Certains livraient en 2014 leur premier album (YG, Stalley, The Underachievers), d’autres ont répondu aux attentes massives qui entouraient leur nouvelle sortie (ScHoolboy Q, Future). Sans réelles surprises, voici les meilleurs albums outre Atlantique sortis en 2014.

YG – My Krazy Life
Pour la conception de son premier album, YG a révélé s’être inspiré de grands disques comme Get Rich Or Die Tryin’ ou Life After Death. Comme ces albums, My Krazy Life contient son lot de stars (Drake, Jeezy, Nicki Minaj, Lil Wayne, Kendrick Lamar), des tubes (My Nigga vendu à plus d’un million d’exemplaires, Who Do You Love, Left, Right, Do It To Ya), des moments plus bruts (BPT, 1AM, Bicken Back Being Bool), ses instants d’introspection et ses morceaux plus doux (Me & My Bitch, Do It To Ya). Et comme Good Kid, m.A.A.d city, YG donne à cet album une ligne directrice autobiographique. Excellent, il ne reste qu’à voir si My Krazy Life vieillira autant bien que les disques dont il s’inspire.
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Big K.R.I.T. – Cadillactica
Deux ans après avoir débarqué sur terre avec Live From The Underground, Big K.R.I.T. effectue un retour en arrière avec sa Cadillac afin de mieux pouvoir expliquer ses origines, son univers, sa planète : Cadillactica. Un monde aux sonorités soulful et country rap qui ne laisse pas sans rappeler un certain groupe appelé UGK. Son deuxième album solo confirme enfin le réel potentiel du natif de Mississippi dans les projets officiels. Contrairement à son premier album et pour éviter une atmosphère trop monotone, le rappeur/producteur n’a pas participé à toute la production. En effet, K.R.I.T. s’est permis d’inviter DJ Dahi, Terrace Martin ou encore Jim Jonsin. Objectif réussi, Cadillactica s’écoute avec amour et passion sans presser une seule fois sur la touche « next ». Des morceaux sudistes (King Of The South, Cadillactica), des mélodies plus mielleuses avec des refrains somptueux (Pay Attention, Mind Control) ou des titres plus introspectifs et sérieux (Soul Food, Lost Generation) sont présents tout au long du projet. Celui qui s’auto-proclame « King Of The South », gagne de plus en plus de crédibilité.

