambes. Trois ans après, il faisait partie des têtes d’affiches de la nouvelle scène et prenait sa revanche en signant sur Interscope. Après le décevant Radioactive, Love Story sonne également comme une revanche. Entre Garth Brooks et Eminem, rock, country et rap, Yelawolf y livre un album personnel, impeccablement rappé, chanté et produit, qui a tout d’un grand disque.

Par Dimitri.

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[Chronique] Kendrick Lamar – To Pimp A Butterfly

Kendrick Lamar… Ce nom n’a cessé de résonner dans la tête des amateurs de Hip-Hop depuis son premier album studio, Good Kid, M.A.A.D City, acclamé dès sa sortie comme un classique, chose plutôt rare pour les rappeurs d’aujourd’hui. Seulement Kendrick Lamar n’est pas tout à fait comme n’importe quel rappeur lambda. Entre la sortie de GKMC et celle de To Pimp A butterfly, son nouvel album, rares ont été ses sorties, tant médiatiques que musicales, gonflant ainsi les attentes de ses fans, de plus en plus nombreux depuis son succès mondial de la fin 2012. 

La sortie d’un album de Kendrick Lamar est à marquer au fer rouge tant l’excitation provoquée paraît irréelle. Il faut dire que le rappeur de Compton nous a habitué à des recueils de qualité; Good Kid, M.A.A.D City, qui l’a consacré aux yeux du grand public, bien évidemment, mais également son premier projet, moins connu mais tout autant délicieux, Section.80. Normal donc que ses sorties soient autant scrutées. To Pimp A Butterfly n’aura ainsi pas échappé à la règle. Après le single controversé « i », acclamé par la critique, moins par ceux qui ne sont pas grands fans des mélanges de genres musicaux, ou le très engagé The Blacker The Berry, c’est donc un album attendu au tournant qui débarque dans les bacs.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’encore une fois Kendrick Lamar aura surpris tout son monde avec un album d’une qualité hors du commun. Entouré de producteurs tels que Flying Lotus, Terrace Martin ou encore Pharrell Williams, le rappeur de Compton a choisi de se lancer dans la musique black dans son ensemble, s’appuyant sur des instrus totalement novatrices faites de mélanges de Blues, Jazz, Soul ou encore de Funk. Kendrick a ainsi su sur cet album se renouveler tout en se basant sur ses acquis de longue date; à savoir une voix autant précieuse que singulière, un flow plus qu’entraînant, des gimmicks originaux et une parfaite maîtrise des temps morts, comme ces interludes ou ces dialogues auxquels il nous a habitués sur ses précédents projets. Vous l’aurez donc compris, Kendrick a fait du neuf avec du vieux, et réussi un pari osé en créant un album cohérent aux contours bien définis.

Car tel le Ghetto Pasteur, Kendrick prêche tout au long de cet album la bonne parole. Celle qui a vu les noirs s’émanciper de la ségrégation dans les années 60 aux USA. Il n’utilise ainsi pas uniquement les sonorités des musiques noires américaines, mais également les codes de cette culture à une époque où elle n’est pas réellement valorisée, histoire de mettre en lumière cette partie sombre de l’histoire, de rappeler les maux passés, afin de ne pas les oublier mais également ne pas les reproduire. Car c’est bien là le point majeur de son raisonnement. S’il parle souvent du passé, les motivations de Kendrick sont décidément bien dirigées vers le présent, comme si la société américaine n’avait jamais vraiment réussi à détruire cette séparation, celle qui a vu les ghettos des grandes villes américaines se transformer en cités pour les noirs, là où la misère est cachée, où le confort est accessoire, où le bonheur ne s’achète pas.

