Boosie Badazz sur le chemin de la rédemption

Comment un artiste, fraîchement sorti de prison (10 mars 2014), peut-il avoir conservé autant de buzz après cinq ans d’incarcération ? C’est la question que l’on se pose au sujet de Boosie Badazz. Alors que tout le monde le donnait « mort » lors de son retour dans un milieu qui se renouvelle de plus en plus vite, le rappeur, qui se faisait appeler anciennement Lil’ Boosie, n’a pas perdu ne serait-ce qu’une once de notoriété. Pire, c’est à se demander si l’artiste sudiste a engrangé plus de buzz qu’il en avait auparavant durant son long séjour derrière les barreaux. Enchaînant des featurings avec des artistes de renom, des interviews ou encore en étant actif sur les réseaux sociaux, Badazz est omniprésent. Retour sur une carrière prometteuse qui aurait pu (dû) tomber aux oubliettes.

Il y a maintenant une décennie, Lil’ Boosie venait de signer sur Trill Entertainment, label fondé par le regretté Pimp C. Son compère de longue date, Bun B voyait en Boosie l’un des dignes successeurs du groupe UGK. Certains osaient même le comparer à un certain Tupac pour ses textes entreprenants et narratifs qui transpiraient et illustraient à la perfection les vrais faits de la rue. Une cote de popularité qui ne cessait d’augmenter pour le natif de Bâton-Rouge en Louisiane. Il aurait pu devenir un mastodonte de l’univers rap si ses infractions ou problèmes avec la justice n’existaient pas.

Ainsi, c’est le 22 septembre 2009 que sa descente aux enfers commence, alors qu’il est condamné à deux ans de prison pour trafic de drogue et possession d’armes. Mais quelques mois plus tard, le juge décide de doubler sa sentence car il a violé sa probation. Pendant cette période-là, il était en maison d’arrêt avec un bracelet électronique. Mais le pire reste à venir. En juin 2010, il est présumé coupable du meurtre de Terry Boyd, 35 ans. Cet ancien prisonnier se fait tirer six fois dessus par un certain Marlo Mike, un soir d’octobre 2009 dans les rues de Bâton-Rouge. Ce Marlo Mike a affirmé avoir été payé par un certain Torrence Hatch pour commettre ce meurtre. Et le vrai nom de Lil’ Boosie est bel et bien Torrence Hatch. Par ailleurs, il se trouve également que ce Terry Boyd était un ancien rival de rue de l’artiste: plusieurs preuves lient Boosie Badazz à ce meurtre au premier degré. Cependant, il sera acquitté de cette charge en 2012.

C’est à ce moment-là que Boosie commence à connaître un gros regain de notoriété (même s’il ne l’a jamais réellement perdue). En effet, son entourage et son quartier commencent à fabriquer des affiches et des vêtements imprimés du slogan Free Boosie afin de les distribuer. Le slogan devient alors une mode et ne tarde pas à se répercuter sur les réseaux sociaux avec le hashtag #freeboosie. Il ne reste plus qu’aux artistes de participer au jeu et de le citer dans leurs propres morceaux. Des rappeurs comme Meek Mill, Lil Wayne, Gucci Mane, Game, Yo Gotti ou encore 2 Chainz n’hésitent pas à relancer la cause avec des « Free My Nigga Boosie » placés dans leurs textes. Le phénomène prend tellement d’ampleur que chaque actualité concernant Torrence Hatch se retrouve sur Internet quelques secondes plus tard. Influent ou pas, le rappeur est libéré de prison le 5 mars 2014 pour bonne conduite même s’il reste sous liberté conditionnelle jusqu’en 2018.

« The best things in life are free, free my nigga Boosie, gone » Lil Wayne dans Bitches and Bottles.

Dès sa sortie, Badazz est demandé de toutes parts pour poser quelques couplets. On le retrouve notamment sur l’EP de 2 Chainz où le rappeur de la Louisiane prouve qu’il n’a pas perdu une once de son agressivité. En effet, sur Wuda Cuda Shuda, Boosie ne se fait pas prier et délivre une prestation de choix en crachant toutes ses tripes sur le beat de Mike Will Made It. C’est ensuite sur le clip du remix de Cut Her Off, banger de l’été, que le « Realest Rapper » ramène ses chaînes dorées afin d’effectuer le premier couplet du morceau. Reléguant au second plan ses collègues, Boosie effectue un seize-mesures à la fois tonitruant et charismatique. Il confirme alors qu’il n’a rien perdu de son flow et de sa voix criarde tant excentrique qui lui permet de se démarquer des autres. A ce moment-là, on apprend alors que l’enfant des rues n’en est plus un car il décide de changer son pseudo en Boosie Badazz. Il participe, entre autres, à Face Down (de l’album de DJ Mustard) en effectuant un refrain accrocheur et un dernier couplet de bonne qualité. Mais c’est aussi sur le mielleux Beez Like (de Jeezy) ou l’énergique Nickel Rock (de Rick Ross) que Boosie a forgé sa réputation actuelle.

Enfin, pour couronner le tout, le natif de Bâton-Rouge sort sa première mixtape officielle depuis sa libération de prison le 30 octobre de cette année. Life After Deathrow en est le titre, ce qui pimente la comparaison avec 2Pac, notamment à cause des sujets traités dans leurs titres à propos de la rue et de leurs séjours passés en prison. Une mixtape de très bonne qualité qui ne fait que confirmer le retour au premier plan de l’idole de Bâton-Rouge (sorry Kevin Gates). Les productions sont excellentes et loin d’être dépassées (O Lord). Boosie, lui, est remarquable au micro et livre des prestations de qualité tout au long de l’opus. On ressent également ses années passées en cellules dans ses textes et cela en devient émotionnel (Streets On Fire).

Pour finir, Boosie Badazz a sorti plusieurs singles ces derniers temps (On That Level, Heart Of A Lion ou Walk Like A Man) pour promouvoir son prochain album studio intitulé Touchdown 2 Cause Hell. De plus, un trailer assez fort en émotion est également sorti où l’on voit des images de l’artiste avant de se faire emprisonner. On ne doute donc pas de la grosse attente placée sur l’album si on sait que le rappeur est considéré comme une idole dans les rues des Etats-Unis. Une idole qui est passée par plusieurs épreuves sans qu’aucune n’ait pu empêcher son retour. Alors, come-back de l’année ou pas ?

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