Du haut de ses 21 ans, Geule Blansh n’a sorti que très peu de morceaux. Pourtant, le rappeur genevois pourrait bien être l’un des rares suisses à percer dans le milieu. C’est en tout cas ce que laisse penser le succès de J’raconte, une vidéo qui comptabilise plus de 130’000 vues sur YouTube, ou le fait qu’il soit le seul suisse à avoir été présent sur Marche Arrière du Gouffre, en 2013, sur lequel se trouvaient Busta Flex, Nekfeu, Niro ou Mac Kregor. Alors qu’il prépare la sortie de son album, nous l’avons rencontré afin de parler de ce qui l’a poussé à rapper, de ses influences, de ce premier album attendu et du succès. Rencontre avec le futur. 

Mesh Photography

Hip Hop State Of Mind: Pour commencer, on aimerait que tu reviennes sur tes débuts, sur ce qui t’a donné envie de rapper…

Geule Blansh: En fait, à la base, je n’étais pas trop dans le rap mais j’avais un grand-frère qui en écoutait beaucoup. Mon père était aussi énormément dans la musique. J’écoutais beaucoup de musique mais peu de rap. Ensuite, mon frère me faisait écouter quelques morceaux et, comme on est toujours fasciné par le grand-frère, j’ai fait pareil. Et puis, je me suis dit : « pourquoi pas moi?« . J’ai commencé à gratter des trucs dans ma chambre. Je ne pensais à rien, même pas à faire écouter aux potes, j’écrivais juste.

HHSOM: Et au niveau des influences, quels sont les artistes qui t’ont marqué?

Geule Blansh: La Scred Connexion. Au début, j’écoutais des morceaux de la Scred et j’écrivais par-dessus, carrément. C’était aussi à l’époque où les singles sortaient, avec le morceau accompagné d’une Face B. J’avais un vieux natel à l’époque, je mettais les Face B des singles de 50 Cent, In Da Club par exemple, ou Fat Joe aussi, Lean Back (Rires). Je rappais dessus et j’enregistrais comme ça. Je faisais écouter aux potes, ils se foutaient de ma gueule mais c’était drôle. J’ai jamais lâché pourtant…

HHSOM: Au niveau suisse, il y a des artistes qui t’ont influencé?

Geule Blansh: Beaucoup, Marekage Street, Basengo, Cenzino, Sentin’L, M-Atom, Le Duo. Il y en a trop à citer. J’ai écouté beaucoup de rap genevois. J’allais au Tabac La Bohème, j’achetais toujours des CDs là-bas pour découvrir ce qui se faisait. Mais je pense que Marécage Street sont ceux qui m’ont le plus influencé.

HHSOM: Pourquoi ce blaze « Geule Blansh »? 

Geule Blansh: Quand j’étais petit, à l’école primaire, juste après les vacances d’été, j’étais quasiment le seul de ma classe qui n’était pas parti en vacances, qui était resté à Genève. Ils sont tous revenus bronzés. Je me rappelle d’un camarade qui m’avait vanné sur le fait que j’étais plus blanc qu’eux (Rires). Quand j’ai commencé à écrire, je pensais aux chances que je n’ai pas eues par rapport à d’autres et cette vanne symbolisait cela.

HHSOM: Et pourquoi cette orthographe particulière?

Geule Blansh: Pour l’orthographe, je vous le dis direct, c’est parce que j’étais nul en orthographe. Le « Blansh », avec le « sh » à la fin, c’était fait exprès, ça donnait un truc. Mais « Geule », j’étais persuadé à l’époque de l’écrire juste (Rires). Après, c’est resté.

HHSOM: Sinon, on a entendu dire que ton premier album arriverait en 2015? Qu’est ce que tu peux nous dire sur ce disque?

Geule Blansh: Il va sortir en 2015, maintenant je marche avec le label Sans Censure Prod. Je suis à fond avec eux. Là, j’ai quelques textes que je dois finir mais, pour la majorité, on va ré-enregistrer des titres déjà écrits et faire ça « carré ». C’est dans la finition et il ne restera que de l’enregistrement.

HHSOM: Justement, tu peux nous parler de Sans Censure Prod.? Tu as signé récemment avec eux?

Geule Blansh: Oui, c’est des amis de longue date. C’est mon pote, 1’Sang’C, avec qui je suis depuis longtemps, qui a monté ce label. Sans me vanter, j’ai eu plein d’autres propositions de gens qui voulaient me signer mais ça me semblait évident de continuer avec des personnes avec qui je suis depuis le départ. Même s’il y a moins de moyens, je m’en fous. C’est juste important pour moi d’être avec des personnes vraies et avec qui je me sens à l’aise. 1’Sang’C, il était là depuis le départ, quand j’étais dans la merde, quand je ne faisais rien. Pour moi, c’est donc logique de rouler avec eux. Et je leur dois énormément. Si je continue à écrire, c’est grâce à eux.