Utilisant la narration pour conduire le spectateur dans une aventure, To Pimp A Butterfly est plus qu’un album, c’est une expérience au coeur des ghettos noirs, au coeur des problèmes des gens qui comptent peu, ceux que l’on ne montre pas à la télé, qu’on n’écoute pas souvent et qui sont livrés à eux-mêmes. Ces gens-là, Kendrick leur fait une ode dans un album décidément engagé pour une cause oubliée. Rappelant le titre du célèbre livre, To Kill A Mockingbird, dans lequel Harper Lee fait une comparaison entre ces oiseaux moqueurs, qui ne nichent pas dans les jardins ou sur les toits des humains mais qui se contentent de chanter pour leur oreille et qui sont pourtant pris pour cible, et les hommes de couleur; To Pimp A Butterfly veut casser l’image de l’homme noir qui est généralement montré comme un gangster, et dont les vraies valeurs ne sont que très peu représentées.

C’est ainsi que Kendrick nous conduit dans un voyage alliant tous les aspects de la communauté black des Etats-Unis, celle de laquelle il est issu et celle qu’il veut aujourd’hui à tout prix mettre en lumière. Entre culture musicale, valeurs de la vie en communauté et problèmes du quotidien, To Pimp A Butterfly est autant une aventure singulière dans la vie difficile que mène cette communauté, qu’un plaidoyer pour rappeler les blessures d’un combat qui ne s’est jamais réellement arrêté, mais qui s’est plutôt fondu dans le décor afin de se faire oublier. Le tout en musique, réalisé de main de maître par celui qui s’élève de plus en plus comme l’unique voix de tout un peuple.

Par Manu.

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808 Mafia, la ligue des super-producteurs

Southside & TM88

Fondée en 2010 dans l’idée de créer un super groupe de producteurs, la 808 Mafia ne cesse d’agrandir sa notoriété. Depuis son premier tintement de synthé qui a résonné dans les quartiers d’Atlanta jusqu’à ses livraisons d’instrumentales express et efficaces dans tous les coins de l’Amérique, le collectif fondé par Lex Luger et Southside, sous l’empreinte de Brick Squad Monopoly, est devenu une valeur sûre pour tous les rappeurs misant sur la trap music. Leur point fort : la régularité et l’omniprésence sur le marché des productions grâce au nombre incalculable de membres représentant la marque 808, mais aussi grâce à leur facilité à élaborer des mélodies qui sont toujours au goût du jour. Retour sur le plus grand collectif de producteurs que le rap game n’ait jamais connu.

2010, tout a commencé par une idée de Waka Flocka Flame. Le célèbre cousin de Gucci Mane (patron de Brick Squad) voulait rassembler les meilleurs jeunes producteurs se trouvant sur la scène d’Atlanta. Le but ? Produire ce qui se fait de mieux en termes de Trap Music afin de gratifier au mieux nos oreilles. De ce fait, Lex Luger et Southside, deux jeunes beatmakers du coin, se mettent d’accord pour former un collectif. Une équipe qui s’appellera les 808 Mafia. La suite, on la connait : Lex Luger se fait connaître mondialement grâce à ses productions lourdes effectuées pour Rick Ross et son album Teflon Don (B.M.F., MC Hammer). Southside, quant à lui, suit discrètement mais sûrement les pas de son collègue.

Presque 5 ans après, la firme reste toujours intacte mais les membres se sont multipliés et la cote du groupe n’a jamais été aussi haute. SouthSide, TM88, Tarentino, Purps, Fuse, Be-Bop, Bobby Beats pour ne citer que les plus connus… mais on retrouve un peu moins de 20 producteurs faisant partie du mouvement. Et même si Lex Luger a décidé de quitter le collectif pour fonder son propre groupe, la 808 Mafia ne s’est jamais aussi bien portée qu’en ce début d’année 2015. Sur ces cinq dernières années, ils ont fait partie de ce groupe de producteurs influents qui a amené un nouveau souffle sur la scène de la trap.

Avec un style bien à eux, ils travaillent sur le logiciel Fruity Loops pour la conception de leur instrumentales. Ces dernières sont généralement d’ambiances très agressives voire violentes, accompagnées de grosses basses et des percussions de synthétiseurs. A côté de ça, les 808 utilisent également une boîte à rythme électronique appelée TR-808, d’où le nom du collectif.

