Pour clôturer ce magnifique premier semestre qu’a connu le monde du hip-hop, les artistes ont anticipé la venue du soleil et du beau temps. En effet, une grosse partie de la côte Ouest a été active durant ce mois avec la sortie de l’album de Dom Kennedy, la monstrueuse performance de Jay Rock sur son dernier single, l’excellent album de Vince Staples mais aussi le bon projet du prometteur Boogie. De l’autre côté, plus au sud cette fois-ci, Fetty Wap prouve qu’il n’est pas qu’un seul « one-hit wonder », Migos fait du Migos et le jeune Skooly montre toute l’étendue de son talent sur sa dernière mixtape intitulée Blacc Jon Gotti. Bien sûr, la scène drill de Chicago est aussi présente avec des apparitions de Lil Bibby et Lil Reese.
1. Jay Rock – Money Trees Deuce [Prod. Flippa & JProof]
2. Vince Staples – Norf Norf [Prod. Clams Casino]
3. Meek Mill – R.I.C.O. (Feat. Drake) [Prod. Cubeatz & Vinylz]
4. Dom Kennedy – Fried Lobster (Feat. Bonic) [Prod. DJ Dahi]
5. Skooly – R.I.P. OG D [Prod. Dun Deal]
6. Denzel Curry – Delusional Shone (Feat. Twelve’Len) [Prod. Nick Leon]
7. Skeme – That Nigga (Feat Young Thug) [Prod. Alex Lustig]
8. Problem – Relapse [Prod. Harley Mac Beats]
9. Travi$ Scott – Antidote [Prod. Eastbound & WondaGurl]
10. Boogie – First Evergreen [Prod. Willie B]
11. Vince Staples – Like It Is [Prod. Brian Kidd, DJ Dahi & No I.D.]
12. Lil Bibby – You Ain’t Poppin (Remix) (Feat. Rico Richie) [Prod. 808 Mafia]
13. Migos – John Wick [Prod. Deko]
14. Skooly – Roccsan [Prod. Metro Boomin]
15. Pac Div – Roll The Dice [Prod. Swiff D]
16. Lil Reese – Seen Or Saw [Prod. JD On Tha Track]
17. Skeme – Find Out (Feat. Game) [Prod. Sean Momberger]
18. Fetty Wap – Boomin’ [Prod. Frenzybeatz]
19. Ty Dolla $ign – Blasé (Feat. Future & Rae Sremmurd) [Prod. DJ Spinz]
20. Game – 100 (Feat. Drake] [Prod. Cardo & Johnny Juliano]
En bonus : Travi$ Scott – 3500 (Feat. 2 Chainz & Future) [Prod. Allen Ritter, Mike Dean, Metro Boomin, Zaytoven & Mano]
On ne cesse de le répéter, l’année 2015 est grandiose. Les sorties de qualité se succèdent à un rythme effréné et il est donc difficile de tout retenir. Durant ce mois d’avril, Raekwon a fait son retour avec Fly International Luxurious Art, Yelawolf est revenu à ses premiers amours sur Love Story et Tyler, The Creator a sorti un album surprise. Curren$y a lui livré le troisième volet des Pilot Talk, Tech N9ne son quinzième album tandis que Young Thug, Audio Push et Bankroll Fresh ont sorti une mixtape. Si vous n’avez pas réussi à suivre le rythme du mois d’avril, vous trouverez donc dans ce top un bref résumé, bien que toujours incomplet (les absences de Project Pat, La Chat, L’Orange & Jeremiah Jae ou Oddissee tous auteurs de projets le mois dernier). Même à nous, 2015 nous donne du fil à retordre.
