La lenteur d’Houston, les atmosphères sépulcrales de Memphis, le rap de club d’Atlanta: BeatKing, rappeur et producteur, a montré savoir embrasser tout ça en 2013 quand il a créé un genre à part, la gangsta stripper music, avec une mixtape du même nom, ou sur la remarquée Underground Cassette Tape Music avec Gangsta Boo. Après un EP et deux mixtapes l’année dernière, BeatKing rappelle par la sortie de ce nouvel album, Club God 4, être un des meilleurs représentants de ce Dirty South dont il reprend les codes, malgré une exposition relative.

Originaire d’Houston, BeatKing s’inscrit effectivement dans la tradition de la ville. On trouvera dans Club God 4 ces instrumentales lentes, ces voix ralenties tout comme une hymne à la boisson phare de la ville et l’apparition de certains de ses représentants (Lil Keke, Chamillionnaire, Paul Wall, RiFF RaFF ou Kirko Bangz). De manière plus générale, l’auto-proclamé Club God Zilla reprend les codes de tout le Dirty South. Ainsi, on retrouvera un peu de Memphis à travers les participations de Gangsta Boo ou les samples de son ex-groupe, la Three 6 Mafia, sur Tear Da Club God ou On These Hoez. La Nouvelle Orléans est également conviée à la fête dans BDA Remix, une reprise du Ha! de Juvenile, tandis qu’Atlanta sert de base à cette musique de club qui traverse tout le disque.

Car il n’est question que de cette gangsta stripper music tout au long de Club God 4. BeatKing loue une obsession au sexe féminin, aux acrobaties des strip-teaseuses, à leurs courbes tout comme à leurs prouesses au lit, le tout avec une posture macho et un rap bien actuel, ponctué de gimmicks et d’onomatopées, agrémenté de quelques chants. Aussi, le Club God Zilla sait faire preuve d’une certaine dose d’humour, augmentant ainsi le côté festif et superficiel de sa musique, comme le rappellent la pochette, une reprise des couvertures de certains contes pour enfants, ou l’interlude lors de laquelle il est enseigné comment faire l’amour.

Plus variée que ses précédentes mixtapes, pour preuves cette escapade EDM sur Show Me Sumin’ ou cette ballade presque entièrement chantée sur Temporary, et donc moins homogène, Club God 4 reste un travail extrêmement bien produit, en partie par un rappeur qui, par un choix judicieux de featurings et de l’humour, arrive à faire tenir sur la longueur une seule obsession. Si dans l’outro, BeatKing nous rappelle avoir gagné des fans avec Underground Cassette Tape Music et avoir une multitude de différents projets sous la main, il manque toutefois d’exposition, une fois sorti de son Texas natal. Et c’est dommage car chez BeatKing, comme dans ce Club God 4, il y a bien quelque chose de divin.

Par Dimitri.

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