Cependant, lorsque l’on parle de 808 Mafia, il n’y a que deux noms sur une vingtaine qui en ressortent. En effet, la réputation du groupe est due, en majeure partie, à SouthSide et TM88. Et il faut savoir que les deux individus se connaissent depuis leur tout jeune âge. L’un est reconnaissable avec ses tatouages en pleine face et l’autre avec son allure nonchalante accompagnée d’une coupe de cheveux originale (des dreads qui ressembleraient à une sorte de palmier coloré sur sa tête). Inéluctablement les plus connus et les plus talentueux du groupe, les deux compères sudistes représentent la partie émergée de l’iceberg. Ce sont les leaders incontestables du collectif et ils ont déjà participé à l’élaboration de gros hits à succès comme le fameux Danny Glover qui a permis de lancer Young Thug. Plus récemment, les deux créateurs ont fait monter leur cote grâce à la production d’une partie de Monster, mixtape de Future. Avec des titres comme Codeine Crazy, Fetty, Showed Up ou le monstrueux After That, ils ont démontré l’étendue de leur talent derrière les manettes.

En passant par Gucci Mane, Future, Chief Keef, Lil Wayne, Young Thug, Wiz Khalifa ou encore Drake, les 808 Mafia fournissent de plus en plus d’artistes aux styles plus ou moins différents. De ce fait, ils n’ont pas de quoi rougir face aux autres étoiles montantes de la production. Et leur méthode pour tester si leur morceau sera un futur hit ou pas est simple. Effectivement, comme tous les autres producteurs originaires d’Atlanta, la tradition est de tester leurs créations dans les strip clubs du coin, Magic City étant le plus réputé. La recette est simple, si le morceau y est bien reçu, il pourra être joué dans les boîtes normales. S’en suit l’intérêt des stations de radio et tout s’enchaîne.

Pour finir, ce qui fait aussi le point fort de ces producteurs, ce sont leur nombreuses collaborations avec les autres grands noms d’Atlanta comme Metro Boomin (dans Monster), Zaytoven ou encore Sonny Digital. La compétitivité de ces producteurs sudistes est certes élevée mais ils n’hésitent pas à passer des soirées ensemble dans un même studio à créer des beats tout en se passant quelques joints et en se tapant des barres. Une entraide entre passionnés du même boulot qui est devenue une tradition pour se motiver les uns des autres, afin de devenir encore meilleur. Mais qui en ressortira vraiment gagnant ? Certainement le hip-hop d’Atlanta.

Si vous voulez plus creuser, 808 ont sorti deux mixtapes qui regroupent leur premières productions ; 808 Mafia 1 et 2. Et dernièrement, vous pouvez écouter les Free Agent 1 et 2 de Young Sizzle qui sont des projets plus récents et entièrement produits par le collectif.

Kevin

 

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[Interview] Sentin’L – Entre Parenthèses

En 2012, Sentin’L, rappeur genevois d’aujourd’hui 26 ans, rappait: « Mon rêve c’est l’rap, j’voudrais quelques interviews / Qu’on s’intéresse même si on m’demande si j’aime les pâtes », dans Au Large, titre issu d’Entre Parenthèses, un projet téléchargeable alors gratuitement. Trois ans plus tard, il fêtait au Ned Music Club le vernissage de la sortie physique de ce même disque doublé d’inédits, lors d’une soirée qui conviait la quasi totalité des personnes ayant collaboré sur le projet. C’était pour nous l’occasion parfaite de nous pencher sur son travail. Entre chronique d’un projet aux deux vies et focus sur le paysage rap suisse, entretien avec un passionné.

sentinl

Hip Hop State Of Mind: On aimerait revenir sur tes débuts afin de savoir qu’est-ce qui t’a amené à faire du rap…

Sentin’L: C’était fin 2003, je suis allé chez un pote. Il avait écrit un texte et m’a demandé de le rapper. A l’époque, je n’écoutais pas de rap, j’avais seulement l’album de Shurik’n, Où Je Vis, mais j’ai essayé de rapper son texte. Dès le lendemain, je commençais à écrire.