1. Vic Mensa – U Mad (Feat. Kanye West) [Prod. Charlie Heat, Kanye West, Mike Dean, Smoko Ono et Stefan]
2. A$AP Rocky – M’$ [Prod. Honorable C.N.O.T.E & Mike Dean]
3. Snoop Dogg – So Many Pros [Prod. Pharrell Williams]
4. Yelawolf – Best Friend (Feat. Eminem) [Prod. WillPower & Eminem]
5. Boogie – Oh My [Prod. Jahlil Beats]
6. Young Thug – Check [Prod. London’ On Da Track]
7. Bankroll Fresh – Everytime (Feat. Spodee & Street Money Red) [Prod. Fki]
8. Young Thug – Numbers [Prod. London’ On Da Track]
9. Audio Push – Reset [Prod. OZ]
10. Boosie Badazz – Retaliation [Prod. London’ On Da Track]
11. Duru Tha King – #Nomadic (Feat. Scotty ATL) [Prod. Joe Hodges]
12. Curren$y – Froze (Feat. RiFF RaFF) [Prod. Harry Fraud]
13. Nikko Lafré – 4 A.M. [Prod. K-BeatZ & Johnny Rain]
14. Tory Lanez – In For It [Prod. RL Grime]
15. Audio Push – Normally [Prod. Hit-Boy & Dot Do Genius]
16. Da$H – Mudd Walk [Prod. Metro Boomin’]
17. Curren$y – Life 2 Die For [Prod. Purpdogg]
18. Raekwon – I Got Money (Feat. A$AP Rocky) [Prod. S1]
19. Tyler, The Creator – Smuckers (Feat. Lil Wayne & Kanye West) [Prod. Tyler, The Creator]
20. Tech N9ne – Speedom (WWC2) (Feat. Eminem & Krizz Kaliko] [Prod. Seven]
En 2002, Lil Wayne intitulait son troisième album solo 500 Degreez, en réponse à la trahison de Juvenile qui venait de quitter Cash Money Records et pour déclarer qu’il était plus bouillant que son 400 Degreez sorti quatre ans plus tôt. Treize ans après, alors que Lil Wayne réclame des millions et menace de quitter ce même label, Young Thug, nouveau protégé de l’opportuniste Birdman, reprend de force le flambeau en sortant le sixième volet de la série Carter. Craignant une poursuite de Lil Wayne, il le renomme Barter 6 (aussi pour souligner son appartenance aux Bloods qui remplacent les lettres « C » par des « B »). Cet album, rapidement devenu mixtape, sonne autant comme un hommage que comme une attaque à Lil Wayne, impliquant peut-être un changement de dynastie. Barter 6 pourrait donc être un cap important.
Barter 6 commence là où s’était arrêté Tha Tour Part. 1. En effet, on retrouve London’ On ThaTrack, qui en était l’architecte principal,et Wheezy qui avait signé le seul Milk Marie. Sur cette nouvelle mixtape, les rôles s’échangent: London’ On Tha Track distille ses interventions, Wheezy prend les rênes mais cette ambiance de virée nocturne persiste. Dans cette atmosphère très classe tout en étant obscure, on retient quelques morceaux qui sortent du lot (l’entêtant Check, le magnifique Numbers ou le sombre Dome) et certains qui tirent le lot vers le bas (OD et son instrumentale qui s’efface devant la prestation de Young Thug, Amazing et son beat répugnant). La mixtape est bonne dans son ensemble mais peu de titres paraissent évidents au milieu de cette ambiance très travaillée. Malgré les bonnes apparitions de Duke, T.I. ou Yak Gotti, l’écoute de Barter 6 ressemble à la seule écoute d’un fou et de ses bizarreries, le tout sur de bonnes instrumentales qui peinent pourtant à marquer les esprits (la faute à Wheezy?).
Si Barter 6, mixtape pensée comme un album, n’est pas tout à fait le cap qu’on voulait que Young Thug franchisse, il ne faut pas oublier qu’il a fallu à Lil Wayne plusieurs années avant de devenir cet artiste global. Il a fallu également que Lil Wayne s’affranchisse du son de Mannie Fresh, après que ce dernier ait quitté le label, en rappant sur les instrumentales des autres comme sur les mixtapes Dedication ou en allant chercher d’autres producteurs sur Tha Carter II. Bien qu’on attende toujours Metro Thuggin’, son album en collaboration avec Metro Boomin’, Young Thug gagnerait peut être à diversifier ses producteurs, à chercher ailleurs qu’à Atlanta, afin d’élargir ses horizons, et donc de toucher d’autres publics, et de re-créer la surprise.
