[Chronique] Yelawolf – Love Story

Épaulé par deux légendes, Eminem et DJ Paul, et bien qu’il ait collaboré avec les plus grands, de Gucci Mane à Raekwon en passant par Big Boi, Yelawolf semble pourtant courir constamment après la reconnaissance. Après une quatrième mixtape en 2010 qui attire la convoitise d’Interscope, il sort l’excellent Trunk Musik 0-60, signe dans la lignée sur Shady Records et apparaît parmi les Freshmen de 2011. Cette belle ascension fut stoppée nette après son premier album en major, un médiocre Radioactive sur lequel il n’a pas confirmé. Ensuite, Yelawolf s’est fait plus discret, malgré la sortie de projets avec Ed Sheeran, Travis Barker ou DJ Paul, et est revenu vers ses premiers amours, un rap baigné dans le rock et la country, comme le confirment les extraits de Love Story, son nouvel album qui pourrait bien lui permettre de s’imposer pour de bon.

En effet, Yelawolf est revenu dans un style plus personnel, premièrement en créant un univers entre rock et country, ses deux influences principales. Ainsi, on se retrouve, tout au long de Love Story, dans une atmosphère très sudiste, où les Chevrolets, le whisky et les bottes Lucchese sont à la mode, et où certaines instrumentales ne sont formées que par des guitares acoustiques (Ball and Chain (Interlude), Devil In My Veins, Have A Great Flight). La religion y est aussi importante, comme sur Best Friend ou Disappear dans lequel Yelawolf livre une longue prière en s’adressant à Jésus Christ comme si ce dernier était son père. Enfin, le tout est très mélodieux, Yelawolf poussant la chansonnette sur tous les titres. Au final, Love Story est un road trip à travers l’Alabama, une douce soirée d’été. A l’écoute de l’album, on est surpris de s’imaginer cheveux dans le vent parcourir cet Etat, en bonne compagnie (cet album est aussi une histoire d’amour), une guitare sur le siège arrière, un verre de whisky qui nous attend au bar.

Enfin, cet album est également plus personnel car Yelawolf n’y a pas invité n’importe qui comme sur son précédent disque. Love Story se résume à trois personnes : WillPower et Malay, qui produisent la majorité de l’album, créant cette homogénéité très plaisante, et Eminem, seul featuring, sur Best Friend. Toutefois, Marshall Mathers reste très présent sur ce disque, tant son influence est prédominante. Comme son mentor, Yelawolf possède cette propension à se livrer (le magnifique Till It’s Gone, Johnny Cash qui dépeint son rapport à la scène) et à flirter dangereusement avec la pop (American You, Heartbreak). Par instant, il rappe même avec une hargne et un flow incisif qui rappellent le Marshall Mathers des années 2000 (le premier couplet de Love Story ou le dernier d’Empty Bottles).

Alors qu’il signait en 2007 sur Columbia Records, Yelawolf quittait le label six mois plus tard, la queue entre les jambes. Trois ans après, il faisait partie des têtes d’affiches de la nouvelle scène et prenait sa revanche en signant sur Interscope. Après le décevant Radioactive, Love Story sonne également comme une revanche. Entre Garth Brooks et Eminem, rock, country et rap, Yelawolf y livre un album personnel, impeccablement rappé, chanté et produit, qui a tout d’un grand disque.

Par Dimitri.

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Les 25 meilleurs morceaux de Three 6 Mafia


Fondé en 1991 par DJ Paul, son demi-frère Lord Infamous et Juicy J, le groupe de Memphis, Backyard Posse, puis Triple Six Mafia, pour enfin se nommer Three 6 Mafia, a eu une trajectoire assez incroyable. Alors que le trio, rapidement rejoint par Crunchy Black, Gangsta Boo et Koopsta Knicca, a d’abord évolué dans les bas-fonds; il est, dès les années 2000, rentré dans le paysage mainstream du rap. De son univers morbide, la Three 6 Mafia est passée aux plateaux télévisés, avec leurs émissions de télé-réalité, a vendu plus de 5 millions d’albums aux Etats-Unis et a gagné un Oscar en 2006.