HHSOM: Et est-ce que ce tu pourrais revenir sur ta discographie, tes collaborations…

Sentin’L: En 2008, j’ai sorti un premier album, À Ma Manière, avec des collaborations principalement de Genève. Ensuite, j’ai fait La Tête Ailleurs en 2010 avec Karna, Nakk, Cenzino ou Pejmaxx. Enfin, en 2012, j’ai sorti Entre Parenthèses sur le net gratuitement, qui a été téléchargé environ 8’000 fois. Après, j’ai connu une période moins productive, je n’arrivais plus à écrire. Le seul truc que j’ai réussi à faire, c’était le 5H Chrono avec Geule Blansh. Là, l’inspiration est revenue alors j’ai eu l’idée de faire une réédition d’Entre Parenthèses en physique avec des nouveautés, dont certains featurings que je voulais faire depuis un moment.

HHSOM: La sortie de cette réédition s’accompagne de ce live événement qui réunit presque tous les rappeurs qui ont participé au projet (Geule Blansh, M-Atom, Le Bon NobP.O.R., etc.). Pourquoi avoir voulu faire cette soirée? Est-ce que tu voulais marquer le coup?

Sentin’L: Oui, je suis quelqu’un qui a toujours beaucoup collaboré dans la musique, parce que j’ai toujours eu des contacts avec des gens externes à la Suisse, que ça soit des rappeurs ou des beatmakers. Je me suis dit que ce concert pouvait marquer le coup mais que c’était aussi une occasion de revoir des bons potes. C’est cool, ça fait une réunion de gens supers. Tout le monde est là, je peux leur passer l’album et c’est aussi un prétexte pour passer une bonne soirée.

HHSOM: Comme tu l’as dit avant, Entre Parenthèses était sorti seulement en téléchargement gratuit sur Internet. Etant en indépendant, comment s’est passé le passage du numérique au physique, au niveau de la pochette, du pressage, etc.? Est-ce que c’est toi qui a fait ces démarches?

Sentin’L: Non, j’ai un graphiste qui vient de Bruxelles qui a fait les visuels. Graphiquement, je suis le plus mauvais au monde, je sais rien faire de bien (Rires). Mais je donne mes idées et j’aime voir comment ça avance. Sur les autres projets, c’était un pote de Genève qui s’occupait des visuels. Sinon, depuis plus d’un an, j’enregistre chez moi car j’ai un home studio donc j’ai déjà plus besoin de devoir en louer un. J’ai tout enregistré et c’est Metronom qui a ensuite mixé et masterisé le tout. Après, on a envoyé ça au pressage, il faut notamment payer le pressage ainsi que les droits qui sont liés. Pour la distribution en France et en Belgique, on collabore avec shoptonhiphop.fr. Pour ce qui est du digital, je bosse avec un gars qui travaille chez Disques Office, une société de distribution en Suisse Romande. Il m’aide pour tout ce qui est digital, iTunes et autres.

HHSOM: Pour toi, c’était important de sortir cet album en CD, par rapport à la symbolique du format physique?

Sentin’L: Oui. Pendant longtemps, on m’a demandé : « où peut-ton le trouver en physique?« . Finalement, je me suis dit que c’était quand même un projet qui était bien, cohérent et qui correspondait à une période de ma vie. Et c’est quand même cool d’avoir son album sur l’étagère. Aussi, quand je croise des gens en voyage, j’ai que mon album de 2010 à leur proposer. Ça fait quand même 4 ans et demi. Même si je suis totalement satisfait, c’est un peu vieux. Cette sortie en physique, ça me fait donc aussi une carte de visite et ça clôt une certaine période de ma vie et dans le rap également.

HHSOM: Tu es quelqu’un qui achète encore des CD?