Outre certains extraits des projets qui ont marqué le mois de mars, To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, 56 Nights de Future, Ludaversal de Ludacris ou encore Pronto de Freddie Gibbs, vous retrouverez dans ces vingt titres l’assurance d’écouter d’excellentes choses dans les prochains mois. Denzel Curry est enfin sorti de son silence en publiant Envy Me, nouveau titre qui annonce son prochain double EP qui sortira le 26 mai. Snoop Dogg est revenu avec du soleil (et Pharrell Williams) pour Peaches N Cream, premiers single de BUSH, son treizième album. En outre, Yelawolf, Waka Flocka Flame et Lil Durk vont chacun sortir un album. En 2015, les mois se succèdent et les bonnes surprises font de même. Pourvu que ça dure.
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1. Future – March Madness [Prod. Tarantino]
2. Freddie Gibbs – Pronto [Prod. Mikhail & Pops]
3. Kendrick Lamar – King Kunta [Prod. Sounwave & Martin]
4. Denzel Curry – Envy Me [Prod. Ronny J]
5. Snoop Dogg – Peaches N Cream (Feat. Charlie Wilson) [Prod. Pharrell Williams]
6. Future – Trap Niggas [Prod. Southside]
7. Bodega Bamz – Bring Em Out (Feat. Flatbush Zombies) [Prod. V’Don]
8. Ludacris – Beast Mode [Prod. 1500 Or Nothin’]
9. Lupe Fiasco – Atomic Misphilosophy [Prod. 1500 Or Nothin’]
10. Yelawolf – Led Zeppelin Freestyle [Prod. Led Zeppelin]
11. Chinx – Dope House (Remix) (Feat. French Montana & Jadakiss) [Prod. Velous]
12. Beedie – Make A Wish (Feat. Wiz Khalifa) [Prod. Jay Card & Will Brown]
13. Flatbush Zombies – RedEye To Paris (Feat. Skepta) [Prod. Erick Arc Elliott]
14. Ludacris – Come And See Me (Feat. Big K.R.I.T.) [Prod. Mike Will Made It]
15. B. Wil – Ridin’ Sleath (Feat. Boosie Badazz)
16. Lil Durk – Like Me (Feat. Jeremih) [Prod. Boi-1da & Vinylz]
17. Scotty ATL – Keith Sweat (Feat. Big K.R.I.T., Goldy & London Jae) [Prod. DJ Burn One]
18. Ace Hood – 100 Foreva [Prod. Sonny Digital]
19. Waka Flocka Flame – Rotation (Feat. Future) [Prod. Southside]
20. Wiz Khalifa & Ty Dolla $ign – Post Up [Prod. Ty Dolla $ign]
Rae Sremmurd, duo du Mississippi, semblait arriver de nul part lorsque No Flex Zone, rapidement remixé par Nicki Minaj et Pusha T, est devenu un hit, se hissant à la 36ème place du Billboard Hot 100. Pourtant, les deux frères étaient réellement de vrais inconnus avant ce coup d’éclat. Alors qu’ils commencèrent en trio, sous le nom de Dem Outta State Boyz, Sway Lee et Slim Jimmy n’avaient sorti aucun projet, avant d’être présenté à Mike Will Made It. Deux morceaux plus tard, le duo, qui a repris le nom du label de Mike Will mais à l’envers, signe No Flex Zone, puis un tube encore plus grand, No Type, servant d’introduction à ce premier album, sorti début 2015.
Tout au long des 11 titres qui composent SremmLife, le duo nous prouve être totalement dans l’air du temps. Produits de leur époque ou bons opportunistes, Sway Lee et Slim Jimmy donnent dans un registre populaire. Ainsi, leur fascination tournera autour des beaux fessiers (Throw Sum Mo), des filles faciles (Come Get Her), des billets verts (My X), des belles sapes (Unlock The Swag) et autres biens luxueux, le tout avec une posture jeune, frôlant l’immaturité. Au niveau de la forme, les deux frères restent efficaces, sans rien montrer de bien saisissants; les invités (Big Sean, Young Thug et Jace du collectif Two-9) évoluent à quelques lieues au-dessus. Toutefois, et c’est tous là l’intérêt du projet, le duo excelle dans la science du refrain et du gimmick accrocheur.