Surtout, le groupe à géométrie variable (à six, puis cinq membres dès 2000, la Three 6 Mafia ne comptait plus que DJ Paul et Juicy J en 2008) a eu une énorme influence sur le milieu du rap. Comme d’autres à Memphis, ils ont posé les bases du Crunk, popularisé plus tard par Lil Jon, avec leur rap crié à orientation club. Lord Infamous est l’un des créateurs du flow popularisé par Migos et que tous reprennent depuis bientôt deux ans. Enfin, en plus d’être avec OutKast, Eightball & MJG, UGK ou les Geto Boys des pionniers du Dirty South, la mafia aux trois 6 a inspiré toute une partie de la scène de Floride, celle de Denzel Curry, de SpaceGhostPurrp et son Raider Klan.

A la veille d’un nouvel album, Watch What U Wish, annoncé depuis la récente re-formation du groupe, cette fois sans Juicy J qui, lui, n’a plus quitté le gratin du milieu; nous avons sélectionnés, au sein de leurs 9 albums officiels, les 25 meilleurs morceaux afin de retracer l’histoire et l’influence de cette légendaire mafia.


chapter2-11.26.2013

25. Land Of The Lost

Même si des différends financiers ont divisé le groupe, Three 6 Mafia a toujours montré une certaine camaraderie par leurs posse cuts récurrents, dont Land Of The Lost qui n’a rien de l’échec cinématographique du même nom.


Mystic Stylez (1995)

24. Fuckin’ Wit Dis Click

« This flow comes from Drizzy, he got it from Migos, they got it from Three 6  » ; c’est par ces paroles, tirées de Trap Back, que 2 Chainz citait la Three 6 Mafia comme créateur du « Migos flow », cette manière de rapper rapidement et de manière saccadée. Dans le groupe de Memphis, personne n’a autant utilisé ce flow que Lord Infamous, décédé en décembre 2013 d’une crise cardiaque. Sur ce beat inquiétant et dès 3:28, vous aurez la preuve que, bien qu’ils l’aient popularisée, le trio d’Atlanta n’est pas à l’origine de cette manière de rapper.


Chapter 1 : The End (1996)

23. In-2-Deep

Three 6 Mafia a longtemps flirté avec le diable et l’imagerie morbide. Il n’était pas rare de voir Juicy J porter des t-shirts Iron Maiden, par exemple. Dans In-2-Deep, le groupe pousse le délire encore un peu plus loin, alors que suicide et pacte avec le diable sont évoqués lors du morceau.


Chapter 2 : World Domination (1997)

22. Hit A Muthafucka

Des cris, un beat énergique et six rappeurs qui poussent à vous battre, n’écoutez pas ce morceau avant un rendez-vous avec votre boss.


Mystic Stylez (1995)

21. Porno Movie

Mystic Stylez, leur premier album, est un manifeste du son de Memphis de l’époque et des délires Horrorcore rap. Les instrumentales sont suffocantes, lentes et lo-fi tandis que les paroles demeurent morbides et violentes. Si l’album est dans l’ensemble une grande agression sonore, trois morceaux apportent du répit à l’auditeur: Da Summa, All Or Nothin’ et Porno Movie. Pourtant, vous le verrez, le groupe n’en reste pas moins cru.


Da Unbreakables (2003)

20. Put Cha D. In Her Mouth

Le sexe, et plus précisément l’acte oral, a été un sujet prédominant dans la carrière du groupe de Memphis, de Porno Movie à I’d Rather en 2008, en passant par Put Cha D. In Her Mouth tiré de Da Unbreakables, album sorti en 2003 qui ne contenait presque que des bangers.


Chapter 1 : The End (1996)

19. Where’s Da Bud

S’il est vénéré par les fans de la Three 6 Mafia, Lord Infamous est très peu cité au-delà de ce cercle. Espérons que ce classement rétablisse une certaine justice: alors que parmi ces 25 morceaux, vous ne trouverez que des grands couplets du dénommé Scarecrow, voici un de ses solos et un grand classique du groupe, tiré de Chapter 1: The End.


Chapter 2 : World Domination (1997)

18. Neighborhood Hoe

Un sample de Jodeci, une Chevrolet et une casquette ajustée au millimètre: alors que DJ Paul se dit souvent être le « King Of Memphis », il était, le temps des 2 minutes de ce morceau, le Roi de tous les pimps.


Most Known Unknown (2005)

17. Side 2 Side (Remix) (Feat. Kanye West & Project Pat)

DJ Paul, Juicy J et Crunchy Black sont des gangsters, ils ne dansent pas mais bougent timidement leur corps d’un côté à l’autre. Pourtant, Crunchy Black est notamment connu pour être un digne représentant de la « gangsta walking « , une danse née de la Buck music, genre de rap local qui a explosé au début des années 90′ à Memphis. De ce Side 2 Side, il existe trois versions. C’est celle avec Kanye West, présente seulement dans la ré-édition de l’album, qui est indéniablement la plus remarquable, notamment grâce à cet excellent 8 mesures du Yeezus.