Sentin’L: Oui, bien-sûr. J’achète les projets des gens, j’aime avoir le CD et regarder ce qu’il y a dedans. Surtout que quand tu fais de la musique, tu sais tout ce qui a derrière. Dès que j’apprécie, je soutiens.

HHSOM: C’est quoi le dernier album que tu as acheté?

Sentin’L: Les derniers, c’est Caballero, Le Pont de la Reine, et JeanJass, Goldman. Ils sont cools, juste un peu courts. Sinon, j’ai acheté Cupcakes de Mani Deïz récemment aussi.

HHSOM: Pour poursuivre dans cette lignée, quels sont les artistes qui t’ont influencé? Qui sont ceux qui t’ont poussé à écrire?

Sentin’L: Quand j’ai commencé à m’intéresser au rap, ce sur quoi j’ai vite croché, c’était Flynt, la Scred Connexion, Hocus Pocus, Dany Dan, Oxmo PuccinoKohndo, Sakage Kronik, Les Zakariens, Bouchées Doubles. Après, dans le rap américain, plutôt Talib Kweli, Mos Def, Nas, Immortal Technique et ce genre de choses. Pour tout ce qui n’est pas rap, j’écoute de tout: du rock, du reggae, de la chanson française. Tu vois, les Red Hot Chili Peppers, j’ai kiffé ça à fond. Même Nirvana, c’est des choses que j’ai beaucoup écouté. Donc au niveau des influences, je vais pas te citer un nom. Pendant longtemps, Flynt a été un rappeur que je mettais presque au-dessus, pour pleins de raisons. Mais c’est un mix de plein de choses qui m’influencent.

HHSOM: Et au niveau suisse? Même des artistes qui t’influencent encore maintenant...

Sentin’L: A Genève, il y avait Le Duo, c’était Rox Anuar et Jonas, ou Basengo. Tous les anciens de Genève m’ont influencé. Certains nous ont aidé à enregistrer. Encore une fois, je ne pourrais pas te sortir un nom, c’est plus un mix général qui m’a motivé à poursuivre.

HHSOM: Pour revenir sur l’album, la réédition s’accompagne d’un second disque qui contient des inédits ainsi que des morceaux sortis depuis 2012. Est-ce que tu as pensé et construit cette deuxième partie comme un album, au niveau des transitions, des sonorités?

Sentin’L: Non. Je savais, sur les morceaux qui étaient sortis, ceux que je voulais récupérer. Après, c’est vrai qu’au niveau des ambiances des productions, j’ai essayé de faire en sorte que ça soit quand même un peu cohérent. Mais ça n’a pas été construit comme un album.

HHSOM: Pourquoi ne pas accorder autant d’importance à cet aspect? Est-ce que tu préfères la spontanéité?

Sentin’L: Pour la spontanéité, c’est clair. Après, ça colle aussi à l’esprit de la première version d’Entre Parenthèses. J’étais pas parti dans l’idée de faire un album. J’avais fait des morceaux, des solos et des featurings, jusqu’au moment où je me suis dit: « bon, je vais regrouper le tout, ajouter trois-quatre morceaux pour que ça forme ce que j’aimerais« . Là, c’était à peu près pareil: j’avais des morceaux en cours, j’ai eu des nouveaux trucs et il y a eu des trucs spontanés. Récemment, pendant six semaines, je n’était plus en Suisse. Juste avant de partir, je suis allé trois jours à Paris, chez Mani Deïz. On a fait deux morceaux dont un clip, Hors-Jeu, et un featuring avec Hunam. Typiquement, c’était des morceaux qui n’étaient pas prévus. Je me suis réveillé le matin, j’ai pris un co-voiturage une heure après pour Paris, on a fait le truc, puis le clip. Finalement, ça collait à la première version de l’album, ça collait avec cette dynamique là. Mais, les prochains projets vont être construits.

HHSOM: Par rapport au titre de l’album, pourquoi « Entre Parenthèses »?