Du minimaliste Throw Sum Mo, à l’aérien No Type, de loin le meilleur morceau de l’album, Mike Will Made It, qui produit la majorité de SremmLife, offre à ses protégés des instrumentales entre trap et pop. Même les trois productions de Sonny Digital, Honorable C.N.O.T.E. et Young Chop semblent pour le coup avoir ce quelque chose de séduisant, abandonnant un instant leur registre habituel. Ainsi, l’association de ces productions léchées, de l’énergie juvénile du duo et de leur rap accrocheur, souvent chanté, donne un ensemble très accessible.
Après sa brève tentative pop aux côtés de Miley Cyrus, il se pourrait que Mike Will Made It voit en Rae Sremmurd le moyen d’investir les charts. De leur nom à leurs textes, le duo donne en effet l’image d’un produit fabriqué. Pourtant, si l’efficacité en est le but, alors cet album est une vraie réussite. Splendidement produit, assez court pour éviter l’overdose et les temps morts, SremmLife ne contient presque que des tubes. A croire le duo ne sait faire que ça.
Du Nord au Sud, des Flatbush Zombies à Big K.R.I.T., cette playlist hautement subjective trace tout de même quelques grands traits de cette année 2014: la popularité de Young Thug, la quasi unanimité autour de Days Before Rodeo, les révélations Vince Staples ou Isaiah Rashad et un aperçu des producteurs de demain, comme Metro Boomin’ ou DJ Dahi. Aussi, cette playlist constitue la meilleure des introductions aux tops qui suivront sous peu. Bonne écoute!
HS87 – Grindin’ My Whole Life [Prod. Hit-Boy]
Travi$ Scott – Don’t Play (Feat. The 1975 & Big Sean) [Prod. Vinylz, Allen Ritter, Travi$ Scott & Kanye West]
T.I. – About The Money (Feat. Young Thug) [Prod. London On The Track]
De tous les mois de cette année, octobre a été le plus foisonnant. The Game, T.I., DJ Quik ou Run The Jewels se sont illustrés en livrant un album mais les plus jeunes, comme Vince Staples, Stalley, Logic ou encore Scotty ATL, ont également sorti des projets. Vous retrouverez certains de ces noms et d’autres comme Juicy J, Iamsu! ou Young Thug, toujours très productifs, dans notre top du mois. Bonne écoute!
Young Thug est l’homme de cette année. En plus d’avoir signé trois hits notoires, Danny Glover, Stoner puis Lifestyle, et d’avoir été un featuring obligatoire (Tyga, T.I., Travi$ Scott, Juicy J, 2 Chainz, etc.), l’ATLien a été très productif. En solo ou en collaboration avec Bloody Jay ou Gucci Mane, Thugga a sorti 5 mixtapes et une légion de morceaux inédits. Toutefois, toute cette spontanéité implique un lot de déchets impressionnant. Trois personnes pouvaient apporter un cadre à Young Thug et ainsi remédier à ces instants de folie non-maîtrisée: Metro Boomin’, avec qui il prépare Metro Thuggin’, Rich Homie Quan: on attend des deux un projet commun, et Birdman qui, toujours dans les bons coups, s’est récemment associé au jeune voyou. Alors, quand on a appris que les deux derniers cités se réunissaient avec Young Thug, nous étions en droit d’attendre une des mixtapes de l’année. Force est de constater que nous n’en sommes pas très loin.
Au niveau de la production, c’est principalement London On The Track, le producteur préféré de Thugga, Goose et Isaac Flame qui signent les instrumentales de cette mixtape. Ainsi, le tout est très cohérent, tout en beat mélodieux lorgnant vers la pop. Sur ces instrumentales, Young Thug avance en terrain connu; Tell Em (Lies), par exemple, est calqué sur le même modèle que Lifestyle. Par ailleurs, la présence de Birdman participe également à la cohérence de cette mixtape. Même si Rich Gang n’est en fait qu’une boîte de management, il a l’habitude de jouer le rôle de producteur exécutif sur tous les projets touchant de près ou de loin à Cash Money Records. Pour autant, Young Thug ne perd rien de son originalité. Dès cet excellent Givenchy, on retrouve ce débit imprévisible, cette voix bizarre, ce rap fait de cris et d’onomatopées et ce flow qui n’est là que pour accompagner la musicalité des instrumentales. Mal maîtrisées, ces caractéristiques peuvent donner des morceaux hasardeux, comme OMG qu’on peut retrouver sur la mixtape commune avec Gucci Mane, mais, bien apprivoisées par la cohérence de Tha Tour Part. 1 et la présence de Birdman, elles servent parfaitement le projet et en font de Young Thug son personnage central.
