Chaque année c’est la même chose, le fait d’être étudiant est un inconvénient pendant les examens estivaux. En effet, une majeure partie des sorties rap se passe pendant cette période-là. Alors oui, on a quand même bien pu écouter les projets de quelques artistes en révisant la comptabilité ou le marketing, mais rien n’a vraiment été rapporté sur le site. Alors Hip Hop State Of Mind a pensé à toi et te dresse une liste des meilleurs albums studios US sortis dans le courant avril-juin. Et oui, il y a eu de jolies pépites qu’il ne fallait en aucun cas rater.
Boosie Badazz – Touchdown 2 Cause Hell
Il n’y a pas longtemps, nous avions déjà effectué un article sur le mauvais garçon de Baton Rouge dès sa sortie de prison. Nous lui avons prédit du succès et un album studio réussi courant 2015 et c’est chose faite. Cinq ans après, Incarcerated, son dernier projet officiel datant de 2010, l’homme qui se fait désormais appeler Boosie Badazz (anciennement Lil’ Boosie), nous délivre sur son nouvel album toutes ses souffrances endurées ces dernières années derrière les barreaux. Un projet transpirant le coin des rues de A à Z bien aidé par des productions très bien menées par des experts de la trap comme Mouse On Tha Track, J Reid et le très courtisé London On Da Track. Fidèle à sa street-credibility et à sa voix extravagante, Boosie nous offre des morceaux énergiques et souvent accompagnés de boucles de piano comme les puissants Retaliation, Hip Hop Hooray (avec son fidèle lieutenant Webbie) ou encore On Deck accompagné de Young Thug. Cependant, le rappeur de la Louisiane pense toujours à sa gente féminine, et sur la deuxième moitié de Touchdown 2 Cause Hell, l’ambiance descend d’un cran et les productions s’avèrent être plus soft et paisibles. Mention spéciale à Spoil You ou encore Black Heaven (où J.Cole figure comme invité surprise). Par contre, avec 19 morceaux à son actif, l’album aurait été de meilleure qualité si quelques titres avaient été dispensés de la tracklist finale. Mais après un retour tonitruant avec sa mixtape Life After Deathrow et maintenant ce projet officiel, le rappeur de la Louisiane a déjà bien reconquis son public, même s’il ne l’avait réellement jamais perdu.
Dom Kennedy – By Dom Kennedy
Ah sacré Dom, qu’est-ce que tu nous avais manqué. Get Home Safely paraissait déjà bien loin alors qu’il ne date que de 2013. Mais bon, quand on a un flow aussi flegmatique que le tien et qu’on est aussi attaché aux mélodies de la côte Ouest, il est difficile de te trouver un remplaçant, voire un rappeur officiant d’intérim. Mais voilà, tu es revenu avec By Dom Kennedy. Certes, tu aurais pu trouver mieux comme titre d’album, mais ce problème est vite résolu lorsque l’on commence l’écoute de ton nouveau projet. Des ambiances comme toujours très estivales, une gestion de l’album toujours aussi simple mais compacte et grandement menée. Tous ces ingrédients qui donnent au final un opus que l’on pourra écouter sans soucis et sans prise de tête pendant tout cet été au bord de la plage ou dans sa voiture. Bien qu’il ait produit un des projets de l’année, Kendrick a un peu oublié ses racines californiennes, mais toi non. Et on te remercie. D’ailleurs, il faudra toujours nous expliquer comment tu fais pour sortir des hits estivaux comme Fried Lobster, parce que là… ça frise le ridicule pour tes autres concurrents. Ah, j’allais oublier, bien que fervent de la côte est, Biggie aura sûrement apprécié le petit hommage sur Thank You Biggie. Reviens vite Dom. Reviens vite.