Sentin’L: Je vois cet album comme une période dans ma vie mais également comme une situation. Cette situation entre vie professionnelle et musique. C’est difficile de placer la musique dans ta vie, surtout à mon niveau. Je sais que je ne vais pas en vivre mais j’aime la musique. Alors certaines fois, tu dois mettre ça de côté et les gens aimeraient que tu mettes ça de côté aussi car il n’en voit pas d’importance. C’est un peu ça « Entre Parenthèses« . Il y a aussi ce délire lié à l’écriture, le jeu avec les mots et la ponctuation.

HHSOM: C’est vrai que cette difficulté à concilier ces deux univers est une thématique centrale de l’album…

Sentin’L: Oui, c’est mon quotidien, je suis confronté à ça en permanence. Tu dois travailler mais en même temps t’as la musique qui t’apporte beaucoup de choses sauf l’argent, qui serait légitime avec les efforts consacrés.

HHSOM: Tu citais Caballero auparavant. Justement, dans son dernier EP, il parle pas mal de ça, d’allier rap et argent. Qu’est ce que tu penses de sa vision des choses?

Sentin’L: Il est parti dans une direction, celle du gars qui veut faire de l’argent et qui voit la musique comme un moyen de s’en faire. Je respecte totalement, c’est des choses que tout le monde pense mais ne le dit pas forcément. Après, Caba va le dire d’une certaine manière, directe, en prenant le truc d’au-dessus. C’est un côté un peu plus égotrip. En plus, il sait que ça fonctionne en ce moment de prendre le truc dans cet angle là. Je pense qu’on parle plus ou moins des même choses mais pris sous des angles différents.

HHSOM: Sur l’album, au niveau des productions, on a pu voir des instrumentales signées Haute Fréquence ou Kids Of Crackling. Comment sélectionnes-tu tes productions? Haute Fréquence est souvent présent, as-tu une alchimie particulière avec lui?

Sentin’L: Bon, Haute Fréquence n’existe plus sous ce nom, il a un autre blaze. En fait, c’est le pote qui m’a fait commencé le rap, j’ai eu la chance dès le début d’avoir un gars qui faisait des productions. Mais, que ce soit avec lui ou avec les Kids Of Crackling, je reçois des instrumentales, j’écoute et, dès que quelque chose me plait, je le garde et j’en fais un morceau. Après, j’ai plein de titres en cours qui n’existeront jamais car je n’arrive pas à les finir. Mais, du moment que je finis un morceau et que je m’apprête à l’enregistrer, je sais que ça va sortir. Il y a des gens qui enregistrent quarante morceaux, en gardent vingt pour l’album et jettent le reste à la poubelle. Je suis incapable de faire ça. Je fais la réflexion avant.

HHSOM: Au niveau des featurings, comme tu le disais avant, tu collabores énormément. Est-ce que tu trouves une énergie particulière dans le fait de partager le micro?

Sentin’L: Oui, c’est du partage mais il y a aussi ce côté « défi ». Il faut que tu sois au niveau de l’autre et donc que tu te surpasses. Sur des solos, ça va couler plus facilement, t’as plus le temps d’étaler ce que tu veux amener. Sur un seize en featuring, tu dois être bon sur un temps plus court. Il y a ça qui est cool et aussi le fait que ça amène une autre touche.

HHSOM: Tu as fait pas mal de connexions dans le rap français et dans le rap belge. On peut penser à Lomepal, Caballero, JeanJass ou Fadah. Comment tu as créé toutes ces connexions?

Sentin’L: C’est grâce au net, soit des gens me contactent, soit je fais la démarche parce que j’apprécie ce qu’ils font. Caballero, je le connais car Carlos, un gars de son équipe, m’avait fait découvrir ce qu’il faisait, à une époque où il écoutait mes sons. C’était aux débuts de Caba. Et on s’est mis en connexion, on s’est rencontré à Bruxelles puis on a fait un premier morceau. Fadah, par exemple, je l’ai découvert car j’avais fait un concours pour Entre Parenthèses

HHSOM: Comment s’était passé justement ce concours?