When the Smoke Clears: Sixty 6, Sixty 1 (2000)

16. Mafia Niggaz

Si vous pensez que Mike Will Made It, DJ Mustard ou Big K.R.I.T. en abusent, que direz-vous de Mafia Niggaz et ses 104 « Yeah Hoe! »? C’est d’ailleurs ce morceau que les trois producteurs précédemment cités ont samplé, énième preuve de l’influence du groupe de Memphis.


Choices : The Album (2001)

15. Baby Mama (Feat. La Chat)

Jouer les players, coucher à tout va, il fallait bien que Juicy J se fasse avoir. Dans Baby Mama, il est traîné au tribunal par La Chat, qui remplaça Gangsta Boo après son départ, pour qu’il paye une pension alimentaire. Sortez couvert, Juicy J ne vous le dira pas deux fois.


Da Unbreakables (2003)

14. Bin Laden

Ne vous méprenez pas, la mafia de Memphis ne fera jamais un morceau engagé. Ici, c’est d’une variété de chanvre qu’ils ont découvert à Chicago dont nous fait part le groupe.


Choices : The Album (2001)

13. 2 Way Freak (Feat. La Chat)

Des bruits de beeper rythment 2 Way Freak, tiré de la B.O. de Choices, le film qu’ils ont sorti en 2001. En 13 ans, la technologie a bien changé mais le morceau n’a pas pris une ride.


Mystic Stylez (1995)

12. Da Summa

Comme Porno Movie, Da Summa fait partie des morceaux les plus accessibles de Mystic Stylez. Basé sur un sample (grillé) de Rick James, Da Summa fut, selon Juicy J, le premier morceau de la Three 6 Mafia à être joué par les radios locales, pour son caractère laid-back, groovy et presque nostalgique.


Da Unbreakables (2003)

11. Ridin’ Spinners (Feat. Lil’ Flip)

Utilisés à tort et à travers ces dernières années, les « SKRRT « , onomatopées imitant le bruit d’un freinage d’urgence, ne datent pas d’hier. Dans Ridin’ Spinners, troisième single de Da Unbreakables, DJ Paul, Juicy J, Crunchy Black, Lord Infamous et un Lil’ Flip en grande forme en abusent, afin de nous expliquer comment leurs jantes continuent de tourner même à l’arrêt. Si Lil Wayne a déjà fait usage de cet ad-lib en 1999 dans le morceau Loud Pipes (de l’album Tha Block Is Hot), preuve d’une existence plus ancienne, nul doute que Three 6 Mafia a aidé à le populariser, surtout auprès d’un certain Tity Boi présent dans le clip de cette même chanson.


When the Smoke Clears: Sixty 6, Sixty 1 (2000)

10. Who Run It

Sock It 2 Me de Missy Elliott, sorti en 1997 (tiré de l’album Supa Dupa Fly), et Who Run It partagent le même sample, celui de Ready Or Not Here I Come (Can’t Hide From Love) des Delfonics. Alors que l’instrumentale de Timbaland se veut lente, celle produit par DJ Paul et Juicy J est plus rapide, notamment grâce aux hi-hats qui donnent plus de rythme, pour un résultat, vous le verrez, proche de l’hymne de tous les combats.


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9. Tear Da Club Up 97′

Des morceaux pour se battre en club, la mafia aux trois 6 en a fait des dizaines. Pourtant, aucun ne fut autant emblématique que Tear Da Club Up. Le morceau a d’ailleurs tellement compté dans la carrière du groupe qu’il a traversé les années. Enregistré en 1991, après que DJ Paul ait imaginé le morceau dans un McDonald’s de l’Elvis Presley Boulevard, Tear Da Club Up se retrouvera dans Mystic Stylez, leur premier album, avant d’être repris, en 1997 alors que le groupe venait de signer leur deal avec Relativity. Deux ans plus tard, Juicy J, DJ Paul et Lord Infamous formeront les Tear Da Club Thugs le temps d’un unique album, CrazyNDaLazDayz.