D’ailleurs, il brille tellement que ses deux compères apparaissent secondaires. Rich Homie Quan n’est pas pour autant inutile. Dans son registre moins mélodieux, il apporte une autre touche et complète parfaitement à Thugga par moment, comme sur Flava, Freestyle ou Tell ‘Em (Lies), décidément un des meilleurs titres de cette mixtape. Pourtant, l’originalité de Thug est telle que Rich Homie Quan ne semble être qu’un featuring, quelque fois de trop. Enfin, on pourrait également reprocher la direction trop pop et trop soignée des instrumentales. En effet, à part peut-être sur Throw Your Hood Up produite par Sonny Digital, on ne retrouve pas ces productions brutes qui frappent et qui caractérisent certains grands moments de Young Thug. Excellent, ce projet nous donne néanmoins deux nouvelles raisons de se réjouir, un peu plus, de Metro Thuggin’.
En écoutant notre top du mois de septembre, vous verrez que les prochains mois s’annoncent prometteurs. En effet, Logic, Big K.R.I.T., le vétéran DJ Quik, Rick Ross ou encore Scotty ATL se sont tous merveilleusement illustrés en dévoilant des extraits de leur futur album. 2 Chainz, Mike Will Made It ou encore Clockwork Indigo, l’association entre les Flatbush Zombies et les Underachievers, ont, quant à eux, annoncé leur retour aux affaires, sans préciser de date ou de format. Pour rester informés, vous pouvez jeter un œil sur cette page, mise à jour régulièrement. Bonne écoute!
Définitivement devenu une raillerie pour quelques uns et un vrai phénomène pour d’autres, Young Thug, de son vrai nom Jeffrey Williams, 21 ans, est devenu en l’espace de quelques temps un artiste attisant le maximum de curiosité et de discussions dans le milieu du rap. En effet, si vous suivez régulièrement le rap outre Atlantique, il est impossible que vous l’ayez raté. Aux côtés des Migos, Rich Homie Quan et Young Scooter, il incarne cette nouvelle génération de rappeurs qui émergent des quartiers d’Atlanta, représentant le renouveau d’une Trap Music lancée il y a désormais plus d’une décennie par des mastodontes du genre comme T.I. ou Young Jeezy. Lumière sur un artiste aussi excentrique que taré.
Comme l’atteste la trilogie de ses premières mixtapes intitulées I Came From Nothing, Young Thug attache beaucoup d’importance à ses origines et n’oublie pas le fait qu’il est parti de rien. Après avoir grandi dans le Jonesboro South d’Atlanta, sa jeune carrière est assez similaire à celle de ses camarades ; il se découvre une passion pour le hip-hop et apprend à écrire des rimes dès son plus jeune âge. S’ensuivent ses trois premières mixtapes citées ci-dessus. Déjà, sa personnalité et son style se font ressentir. Ses influences venant de Lil Wayne également. Déjà euphorique et expressif à cette période-là, le flow et le style de Thug se développeront avec le temps. En accentuant ses marmonnements et gémissements, il prend un malin plaisir à rendre son flow encore moins prévisible qu’il ne l’était auparavant.