Sentin’L: En fait, on avait publié une production de Mani Deïz, les MCs pouvaient rapper dessus et celui qu’on préférait se retrouvait sur le projet (La première version d' »Entre Parenthèses », NDLR). J’ai découvert Fadah comme ça. On s’est mis en connexion, il m’a invité sur son album et j’ai fait de même. Donc ça dépend, les connexions peuvent se faire par l’intermédiaire d’autres, tu peux découvrir la personne sur le net ou la découvrir en concert. Tu vois, Lacraps, je l’ai vu en concert en décembre, il y avait Melan que je connaissais depuis un moment. On était les trois et on a décidé de faire un morceau. Il y a de tout, des choses sur la durée et d’autres plus spontanées.

HHSOM: Justement, on voulait parler du rap belge, très présent sur Entre Parenthèses. On pense au titre Onze, il n’y a que des rappeurs belges dessus?

Sentin’L: A part M-Atom, oui, il n’y a que des belges. Azzili Kakma, Karib d’Opak, le collectif à Scylla, JeanJass, Caballero, Carlos, Syntax, Senamo, Ysha, Seven: on est onze!

HHSOM : Du coup, est-ce qu’il y a une dynamique un peu semblable entre la Belgique et la Suisse ?

Sentin’l : Oui, souvent les gens disent ça, par rapport à la France. On aime bien se mettre en dehors de la France. C’est aussi des petits pays qui sont un peu fiers quand des choses se passent chez eux. Et puis, on a pas vécu la période rap français, qui s’est beaucoup passée à Paris, de l’intérieur. On est pas parisien… On a vécu le rap un peu de l’extérieur, on a plus du faire l’effort de s’y intéresser. Le rap était pas directement là pour nous, on a du aller vers lui. Du coup, en devant aller chercher le rap, on est plus devenu ce qu’on peut appeler des puristes aussi. C’est ce qu’on dit de nous en tout cas. Ça a façonné ce qu’on aime et, du coup, notre manière de faire de la musique.

HHSOM : Ici au Ned, il y a beaucoup de rappeurs francophones indépendants qui passent, la majorité dans ce style que tu décris. Il y a eu Caballero et JeanJass dernièrement, Swift Guad, Nakk, L’indis et plein d’autres à la première soirée de la One Shot. C’est un peu le même circuit. C’est des gens avec lesquels tu collabores pour certains, tu les connais peut-être ?

Sentin’l : Je ne connais pas tout le monde mais on collabore, on se voit en concert, etc. Ça fait plaisir parce que c’est là qu’on voit qu’il y a un renouveau dans la dynamique des rappeurs. J’ai l’impression qu’il y a plus de collaborations saines et ça se passe aussi chez les auditeurs. Il y a des jeunes qui viennent aux concerts, paient 15 francs leur billet, achètent encore deux albums et trois t-shirts. Ils ont dépensé 100 balles à la soirée rap ! Moi, il y a 10 ans, j’allais en concert à l’Usine, on payait dix francs l’entrée, ça nous saoulait déjà. Il y avait 20 personnes, une embrouille et voilà. Aujourd’hui le rap, c’est comme le rock à l’époque, c’est devenu une musique de société. Aujourd’hui, les gens te demandent quel style de rap tu fais, ils comprennent qu’il y en a plusieurs. On sent que ça rentre dans les mœurs.

HHSOM : On sent, dans une certaine mesure, qu’aujourd’hui, cette scène indépendante dont on parlait est assez forte, il y a une dynamique…

Sentin’l : Oui, c’est vrai ! Mais c’est même pour des rappeurs indépendants qui ont 35 ans aujourd’hui que ça marche bien. Ça revient. Je pense aussi pour ça, que les jeunes rappeurs d’aujourd’hui vont pouvoir un peu faire parler d’eux, même en venant de Suisse par exemple.