HHSOM: Pour revenir à l’album, est-ce que tu peux déjà nous dire quels featurings il y aura?

Geule Blansh: Il y aura peu de featurings, je pense. C’est justement ce que je suis en train de regarder en ce moment. J’ai pas mal de featurings déjà enregistrés mais, en même temps, je me dis qu’un album, c’est vraiment personnel. Du coup, je préfère peut-être mettre moins de featurings, mais que ça soit des connexions réfléchies. Dans tous les cas, ça sera un album familial, avec des personnes de mon entourage.

HHSOM: Est-ce que tu vas privilégier un format court?

Geule Blansh: Non, ça sera plus aux alentours de 17 titres, minimum. Pour l’instant, c’est ce que j’ai dans mon optique mais ça peut varier. Trois-quatre featurings et des solos pour le reste.

HHSOM: Et est-ce que tu as un titre pour cet album?

Geule Blansh: Non, pas encore. Ça se décidera sur le tas.

HHSOM: Par rapport à la production, qui peut-on espérer retrouver?

Geule Blansh: Ça varie, il y a du Mani Deïz, du Metronom, du Celloprod, sûrement le meilleur en Suisse, selon moi. Il y en aura pour tous les goûts, je ne vais pas m’enfermer dans un style. Je vais tenter des nouvelles choses comme des instrumentales plus actuelles, des choses qui varient. J’aime tout, du coup, je me verrais poser sur tout, il faut juste que ça me parle. Tu peux me mettre un production à l’ancienne, je peux ne pas aimer, comme tu peux me proposer de la trap, s’il y a un truc dedans, je préférerais la trap à l’autre. C’est comme la musique que j’écoute. Tu peux me mettre du Kaaris, si je vais en soirée, je vais préférer ça à du son qui va te faire déprimer.

HHSOM: Sinon, on aimerait parler de ton collectif, le 13 Sarkastick. Tu as des projets de prévus avec eux?

Geule Blansh: Le 13 Sarkastick, c’est avant tout un groupe de potes. On a jamais commencé à faire des projets ensemble. Ça va se faire c’est sûr mais pas dans la précipitation. On a fait peu de morceaux ensemble malgré le fait qu’on soit souvent ensemble.

HHSOM: Sur J’raconte, tu dis : « j’suis personne dans le rap genevois ». En même temps, ce titre a plus de 130’000 vues sur YouTube. Est-ce que tu sens une certaine forme de succès? Et pourquoi cette phrase malgré ce succès?

Geule Blansh: Quand je vois le nombre de vues, je ne peux pas le nier. En plus, j’ai pas mal de gens qui me contactent. Mais je reste personne dans le rap genevois car je ne suis pas meilleur qu’un autre. Sur YouTube, un chat qui vomit aura plus de vues qu’un gars qui écrit une chanson en six ans et qui mettra tous ses sentiments dans ce morceau. Je suis content mais n’importe qui peut débarquer et faire mieux. Et j’ai beaucoup de respect pour les anciens qui ont sorti plusieurs albums, qui ont fait des concerts partout. Moi, je débarque avec un clip, j’ai rien fait. Même pas une mixtape, seulement deux-trois sons.

HHSOM: Est-ce que tu te vois faire vivre la scène de Genève ensuite?

Geule Blansh: C’est clair. Si j’ai l’occasion, je vais pas cracher dessus. C’est mon rêve, depuis tout petit, je veux faire de la musique. Là, c’est un rêve qui se réalise. Je fais des concerts en France, à Paris, en Belgique, ça tue! Que demander de plus? Je kiffe déjà maintenant alors que je n’ai pas sorti d’album. Quand il va sortir, je me dis que j’aurai encore plus de concerts et donc que je vais pouvoir encore plus kiffer. Après, ça va me donner de la force pour la suite, je pense que c’est une suite logique qui va se faire. Je me lance pas trop parce que, depuis que j’ai commencé, on me dit que tu ne peux pas vivre du rap à Genève. On va pas se le cacher, en Suisse, le seul qui vit de sa musique, c’est Stress. Il fait même des pubs. Tant mieux pour lui, s’il fait ce qu’il aime, je ne vais pas critiquer. C’est clair qu’à Genève, c’est difficile de s’en sortir, il y a jamais vraiment personne qui a percé. J’ai du mal à voir l’image que ça soit moi.

HHSOM: Tu serais prêt à saisir cette chance?

Geule Blansh: Oui, si j’ai cette chance là, c’est sûr. Qui n’a jamais rêvé de faire ce qu’il aime? Franchement?

Propos recueillis par Loïck et Dimitri.

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