Stalley – Ohio
Avec un Rick Ross en pente descendante et en panne d’inspiration, un Meek Mill qui a passé son année derrière les barreaux et un Wale porté disparu, c’est un Stalley resplendissant et technique qui limite la casse et qui a su donner des couleurs au label MMG durant cette année 2014. Avec des projets gratuits encourageants dans sa discographie, le natif de l’Ohio s’était construit une bonne notoriété afin de sortir son premier LP officiel intitulé… Ohio. Complet et contrôlé du début à la fin, le projet regorge de pistes délivrant une certaine passion pour les voitures (Jackin’ Chevys, Chevelle) mais Stalley sait aussi représenter les couleurs de son quartier (Welcome to O.H.I.O., 3:30). Le rappeur nous rend aussi nostalgique en invitant le groupe De La Soul poser avec toute délicatesse leur couplet sur Navajo Rugs, énième morceau produit par Rashad son collaborateur de longue date.
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Freddie Gibbs & Madlib – Pinata
Dire que Freddie Gibbs et Madlib nous ont fait patienter serait un euphémisme. Après 3 EP communs, Thuggin’ en 2011, Shame en 2012 et Deeper en 2013, Pinata a enfin vu le jour en 2014. Et le jeu en valait la chandelle. Long de 17 titres, le projet final du duo ne connait toutefois aucun temps mort. Gangsta Gibbs jongle habilement entre les productions parfois sombres (Scarface, Real, Bomb), parfois plus légères et aériennes (High, Lakers), mais toujours très musicales proposées par Madlib. A l’aide de son flow rugueux, toujours parfaitement au point, le MC de Gary, qui a désormais posé ses valises à LA, crache encore une fois ce qu’il a sur le coeur, entre piques à son ancien mentor Jeezy (Real), dédicaces à un petit restaurant de sa ville natale (Harold’s), et histoires de gangsters plus classiques (Thuggin, Deeper). Si les featurings ne révolutionnent pas la qualité de la musique proposée, Scarface, BJ The Chicago Kid, Raekwon ou encore Ab-Soul, entre autres, apportent leur pierre à l’édifice sans démériter. Au final, Freddie Gibbs démontre encore une fois qu’il est l’un des meilleurs MC’s actuels et sa complémentarité avec un Madlib fidèle à lui-même font de Pinata l’un des projets de l’année, incontestablement.
Future – Honest
Entre bouquets de roses et grammes de cocaïne, Honest, attendu depuis 2013 et maintes fois repoussé, résume en 12 titres le paradoxe de Future. Celui d’un rappeur qui alterne déclaration d’amour (I Won) et hymne à la drogue (Move That Dope), RnB sirupeux et trap bestiale. Mais également celui d’un MC qui, malgré une collection de tubes en puissance, n’aura pas vendu autant de disques que prévu. Accompagné de la crème du milieu (Drake, Kanye West, André 3000, Boi-1da, TM88 ou Mike Will Made It), Future livre un album tiraillé entre les strip-clubs d’Atlanta et la lumière des projecteurs mais totalement réussi.
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The Underachievers – Cellar Door: Terminus Ut Exordium
Cellar Door: Terminus Ut Exordium, soit « la fin du commencement » en latin, est le premier album studio du duo montant de Flatbush. Toujours dans leur délire habituel, les deux jeunes membres du collectif Beast Coast appuient grâce à ce premier opus une envie de s’implanter de manière durable dans le rap game américain et de laisser la marque de leur musique éclairée sur toute une génération. Fort d’un concept un peu particulier, à savoir une structure sans réel temps de relâchement, ce premier album, court mais intense, est une parfaite vitrine au service du talent d’Issa Gold et d’AK. Cohérent et enivrant, l’opus mérite une place de choix parmi les meilleurs albums de 2014.
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ScHoolboy Q – Oxymoron
L’année 2014 avait commencé dès son mois de janvier avec la sortie d’Oxymoron, une des plus grosses attentes de l’année. Outre quelques titres ne s’insérant pas à la perfection au sein de l’ambiance définitivement sombre et entraînante de l’album, le résultat se veut néanmoins assez cohérent et bien maîtrisé. On retrouve ainsi l’énergie habituelle de ScHoolboy Q, le tout articulé autour de productions sombres qui participent amplement à la création d’une atmosphère toute particulière. Au final, c’est un album d’un très bon niveau que nous livre Groovy Q, sans pour autant être un nouveau classique, comme les fans pouvaient l’espérer avant la sortie.
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Run The Jewels – Run The Jewels 2
Ils avaient surpris la planète rap en 2012 avec leur première collaboration explosive dans R.A.P. Music, le dernier projet solo de Killer Mike. En 2013, ils avaient réitéré en se fusionnant tel Végéta et Sangoku pour former le duo Run The Jewels et sortir un projet du même nom. Pour finir, en 2014 ils sortent Run The Jewels 2 et démontrent probablement qu’il s’agit du meilleur duo actuel dans le monde du rap. Si l’on compte bien, cela fait donc trois ans que Killer Mike et El-P traumatisent notre planète rap par coups de Kaméhaméha à tout-va et par une certaine menace d’une Death Ball qui annihilerait toute chance de survie pour le reste des emcees. Vous l’avez compris, Run The Jewels revient de plus en plus fort chaque année grâce à des productions futuristes d’El-P accompagnées par les coups de massues que Killer Mike nous assène dans chaque couplet. En passant par Oh My Darling Don’t Cry, Close Your Eyes ou encore Love Again, rien n’est à jeter dans ce projet qui se range sans contester, comme ses précédents, dans les meilleurs de l’année.

Starlito – Black Sheep Don’t Grin
Deux semaines avant le réveillon de fin d’année, Black Sheep Don’t Grin fait son irruption dans le rap game. Et même avec sa sortie tardive, le cinquième projet de Starlito fait incontestablement partie des meilleurs de l’année car, lorsque le pote de Kevin Gates décide de sortir un projet, il a toujours l’avantage de ne pas décevoir la communauté rap. Impressionnant de par sa cohérence et son ambiance, ce dernier projet officiel du rappeur de Nashville a mis tout le monde d’accord. Fidèle à son flow nonchalant et à sa voix rocailleuse, l’artiste met en avant ses qualités et son charisme hors du commun pour nous délivrer treize pistes de très bonne facture. Mais ce qui fait aussi une des forces de cet album, c’est la capacité de Starlito à fusionner avec des instrumentales douceâtres et laid-back comme le démontrent les excellentes Bad Combination, Black Sheep Don’t Grin ou She Just Want The Money. Cette dernière piste étant sans doute le couronnement pour un opus réfléchi et paisible même si l’artiste sait aussi s’aventurer vers d’autres horizons comme le démontrent Don’t Do It ou Stop Runnin’ qui sont accompagnés de boucles de piano plus agressives. Cerise sur le gâteau, Lito avait anticipé le coup pour les non-rassasiés et a sorti le même jour un autre projet!

Jeezy – Seen It All: The Autobiography
Après la signature réussie de YG sur son label, on pouvait s’attendre à des productions de DJ Mustard sur ce nouvel album. Comme T.I., Jeezy aurait pu inviter certains des fleurons de la nouvelle scène trap, tel que Young Thug. Au lieu de ça, Young Jeezy n’est pas sorti de sa zone de confort pour Seen It All: The Autobiography. C’est ces mêmes productions claironnantes et ce rap grandiloquent, motivant autant la rue que le grand public, qui prédominent dans ce septième disque. A part August Alsina et No I.D. sur Fuck The World, on ne retrouve que des producteurs et des featurings avec qui Jeezy a déjà travaillé (Jay-Z, Akon, Future, Drumma Boy, Childish Major, etc.). En résulte un album très propre, travaillé et totalement maîtrisé.
Par Dimitri, Manu, Patrik et Kevin.