HHSOM : On voulait justement parler du rap suisse. Si on te demandait de parler du rap suisse qu’est ce que tu dirais toi ? Est-ce qu’il y a une unité, une identité ?

Sentin’l : Je dirais que c’est comme tous les raps. Il y a du bon et du mauvais, quelques artistes qui sortent du lot. Je pense pas qu’il y ait une unité, je pense que le rap suisse, c’est juste du rap. Il y a certains artistes qu’on peut mettre dans les cases dont on a parlé avant. Mais ce que je vois surtout, c’est qu’il est prolifique. Il y a des projets qui sortent, y en a des bons… Comme je t’ai dit, je pense qu’il y aura quelques artistes qui auront moyen de faire quelque chose.

HHSOM : C’est un hasard mais ce soir-même, justement, se produisent les Reprezent Music Awards, qui décernent donc des statuettes aux rappeurs suisses. Qu’est ce que tu penses de cette cérémonie ?

Sentin’l : Oui, ça fait trois-quatre ans qu’ils font ça. L’année passée, j’ai été nominé deux fois pour « Meilleur texte », je crois. Le fonctionnement du truc change tout le temps en fait, il y a des gens qui votent… Mais c’est un grand débat ces Reprezent Awards… C’est bien et c’est pas bien. Mais ça fait parler du rap aussi dans les médias, je préfère le voir comme ça. C’est des gens qui se bougent et c’est bien même si ça fait toujours parler. Peut-être qu’un jour je vais en gagner un, ça serait cool mais ça ne change rien. C’est juste histoire de marquer le coup. Après, c’est toujours la question de classer qui gène un peu. Mais ça fait bouger, c’est bien.

HHSOM : Sinon, par rapport aux autres artistes suisses, est-ce que tu fais des connexions autre part qu’à Genève aussi ?

Sentin’l : Oui, c’est clair. Ce soir, il y a des Lausannois qui sont là. A une époque, je collaborais beaucoup avec Intenzo et Fleo de Fribourg. Après, j’ai des connexions un peu partout. Mais j’ai conclu quand même que Genève est beaucoup plus prolifique, peut-être parce qu’on est proche de la France. Ça me correspond plus aussi ce qui se fait là-bas. La plupart des artistes suisses que j’apprécie sont de Genève.

HHSOM : Et tu n’as pas une certaine envie de mettre en avant le rap suisse en faisant des feats ?

Sentin’l : Non, le rap suisse en tant que tel, je m’en fous, comme du rap français ou celui de Bretagne ! L’important, c’est le gars avec qui je vais collaborer, s’il est fort ou pas… J’ai pas besoin de représenter le rap suisse…

HHSOM : Est-ce que tu trouves, par ailleurs, qu’il se passe pas mal de choses en Suisse par rapport aux concerts ? Ici-même, au Ned, il y a beaucoup d’artistes qui viennent…

Sentin’l : Oui, c’est clair que depuis quelques années, il y a pas mal de choses qui se passent… Ici, la dernière soirée avec Caballero et JeanJass, c’est moi qui l’ait organisée. C’est cool, ça bouge.

HHSOM : Justement, tu organises des concerts également, est-ce que pour toi c’est une manière de faire vivre le rap différemment ?

Sentin’l : Oui, aussi. Je teste également s’il y a moyen plus tard de me faire de l’argent avec ça. Pour l’instant, c’est sûr que non. Je me suis rendu compte en fait que, comme ça fait dix ans que je suis dans le milieu, je connais beaucoup de gens. Du coup, j’ai les moyens, de par mes connexions, de faire venir des gens, de faire des bonnes soirées, etc. C’est pour voir si y a moyen de s’installer pour organiser des choses plus tard mais également de faire venir des gens qui sont pas encore venus, pour véhiculer des bonnes soirées.

Le double CD d’Entre Parenthèses est disponible sur le site shoptonhiphop.com.

Propos recueillis par Loïck et Dimitri. 

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