Dizzy Wright – The Growing Process
Passé inaperçu et ayant un peu déçu depuis sa nomination dans la liste XXL Magazine des Freshman Class 2013, Dizzy Wright a enfin démontré qu’il méritait cette place avec son deuxième album solo intitulé The Growing Process. Plus mature et plus impliqué, le natif de Las Vegas n’a pourtant pas trop changé son style. Fidèle à une vibe toujours aussi paisible et décontractée, le rappeur à réussi à nous imprégner dans l’ambiance de son album qui, il faut le dire, ne contient aucun déchet. Il est accompagné par son mentor et « oncle » de toujours qu’est nul autre que Layzie Bone, éternel membre du groupe légendaire des Bone-Thugs-n-Harmony mais aussi par Krayzie Bone qui vient prêter sa plume sur le très planant Don’t Ever Forget, hymne à la fumette. Que ça soit sur la poignante dédicace qu’il fait à sa fille (Daddy Daughter Relationship), sur le magnifique morceau où il est accompagné de Big K.R.I.T et Tech N9ne (God Bless America) ou encore sur l’hommage qu’il fait à Me Against The World (2Pac) et à In A Major Way (E-40) sur Train Your Mind, on ne s’ennuie pas lors de l’écoute entière de l’album. Mais l’homme qui a les mêmes yeux que Wiz Khalifa démontre aussi qu’il est à l’aise dans d’autres domaines avec des morceaux plus « turnt-up » comme le très réussi Floyd Money Mayweather. Son point fort, sans aucun doute sa capacité à bien choisir des hooks accrocheurs mais surtout son habilité à aborder des sujets d’actualité tout en restant technique et polyvalent derrière le micro.
Denzel Curry – 32 Zel/Planet Shrooms
Avec ce double EP à quatorze titres, Denzel Curry fait suite à Nostalgic 64, album qui lui avait permis de se faire connaître auprès du grand public. Dans ce nouveau projet, Denzel reprend les mêmes recettes qui ont fait croître sa notoriété. C’est-à-dire un rap funèbre, très sombre, des paroles morbides et une ambiance lugubre voire menaçante qui nous accompagne chaleureusement du début à la fin de l’album. Comme à son habitude, le meilleur ami de Dark Vador fait souvent référence à des films dans ses textes en n’hésitant pas à jouer avec des métaphores comme par exemple sur Envy Me :
Take down the empire bruh / In the hood just robin like William’s / Lets hope that they’ll never doubtfire
On retrouve cependant quelques morceaux moins obscurs sur cet opus comme le superbe Delusional Shone où le natif de Carol City (Floride), offre une prestation énergique sur une production remplie de synthés qui s’apparente à un style plus trap et sudiste. Hors de son domaine, Curry prouve qu’il peut aussi se divertir dans d’autres milieux avec un refrain plus joyeux et chanté. La fin du morceau est une instrumentale différente à celle du début qui nous fait partir sur un trip assez schizophrénique. Schizophrénique, tel est aussi l’adjectif qui pourrait qualifier ce projet. Comme le précédent de Curry d’ailleurs. Les productions ne sont pas seulement sombre et glauques, mais on ne serait pas surpris que le producteur aurait été sous l’emprise de stupéfiants lors de la réalisation des instrumentales qui, par ailleurs, réussissent très bien au style du rappeur. Un projet complet de bout en bout qui, comme son précédent, n’est pas accessible à tout le monde. Cependant, Curry reste fidèle à son style et devrait ravir ses fans avec ce double EP.
A$AP Rocky – At.Long.Last.A$AP
Ben oui, il fait partie de cette mini-cuvée pré-estivale et ne nous a en aucun cas échappé. Malheureusement, sorti pendant la période intensive des examens, l’album sophomore d’A$AP Rocky n’a pas eu le droit à sa chronique complète. Alors pour nous pardonner, il figure dans cette liste. Un album qui suit apparemment la même lignée que son précédent, mais pas complètement. En effet, Lord Pretty Flacko apparaît plus sérieux et introspectif dans A.L.L.A. en majeure partie dû à la perte d’A$AP Yams son ami de toujours et le créateur d’A$AP Mob. Plus réussi, plus mature et plus innovant que son premier opus, on retrouve des morceaux diversifiés mais qui sont homogènes les uns par rapport aux autres. Un projet qui passe par plusieurs ambiances, l’originalité d’un L$D mi-rappé et mi-chanté qui nous amène dans un énième univers créé par Flacko. Ou encore l’ode dédiée à Max B dans le morceau avec le titre éponyme qui est magnifiquement géré par A$AP et le surprenant Joe Fox au refrain, inconnu au bataillon jusqu’ici. Plusieurs atmosphères différentes qui permettent au natif de Harlem de livrer cette année un album géré de bout en bout, à sa sauce avec aucun déchet. Mention spéciale au come-back du toujours tant attendu Mos Def sur Back Home concluant un album qui pourrait prétendre être l’un des meilleurs de cette année 2015 très prolifique.
Kevin