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8. Hard Out Here For A Pimp (Feat. Paula Campbell)

Ce fameux 5 mars 2006, lors de la 78ème cérémonie des Oscars, même George Clooney aura été remercié par DJ Paul et son excellente élocution. Déferlante de baggys, de bling-bling et d’excitation, la mafia aux trois 6 sera rentrée dans la légende, pour avoir été le premier groupe de rap à faire un live aux Oscars ainsi que pour être, après Eminem, les deuxièmes artistes rap à remporter le prix de la meilleure chanson originale (et donc également le premier groupe rap). Ce morceau sera inclus dans la ré-édition de Most Known Unknown en 2006.


Three 6 Mafia - Doe Boy Fresh CDS (2007)

7. Doe Boy Fresh (Feat. Chamillionaire)

Alors qu’il devait être le premier single de Last 2 Walk, neuvième album de la Triple Six Mafia, alors composée seulement de Juicy J et DJ Paul, Doe Boy Fresh ne se trouvera finalement pas dans l’opus. Leaké un mois avant sa sortie officielle, il sortira en janvier 2007 tandis que l’album ne verra le jour qu’en juin 2008. Le paradoxe de ce neuvième album, où l’on retrouve autant Al Kapone qu’Akon et Good Charlotte, c’est que son meilleur morceau ne s’y trouve pas.


Chapter 2 : World Domination (1997)

6. Who Got Dem 9’s (Feat. Project Pat)

Project Pat, frère de Juicy J, a toujours gravité autour du groupe de Memphis. Il est en featuring sur tous leurs albums, à l’exception du premier et du septième, Choices II: The Setup. Même si ce morceau n’est pas le plus représentatif des qualités du MC, Who Got Dem 9’s est une de leurs meilleures collaborations.


Chapter 1 : The End (1996)

5. Late Night Tip

DJ Paul et Juicy J ont assuré la production de tous les albums du groupe. Si vous doutez encore de leur talent, écoutez comment, sur Late Night Tip, ils transforment le hit de Lisa Fischer, How Can I Ease The Pain, en morceau démoniaque, juste en ajoutant des notes de piano. Brillant, le morceau sera d’ailleurs repris, avec In-2-Deep, dans leur troisième album, Chapter 2: World Domination.


When the Smoke Clears: Sixty 6, Sixty 1 (2000)

4. Sippin’ On Some Sizzurp (Feat. UGK & Project Pat)

Certes, pour rentrer dans le paysage mainstream du rap, la Three 6 Mafia a été obligée de mettre du syrup dans son vin. Sippin’ On Some Sizzurp, justement, est une de ces tentatives de séduction les plus flagrantes. Surfant sur la vague du Dirty South en mettant en avant un produit largement populaire dans ces Etats, le groupe de Memphis adoucissait également sa production afin que ce morceau soit plus accessible. Enfin, ils avaient invité Bun B et Pimp C qui avaient alors le vent en poupe avec leur collaboration avec Jay-Z. Tout était réuni pour que ce single fasse mouche. Plus que ça, le morceau est devenu un vrai classique.


Da Unbreakables (2003)

3. Like A Pimp (Remix) (Feat. Pimp C & Project Pat)

Les pimps sont une institution à Memphis. Eightball & MJG, Playa GTela, Kingpin Skinny Pimp, tous ont porté haut les couleurs du sexisme, de la flamboyance et de la vantardise. Accompagné d’un autre grand pimp, la Three 6 Mafia sortait, en 2003, une hymne au genre.


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2. Stay Fly (Feat. Young Buck, Eightball & MJG)

DJ Paul et Juicy J avaient déjà samplé des centaines de fois Willie Hutch. Parler de drogue était une habitude pour eux. Pourtant, vendu à plus de 2 millions d’exemplaires et ayant atteint la 8ème place du Billboard Hot 100, Stay High est le single de la Triple Six Mafia qui a rencontré le plus de succès. Rapidement transformé en Stay Fly, afin de pouvoir être diffusé, ce morceau est plus lumineux que leurs anciens singles. Rajoutez à cela ce refrain répétitif et saccadé et vous trouverez sûrement la formule gagnante de ce hit.


Chapter 2 : World Domination (1997)

1. Motivated

Dans la discographie de Three 6 Mafia, Motivated fait office d’intrus. Ici, pas d’ode à la drogue ou d’instrumentale scupturale; le discours se veut encourageant, le tout sur un beat très instrumental, presque classe. Le soir de leur victoire à la cérémonie des Oscars, Motivated devait certainement résonner dans un coin de leur tête.


Par Dimitri. 

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