Vient alors 2013, l’année de son explosion au sein du rap game. Après avoir signé sous le label de Gucci Mane, Jeffrey Williams décide de sortir la mixtape qui va changer sa vie ; 1017 Thug. S’ensuit un immense buzz autour de ce projet qui reçoit généralement des critiques positives. Que ça soit Pitchfork, Complex, Rolling Stones ou The Guardian, la plupart des journaux spécialisés la citent parmi les meilleurs mixtapes de l’année. Mais pourquoi un rappeur aussi excentrique que Thug, ayant une technique au micro assez faible et des paroles peu recherchées, se retrouve au centre de toutes les attentions ? Il se trouve que les qualités primordiales que l’on recherchait auparavant chez un emcee ont été complètement modifiées. Actuellement, des artistes comme Future, Migos ou Rich Homie Quan se retrouvent sur le devant de la scène d’Atlanta. Des artistes qui ne possèdent pas beaucoup de qualités au micro mais qui savent divertir les auditeurs par d’autres moyens.
On en revient donc à notre cher Thugga Thugga qui, avec des caractéristiques encore plus extravagantes que ses compères cités ci-dessus, pourrait exploser en tant que prochaine grande star du hip hop. Le tout est soigneusement mis au conditionnel car c’est un artiste qui possède des attributs peu stables. A la fois dépassant les fondamentaux du hip-hop, ce sont ses hurlements, ses jappements ou encore ses rafales de paroles, dans lesquelles les consonnes n’existent presque pas, qui feraient (ou font déjà) le succès de Young Thug. Utilisant régulièrement l’auto-tune, il prend un plaisir à disséquer des mots qui deviennent de simples signes de ponctuations pour les percussions. Comme l’attestent les Murder, Dead Fo Real, Keep In Touch ou Condo Music, l’artiste excelle dans ce domaine, à un point que tout ce qu’il dit se confond parfaitement avec l’ambiance du morceau.
« Ce que Young Thug apporte sur la table, alors, ce n’est pas seulement une étrange approche expérimentale pour rapper, mais aussi de la présence, de la personnalité, un côté mystique, et, éventuellement, un pouvoir de star.¹ »
Ces morceaux sont généralement produits pour toucher les clubs en gardant toujours des influences néo-Trap. Cependant, l’artiste étant polyvalent, il sait métamorphoser sa voix d’extraterrestre à un tout autre genre de production en passant par des humoristiques Picacho ou des pistes plus émotives comme Keep Going ou Miss U. Travaillant régulièrement sur des productions contenant des synthétiseurs, Young Thug sait s’entourer d’excellents producteurs, Metro Boomin’ par exemple, avec lequel un album collaboratif intitulé Metro Thuggin’ est prévu pour bientôt.
De plus, sa présence constante sur les réseaux sociaux lui permet de se distinguer également des autres artistes et de rester en contact continu avec ses fans. Mitraillant son compte Instagram de photos toujours aussi intrigantes les unes que les autres, l’artiste aime faire parler de lui. Arborant des piercings sur la bouche, des ongles vernis, une multitude de tatouages ainsi que des vêtements aux couleurs fluorescentes qui lui collent à la peau, le rappeur fait aussi parler beaucoup de gens sur sa sexualité.
Alors que le clip humoristique de Stoner est en train de tourner sur le net, Jeffrey a déjà sorti deux mixtapes collaboratives en ce début d’année ; Black Portland et Young Thugga Mane La Flare. L’un avec Bloody Jay et l’autre avec son mentor Gucci Mane. Il prépare également cet album avec Metro Boomin, son premier single The BLanguage étant déjà disponible sur la toile. Du côté solo, le titre de son premier album studio est déjà connu, et il rend hommage à son idole de toujours : Tha Carter VI.
Pour finir, lorsque l’on a dans notre entourage un certain Birdman, qui a réussi à le faire signer sur Rich Gang en tant que partenaire de management et bien sûr Gucci Mane, Thug n’a pas de quoi rougir. Actuellement, l’artiste se donne à cœur joie en enchaînant des concerts privés à plus de 10’000 dollars la prestation. Plutôt fructueux pour quelqu’un qui n’a pas encore réellement percé. Mais quand on sait que des artistes comme Future veulent à tout prix le signer sur leur label ou que Kanye West et Drake se lâchent lorsque Danny Glover, son dernier gros single, passe en boîte, on est plutôt optimiste quant à son avenir. Alors, Young Thug, flop or not ?
¹Chronique de I Came From Nothing 3 par David Drake sur Pitchfork.
Source : Article « Why Everyone Is Talking About Young Thug » de David Drake sur Complex.